Développement du salariat en Afrique
Par Afrique Avenir
Pour
la première fois, le rapport mondial sur les salaires du Bureau
International du Travail ouvre ses pages à l’Afrique. De
nombreuses analyses viennent éclairer sous un jour nouveau les
questions de l’emploi sur le continent africain. Combien le
continent compte- t- il de salariés ? Combien gagnent- ils ? Est-
on mieux rémunéré en Afrique francophone ou en Afrique
anglophone ? Les femmes et les hommes sont- ils traités sur un pied
d’égalité ? Les réponses apportées par le rapport 2010- 2011
du BIT recèlent des surprises mais montrent aussi l’évolution du
continent africain dans sa marche vers le développement.
Cent millions de salariés africains
Première
surprise qui vient contrecarrer l’idée que le salariat était
réservé à une élite travaillant dans le secteur public : le
continent compte 100 millions de salariés. Soit un Africain sur
dix. Sur une population totale qui dépasse le milliard
d’habitants, l’Afrique compte 550 millions de personnes en âge de
travailler (de 15 à 64 ans). Parmi elles, 360 millions ont
effectivement un emploi : 100 millions sont des salariés, les
autres sont des travailleurs indépendants, dans l’informel et
surtout dans l’agriculture.
Des salaires en hausse
Si
les salariés africains ont été affectés par la crise et que leur
salaires n’ont pas vraiment augmenté durant la crise, la hausse
des salaires a été pourtant de 16% sur la décennie écoulée et les
rémunérations des salariés africains devraient encore
progresser en 2011 grâce aux bonnes perspectives de croissance
annoncées par le FMI.
Cette
progression s’explique par la hausse soutenue de la
productivité du travail, condition nécessaire à
l’augmentation du nombre d’emplois et du niveau des salaires. La
part du PIB par salarié est passée de 4 269 dollars en 2000 à 5 037
dollars en 2009 au sud du Sahara. Sur la même période, la part du
salariat parmi les personnes qui ont un emploi a crû de 18 % à plus
de 25 %. L’écart est colossal avec le Maghreb, où le niveau réel de
production par salarié est considérablement plus élevé (16 182
dollars par an), et où 54 % des détenteurs d’un emploi sont
salariés, contre 46 % en 1998.
Des disparités entre pays
Le
salariat représente moins de 10% des personnes exerçant un
emploi au Burkina Faso ou au Mali. Le chiffre grimpe à plus de 17 %
au Sénégal et au Cameroun pour s’envoler dans les pays
anglophones : Botswana (60,5 %), Namibie (72,9 %) et Afrique du
Sud (82,3 %).
Les
pays qui ont des économies très diversifiées, comme le Cap- Vert,
le Kenya ou la Namibie, en comptent davantage que les autres. C’est
vrai aussi pour ceux qui ont des activités minières, car celles- ci
emploient beaucoup de main- d’œuvre. Ou bien pour ceux qui ont une
industrie manufacturière développée tournée vers
l’exportation. En outre, d’importants écarts existent entre hommes
et femmes : les premiers comptent 31 % de salariés parmi ceux qui
ont un emploi ; les secondes seulement 17 %. Autre constat, les
salariés subsahariens sont d’abord urbains : ils représentent
dans les villes 31 % des emplois occupés, contre 6 % dans les zones
rurales.
L’Afrique
a aujourd’hui une carte à jouer sur la scène mondiale. Les salaires
sur le continent restent en deçà de ce qui se pratique dans les pays
en développement. Elle pourrait donc fort bien avoir une
occasion pour se positionner sur la scène internationale dans
des secteurs industriels exigeant une importante main- d’œuvre.
Ce virage, s’il était réussi, permettrait ainsi aux
gouvernements africains de créer des dizaines de millions
d’emplois et d’offrir à la jeunesse africaine des perspectives
d'avenir prometteuses.
Janvier 2011
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