Essor de la production sucrière en Afrique
Par Afrique Avenir
Avec
la flambée des cours des matières agricoles, le sucre ne déroge pas à
la règle. Le sucre a en effet atteint 845 dollars la tonne au mois de
février 2011, un niveau record depuis 1987. De plus, les experts
prévoient une augmentation de la demande de 50% d’ici à 2030, soit une
production de 90 millions de tonnes supplémentaires. Principale raison:
la hausse de la consommation dans les pays émergents et en voie de
développement.
Du
coup, de nombreux investisseurs affluent en Afrique pour relancer la
culture de la canne à sucre ou de la betterave afin de combler le
déficit des marchés intérieurs africains mais aussi pour satisfaire une
demande internationale.
Du sucre made in africa
Le
continent produit 9,9 Mt de sucre alors qu’il en consomme 16,1 Mt. On
investit donc à tour de bras pour développer le secteur. Au Mali, outre
le projet sucrier de Markala, financé par la Banque africaine de
développement (BAD) à hauteur de 65 millions d’euros
(190 000 t de sucre et 15 millions de litres d’éthanol), deux
grosses unités de culture et de transformation de la canne à sucre sont
en cours de réalisation dans la région de Ségou : Sukala, avec l’appui
de la Chine, et Sosumar, avec le sud-africain Illovo, leader africain
du secteur.
Au total, ces deux complexes mobiliseront
35 000 ha de terres irriguées à partir du fleuve Niger et pourront
produire jusqu’à 250 000 t de sucre par an, alors que le déficit
actuel du Mali n’est que de 115 000 t. Illovo, filiale du
conglomérat britannique Associated British Foods, ne compte d’ailleurs
pas que sur le Mali pour développer sa présence sur le marché mondial,
avec un accroissement prévu de ses exportations depuis le Mozambique,
le Malawi, le Swaziland et la Zambie.
Au
Sénégal, la vallée du fleuve et ses possibilités d’irrigation attirent
les planteurs de canne à sucre. Le monopole de la Compagnie sucrière
sénégalaise (CSS) du « roi du sucre », le Français
Jean-Claude Mimran, est en train d’être remis en cause par l’arrivée
d’un concurrent d’envergure, l’homme d’affaires nigérian Aliko Dangote,
entrepreneur le plus riche d’Afrique. Là aussi, il ne s’agit pas
simplement de satisfaire le marché national, mais aussi de saisir les
opportunités offertes par la hausse de la demande mondiale. Alors que
le déficit annuel du Sénégal en sucre tourne autour de 60 000 t,
Aliko Dangote compte produire plus de 100 000 t par an à partir
des 40 000 ha qu’il a obtenus du gouvernement sénégalais.
Développer les raffineries de sucre sur le continent
L’Algérie
compte parmi les dix premiers importateurs de sucre au monde. Le groupe
sucrier français Cristal Union s’est associé avec son homologue privé
algérien La Belle, un acteur de l’agroalimentaire présent dans la
production et le négoce de pâtes, de semoule, de café… Une raffinerie
de canne à sucre devrait ainsi voir le jour à Ouled Moussa, à
50 km d’Alger. Avec un investissement de 70 millions d’euros,
cette usine devrait employer 250 personnes et produire
350 000 t de sucre par an. Le démarrage de l’activité est prévu au
début de 2012, mais le projet comporte d’ores et déjà une deuxième
phase, qui prévoit de porter la production annuelle à 700 000 t de
sucre d’ici à quatre ans. L’association Cristal Union-La Belle
rejoindra alors dans la cour des grands le premier groupe privé
algérien, Cevital, qui a déjà annoncé qu’il augmentera la capacité de
production de sa raffinerie de sucre de Béjaïa de 1,8 million à
2 millions de tonnes en 2011.
Le
Marocain Cosumar va aussi investir plus de 157 millions d’euros ces
cinq prochaines années pour que le pays puisse couvrir 55 à 60% de sa
demande : le Maroc importe actuellement 650 000 à 700 000 t de sucre,
soit 55% de ses besoins. En Egypte, la raffinerie, d’une capacité
de 750 000 t (investissement de $ 140 millions du Saoudien Savola), a
démarré sa production : c’est un des cinq plus grands complexes
sucriers du Proche-Orient.
Au Ghana, le Français Louis Dreyfus
va également rouvrir une raffinerie d’une capacité de 200 000 t.
L’Ethiopie a pris du retard dans sa rénovation des trois unités
sucrières mais, d’ici 2011, selon le ministre du Commerce et de
l’Industrie Girma Birru, la production devrait atteindre 1,3 Mt contre
les 300 000 t actuelles.
Mars 2011
Retour à l'Economie
Retour au Sommaire
|