Pour une Afrique qui gagne
Par The Times
Jamais
l'avenir du continent noir n'a semblé aussi souriant : c'est ce que
veut croire cet éditorial du Times. Le quotidien a organisé le 22 mars
à Londres un sommet, réunissant PDG et chef d'Etats africains, sur les
conditions favorables à un développement de ce "grand marché".
Alors
que les pays d'’Afrique du Nord sont en proie aux convulsions de la
rébellion, de la répression et de la guerre, le moment semble idéal
pour s’interroger sur l’avenir du continent. C’est justement l’objectif
du premier Sommet des PDG africains organisé par le Times, qui se tient
ce 22 mars Londres et au cours duquel interviendront entre autres le
président du Rwanda, Paul Kagame, le président du Gabon, Ali Bongo
Ondimba et le ministre britannique des Affaires Etrangères, William
Hague.
Ce sommet aborde des questions cruciales pour l’Afrique.
Le potentiel économique de ce continent de 860 millions de
consommateurs est énorme. On a découvert du pétrole et du gaz en
Ouganda et en Tanzanie. Les entreprises locales sont florissantes, à
tel point que l’homme d’affaires nigérian Aliko Dangote — qui participe
au sommet — pourrait devenir le 51e homme le plus riche du monde en
investissant dans les marchés africains du sucre, de la farine et du
ciment. Les investissements étrangers commencent également à affluer.
L’amélioration
des critères de gouvernance est une condition essentielle à la
prospérité du secteur privé. Quand le doute plane sur la mise en œuvre
des contrats, quand les autorités légales n’ont aucun poids, quand les
infrastructures nationales sont inadéquates — et ce sont là des
problèmes récurrents —, c’est qu’un gouvernement efficace fait
cruellement défaut.
Dans
toute l’Afrique, les investissements synonymes de prospérité attendent
la mise en place d’infrastructures adéquates, par exemple dans les
télécommunications et les finances. Le progrès ne peut en outre se
faire qu’avec des populations en meilleure santé et alphabétisée. Quand
les gouvernements sont incapables d’éradiquer la corruption ou de
consolider leur base fiscale, ils ne peuvent offrir la stabilité et la
certitude dont ont besoin les investisseurs.
La diversité des
régimes en Afrique met aussi en lumière une des questions primordiales
de notre époque. Si l’avenir économique du monde doit être une variante
du capitalisme, on peut cependant s’interroger quant à la forme que
prendra ce dernier. En dépit de tous ses problèmes de corruption, le
Kenya tente de se doter d’un modèle reposant sur la libre expression,
une économie de marché et un système politique susceptible de
satisfaire une classe moyenne de plus en plus aisée.
L’Ethiopie,
par exemple, propose un autre modèle de développement. L’économie y est
fortement dominée par l’Etat, qui ne tolère aucune opposition. Son taux
de croissance récent, sous la tutelle du Premier ministre,
Meles Zenawi, est impressionnant, mais il y a tout lieu de se demander
si une telle croissance peut se maintenir, sachant qu’elle dépend d’un
prix du pétrole à la hausse.
Les mouvements en faveur de la
liberté en Afrique du Nord posent une fois de plus la question
fondamentale de savoir si les gouvernements peuvent imposer durablement
un contrôle aussi strict. Peut-être, tant qu’ils sont soutenus par les
investissements chinois. Car si les Indiens et les Saoudiens ne sont
pas loin derrière, la présence chinoise est la grande nouveauté dans le
développement africain.
Une
nouveauté qui doit composer avec deux vieilles réalités. La première,
ce sont les conflits. L’absence de gouvernements disposant d’une
autorité nationale implique que des conflits ethniques et tribaux
continuent de dégénérer en guerre civile. La seconde tient à la misère
affligeante des Africains, qui fait pâlir les formidables perspectives
qui se profilent à l’horizon.
L’Afrique souffre durablement de
bien des problèmes, mais jamais l’avenir n’a semblé aussi souriant. La
mission des démocraties, qui ont la chance d’être riches, est
d’accompagner les pays d’Afrique. Les rencontres comme ce sommet
représentent une étape sur cette voie.
Mars 2011
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