|
Les
Chemins de la reprise économique
Par Gilles Marchand
Entre les bulles économiques et les points bas du marché, il y a de la
place pour une variété de propositions permettant une prospérité plus
respectueuse des besoins individuels de chacun sans tourner le dos à
des solidarités que seul un état est en mesure d'assumer. Or, nous ne
sommes pas en 1929, et une véritable reprise économique française et
européenne pourrait être sur le point de voir le jour...
Beaucoup de gens réalisent aujourd'hui que l'extrême versatilité des
marchés est un frein à la cohésion et à la régularité des politiques
économiques entreprises jusqu'ici. Leur impact sur l'économie réelle
est désormais un fait avéré. L'intégration dans les métiers de la
banque des pratiques entrepreneuriales du bâtiment et l'impasse faite
sur les règles traditionnelles ont créé la situation que nous
traversons aujourd'hui, tous types d'informations et d'événements
confondus. Au-dela des couloirs spéculatifs qui aboutissent à des
réajustements progressifs, on s'aperçoit qu'il y a un ensemble de
mesures possibles envisageables qui puissent être moteur d'une solide
et durable reprise économique.
L'apparent aveuglement du marché correspond plus à une extrême et
excessive sensibilité à tous les indicateurs qui en rythment la vie,
aux variations de l'activité symbolique, et à la manière dont sont
aujourd'hui gérés les énormes masses financières qui servent à
rentabiliser l'investissement, mais dont les principes de
fonctionnement intrinsèques finissent à terme par nourrir des couloirs
spéculatifs qui rendent la stabilisation économique plus difficile.
Il faut pourtant bien convenir qu'une sagesse générale émaille sur le
long terme la conduite de l'action générale de promotion tous azimuts
de tous les projets susceptibles de produire de la richesse. Il faut
bien comprendre que beaucoup des mécanismes qui la guident dépendent de
technologies et de médias qui en structurent la nature et qui s'ils en
renforcent la puissance d'adaptabilité, la rapidité, la capacité
d'intervention, induisent des automatismes qu'il s'agit de décrypter et
de distribuer plus finement afin qu'ils conduisent à permettre aux
forces à l'œuvre d'éviter leurs excès induits. Ainsi beaucoup des
coordonnées bancaires se retrouvent diffusées sur internet et il serait
urgent que les consultations en ligne soient davantage protégées pour
être absolument infalsifiables.
D'autre part, fraction importante, non totale, mais non pour autant
négligeable, une croissance nouvelle doit notamment se faire en
bénéficiant de la dynamique des nouvelles technologies. Nous allons
prochainement connaître trois révolutions industrielles
quasi-simultanées. La première concerne l'environnement et les
technologies vertes, le Green Power. La seconde concerne l'économie
hydrogène, avec la constitution de parcs automobiles et urbains
basés sur la notion commune d'émissions zéro. Enfin le Web 3D fournira
une redéfinition profonde, passionnante, mais qui demandera elle aussi
de la vigilance, des principales activités professionnelles. C'est une
grande nouvelle, ici aussi. Pour se faire, elles doivent expurger la
tendance quasi naturelle qu'elles ont d'à aller dans le sens de la
dématérialisation et d'une automatisation toujours plus grande de leurs
processus de fonctionnement.
Il nous faut retrouver un rapport concret à notre environnement.
L'intensité des échanges gagnée privilégiera l'humanité et le savoir.
Le tableau, donc, n'est pas si noir. Les nouvelles technologies
génèrent des domaines économiques, des branches de développement et des
compétences nouvelles qui font appel à un plus grand savoir-faire
humain. Mais très vite peut se remettre en place une logique
productiviste qui en expurge la chair créatrice et en diminue
l'implication humaine jusqu'aux prochains microcycles. Il faut placer
des pare-chocs dans un domaine d'activité qui a prouvé un goût du
profit dégagé de toute considération pour les individus concernés. Les
plans de licenciement se succèdent, un certain cannibalisme
d'entreprises se manifeste, et ce qui disparaît n'apparaît plus à terme
que sous une forme virtuelle, fiduciaire, qui viendra accroître
d'autres chiffres. Il est bien entendu que nous n'avons pas affaire à
des personnes complètement déconnectées des conséquences des opérations
qu'elles émettent, mais il serait grand temps, maintenant que
nous savons que le néolibéralisme est par essence prédateur de la
substance économique de pays entiers — ce qui en fait est le contraire
de sa vocation intrinsèque — qu'une véritable éthique de respect de
l'existant, avant de revenir dans le champs de l'investissement
productif à moyen et long terme, se mette en place pour mieux protéger
les salariés des remous qui emportent avec eux des entreprises
florissantes mais soit-disant pas assez au regard des critères de
rentabilité escomptés.
Il est temps que cela change.
Aujourd'hui, il est nécessaire, puisque les communautés nationales et
les populations des ensembles régionaux ont contribué de par le monde à
renflouer les banques et institutions financières en péril de
solliciter de leur part, une forme de reconnaissance implicite de leur
sauvetage par la soumission à un impôt mondial, même très largement
fractionnaire et limité, calculé sur leurs plus-values. C'est une
question humaine simple, mais d'elle peut dépendre la survie de
beaucoup d'individus, et il est donc ultra-urgent, toutes autres
considérations liées par des liens de causalité à restreindre, qu'une
part suffisante de ce capital parvienne aux individus les plus faibles
économiquement parlant, sous des formes multiples, comme le
micro-financement et des aides multiples. Ces opérations devraient être
prise à l'initiative des pouvoirs publics et par le biais des banques,
certaines personnes étant si découragées qu'elle ne parviennent pas à
effectuer les démarches pourtant simples qui consisteraient à se
prémunir d'un surendettement. Le coût de l'argent qui est si bas sur
les marchés monétaires fera, en revivifiant des bassins entiers de
populations, des villes et des villages. L'argent, c'est l'eau
indispensable de la vie qui doit sans cesse être développé pour
rétablir la "circulation sanguine" de nos économies. Bien irrigués, un
cerveau, des bras, des mains peuvent créer des sources impressionnantes
de richesses.
Il sera également nécessaire de repenser la finalité des nouvelles
technologies. Vont-elles dans le bon sens ? Ne sont-elles pas orientées
et finalement prisonnières de mécanismes qui les obligent à un toujours
plus de productivité seulement imaginée répondre à la poussée
innovatrice par accroissement des phénomènes d'automation des
structures logicielles qui évacuent progressivement la nécessité du
recours au capital humain ? Nous nous dirigeons probablement vers une
rencontre entre les personnages virtuels et les personnes réelles,
l'abstraction intelligente devenant, une forme nouvelle d'échange. D'où
la nécessité de ne pas se noyer dans la mystique immatérielle des
écrans ou des systèmes d'intelligence artificielle.
Beaucoup de choses passionnantes nous attendent et il faut avoir foi en
son époque pour la vivre plus facilement. Les temps sont durs, mais
nous disposons de ressources illimitées dans les domaines de la
réflexion économique, de la littérature, de l'art, de la science, des
métiers traditionnels, et cette société bénéficiera du meilleur de ce
que l'on trouve dans l'univers : l'atome le plus simple et le plus
abondant, quand bien même les lobbystes de toutes nature voudraient en
nier la pertinence : l'Hydrogène. Cet élément, ce vecteur énergétique
permet de stocker l'énergie, sous forme liquide et il peut être produit
par électrolyse. C'est tout l'enjeu de centrales et de bâtiments aux
toits recouverts de panneaux solaires souples. L'électricité ainsi
produite permet ensuite de fabriquer le carburant du futur. Nous venons
d'arracher que des voitures à piles à combustible soient produites vers
2020. C'est encore loin du compte, en terme de santé publique, mais
cela laissera une chance à ne pas manquer pour l'industrie automobile
de se réinventer tout en écoulant une génération — courte — de
véhicules déjà moins polluants. Nous bénéficierions à priori d'une
douzaine d'années. Certains experts nous donnent sept ans pour opérer
cette évolution.
Tout le monde s'accorde à dire qu'il est important de réussir la
massification de l'enseignement secondaire, de donner le meilleur
de leurs chances aux étudiants. Elle est en marche d'autant plus
rapidement que dans ce domaine comme d'en d'autres une petite
révolution est en train de se produire, sous l'influence conjuguées de
nouvelles technologies ubiquitaires, comme les podcasts et les
streamings en temps réel avec webcams. Généraliser ces technologies aux
universités et grandes écoles parait être une nécessité incontournable.
Les échanges vont aller croissant, au moment même où la position
géographique des intervenants perd de son importance. La qualité
locale de vie va donc compter double.
Réorienter la recherche et le développement afin de créer selon les
principes originaux qui sont mis en place quasi artificiellement des
prolongements industriels ou informationnels qui fassent appel à de
larges bassins d'acteurs économiques. Réinvestir le champ de l'action
économique afin qu'elle se déploie dans des directions reposant
davantage sur la spécificité et la puissance de l'intervention
publique, sa richesse et ses réelles possibilités de développement en
harmonie avec les apports de la technologie, facteur de cohésion et
d'échange accru entre les différents ensembles économiques. Là aussi,
le double cercle vertueux du retour à l'emploi et de la sortie de
l'assistance sociale qui extirperont beaucoup de personnes de leur état
de pauvreté, de quasi-minorité, et cette dépendance qui cessera,
allégeront les finances publiques. Mais il est toujours plus facile de
sanctuariser des emplois existants que d'en créer de nouveaux. D'où la
nécessité de voir les individus recevoir ces aides directement sur leur
compte, sans nécessairement en passer par de longues tractations
administratives.
Il y a donc une spécificité de l'intervention humaine qui ne sera pas
minorable, une échelle de valeurs qui bénéficieront des nouvelles
technologies, les fabriquant de systèmes se trouvant eux mêmes
rémunérés. La somme des composants informatiques doit
parallèlement être multipliée pour ramener les technologies
informatiques dans l'orbite européenne. Une sorte de développement
durable allant dans le sens de la mise en valeur du domaine
informationnel pour ne pas dire culturel.
La culture serait-elle l'avenir d'une part majeure de l'économie ? Une
nouvelle ère de la culture commence aujourd'hui et la diversité
linguistique en sera un des principaux moteurs. Le deuxième étage de la
fusée Europe correspondrait aux vœux premiers des pères fondateurs.
Ceux qui se terrent en attendant des jours meilleurs
vont au devant de graves désillusions. Le futur est là où on le créé,
là où on l'invente, là où se fixent les ferments qui peuvent lui donner
sa substance à venir. Or tous les ingrédients sont aujourd'hui réunis
pour faire de l'économie globale un réceptacle des œuvres créatives
issues des centres majeurs des transformations en cours. Des centres de
culture vont se former, offrant à la fois des interactions
internationales et des cours sur place. Celle-ci est à la croisée de
toutes les influences et son antériorité culturelle est sur le point de
devenir un atout extraordinaire, capable de donner une vigueur propre à
sa recherche formelle et un sens particulier à la construction
mondiale. Les multiples clivages qui ont émaillé son histoire ont
longtemps handicapé son rayonnement — et sa puissance économique — mais
ils ont aussi contribué à créer une émulation qui avec la chute des
murs politiques va très vite devenir un avantage. La concurrence permet
à une variété de systèmes d'exister.
La mise en commun de cette richesse exceptionnelle
va nourrir une diversité qui aujourd'hui, dans un contexte d'ouverture
des marchés et des esprits, est favorable aux propositions
différenciées et aux traductions. Avec des outils de "traduction" ou de
réadaptation, nourrira le cinéma européen et rayonnera dans tous les
autres domaines de création. Basés sur l'intelligence artificielle en
temps réel, ces programmes vont faire une avantage. Voilà pourquoi il
est possible de traduire une intervention avant même qu'elle ne soit
formulée. Le budget traduction de l'Europe est énorme, mais cette
capacité à croiser nos légendes et référents culturels multipliera les
échanges, et sera tournée vers les autres peuples européens ainsi que
les marchés extérieurs.
A l'origine historique d'une forme d'évangélisation politique, par la
langue, la culture, la religion et, dans une certaine mesure, par
l'économie, L'Europe bénéficie de son ouverture, de son soft power, et
son travail d'expansion de toutes les valeurs de civilisation, sur
lesquelles à ce sujet une irréprochabilité, même si jamais absolue au
regard des réalités économiques, devrait être à terme un soucis dont on
s'acquitte avec humanité. Sa culture sera un des principaux domaine
dans lequel se mesurera ce dialogue international, d'autant qu'il sera
appuyé sur une diplomatie nouvelle.
Elle sera le principal bénéficiaire de l'interaction planétaire qui se
met mettre en place. Il va de soin qu'il faille que les concepts de
nationalité soient préservé comme des identités et des valeurs mais une
véritable conscience continentale doit émerger. Celle-ci, en effet, va
se bâtir au regard d'une conscience plus poussée des nécessités
éthiques à mettre en place, et elle ne se fondera pas sur la recherche
d'un envahissement du champ symbolique comme certains pôles ont cherché
à le faire depuis des décennies. Elle ne se fera pas dans un soucis de
maîtrise du vivant et de ses échanges avec l'extérieur, mais au
contraire dans un soucis plus poussé de leur respect à une heure où
ceux ci sont menacés par la progressive main mise de l'économique
concentrationnaire de l'ultra-libéralisme.
Si les règles politiques sont aujourd'hui en crise,
c'est parce qu'elles doivent être réajustées afin de tenir compte des
mutations en cours. Mais le culturel n'est pas un domaine anodin. Il
est lié à l'identité des nations qui cherchent à le promouvoir. La
culture n'est pas un marché comme les autres. On n'achète pas l'âme de
ceux dont on assure la promotion des "productions culturelles" tout
comme on ne peut mettre en équation tous les termes de la consommation
culturelle. Ceux qui le prétendent sont les négriers en puissance de la
nouvelle économie mondiale et comme tels, ils doivent être amenés —au
besoin par la force (de négociation) — à respecter la liberté des
différents acteurs de la culture. On doit nécessairement
s'attendre à une remoralisation des échanges culturels qui ne veut pas
dire limitation ou censure mais prise en compte plus étayée des
nécessités humaines de ces domaines.
Il faut aller vers un plus d'intelligence et de
prises de conscience, sinon nous serons hypnotisés.
Or L'Europe dispose de la plus grande variété de
bassins humains, d'un des plus longues traditions intellectuelle, et de
certains des plus hauts niveaux de formation universitaires. Non
seulement il ne faut pas diminuer ces niveaux d'éducation, mais il faut
au contraire les renforcer. Les améliorer en permanence et proposer au
reste du monde les solutions qui auront pu se révéler efficaces en les
adaptant aux capacités locales. Nous allons en effet vers une
civilisation de l'image, du symbole et du modèle mais leur
signification ne sera jamais dépouillée du sens, et c'est pourquoi la
lettre et l'écrit seront toujours présents. Plus que jamais Internet
marque leur retour en force. Nous allons vers une société qui fera une
plus grande place aux loisirs et à la consommation culturelle. Celle-ci
ne pourra faire abstraction de la qualité et de la profondeur de son
vécu historique, scientifique et intellectuel.
L'histoire que cherchent à biaiser la grande
majorité des productions grand public — en nous imposant un unique
chapitre décliné à l'envi depuis soixante ans — est un atout dont on
cherche à nous détourner par tous les moyens. Croyant pouvoir l'imposer
à la nouvelle génération. Quitte à lui faire revivre les mêmes affres.
Notre force, entre autres, est en effet liée à la richesse sémantique
de notre patrimoine culturel et à la variété des interprétations qu'il
suscite. Aujourd'hui, notre diversité est un atout. Elle nous permet
une compréhension mutuelle et collective à l'heure où les technologies
rendent chaque produit transparent. Celles-ci vont favoriser le grand
renouveau à venir et contribuer à le décupler. Les problématiques
développées à travers les productions existantes ont prouvé une grande
part de leur inadaptation aux réalités actuelles. Il est grand temps de
les renouveler. En commençant par adopter une politique qui fasse de la
place pour un grand dessein culturel, ce en augmentant les budgets
aujourd'hui quasi dérisoires et en agissant sans complexe sur un
domaine qui a besoin de soutiens et d'orientations. Enfin
centrées sur les contraintes et possibilités actuelles concrètes, elles
nous feront enfin entrer de plein pied dans la modernité de demain.
Le multimédia n'est-il pas une mise en forme de cette lente
transformation de valeur qui structure lentement les sociétés humaines
? Auquel cas il s'agit que s'établissent des schémas de conversion et
d'échange informationnels et d'œuvres qui soient suffisamment
structurés pour permettre leur viabilité au niveau international en
harmonie avec les structures plus traditionnelles d'intervention
économique. Il s'agit de rattacher la création de valeur économique des
variables économiques concrètes. La richesse ne peut être uniquement
rattachée à des variables financières s'autoalimentant indéfiniment et
s'éloignant progressivement de leur nécessaire passage dans les bassins
économiques réels qui doivent leur bénéficier comme ils doivent
eux-mêmes profiter de leur action régénératrice.
Que constate t-on ?
Une excessive et manifeste sous exploitation des ressources concrètes,
notamment humaines, internationales, qui en recevant cette manne, qui
aujourd'hui leur fait grandement défaut, dégageraient d'immenses
bassins de richesse réelle. Le sous emploi de populations entières
voire d'économies nationales complètes crée des sources de
développement comme en jachère, le nécessaire terreau d'une
réappropriation par l'économique d'un champ social dont il s'est
désengagé. Nous serions une agriculture disposant d'immenses plaines
fertiles sous cultivées ou utilisées d'une manière extensive, voire
négligées. C'est pourquoi l'investissement du capital international
dans le champ des économies mondiales concrètes est lui-même un immense
facteur de développement et une raison tangible d'espérer si les
acteurs économiques savent dériver une part grandissante des ressources
financières internationales vers les économies réelles locales.
Une économie dématérialisée ?
Face à la multiplication des formes abstraites et virtuelles de
fonctionnement, les économies occidentales et mondiales disposent
d'alternatives qui s'avèrent opérantes. Liste de choses à emporter.
Nous sommes tous, ou en tout cas la grande majorité d'entre nous,
victimes d'illusions d'optique qui peuvent s'avérer particulièrement
préoccupantes. La mise en équation des économies occidentales de plus
en plus tributaires de schémas d'organisation virtuels amenés par des
principes d'organisation basés sur des fluctuations financières est
patente. Les références concrètes se déplacent progressivement vers
l'immatériel découplé d'une valeur de plus en plus déconnectée de celle
du travail, des infrastructures et des structures monétaires
traditionnellement afférentes. Elles fragilisent celles-ci car
elles les exposent de plus en plus non seulement aux fluctuations
financières mais également aux variations symboliques de l'information.
Les mécanismes qui sont désormais à l'œuvre échappent parfois à ceux là
même qui en sont les instigateurs. Pourquoi une telle fragilité,
pourquoi prêter le flanc aux dégâts que peuvent produire des formes
d'action particulièrement archaïques ? Pensez au "11-M". Nous sommes en
définitive, les victimes avérées ou à venir d'un processus que nous
éprouvons du mal à réguler et les déprédations peuvent être aussi
sensibles dans les pays à structures insuffisamment diversifiées que
dans les pays qui se veulent les champions du capitalisme, notamment
les États Unis dont les visées et visions économiques s'imposent
souvent au reste de la planète.
Serions-nous si démunis face à cette situation ? Le temps doit-il jouer
contre nous ? C'est à mon avis faux. Entre les retours tambourinant aux
pratiques d'un autre age — alors que le monde a effectivement
changé et qu'elles s'avèrent d'une manière patente souvent inadaptées
— et les prises en compte mal assurées de la dithyrambe passionnée
des pionniers de la nouvelle économie, il y a d'autres attitudes plus
directement opérantes qui tiendraient davantage compte des réalités
humaines et techniques et le rapport qu'elles peuvent entretenir.
Il faudra pour y parvenir, que la variable humaine redevienne centrale
dans les schémas de réflexion de ce qui font actuellement profession
que de ne la réduire. C'est sa valeur, sa qualité et la pertinence de
ses productions qui feront l'économie majoritaire de demain.
L'articulation principale entre les domaines de culture ou
d'information et les techniques qui les relayeront. Il faut que les
conditions de l'épanouissement individuel à un niveau très large soient
réunies... Tous les autres domaines d'activité restent valables mais
ils vont peut à peu bénéficier des apports de ce noyau central.
Cette extension du domaine de la croissance ne peut exister que si l'on
se décide enfin a faire l'abandon du manichéisme et du malthusianisme
qui guide beaucoup de réflexions ambiantes, notamment en matière
économique. Elles réduisent de grandes entreprises structurées à des
réservoirs financiers virtuels ou déplacent les installations sous
prétexte qu'il faille remettre à qui de droit ambiant les actifs qui y
sont rattachés est une politique qui à long terme condamne des
populations entières à la paupérisation y compris celles qui font
aujourd'hui le pari d'accueillir les structures délocalisées.
Les économies mondiales, y compris américaine, souffrent d'un manque de
préhension sur les variables financières. Le fait d'attirer les valeurs
mondiales, y compris par des moyens techniques disproportionnés (je
pense à l'utilisation de systèmes de réalité virtuelle et de structures
logicielles dédiées) automatise les procédures de fonctionnement
boursier et leurs réactions aujourd'hui en lisière du rationnel de ces
appareillages et renforce tous les ostracismes mondiaux, tous les
fossés, toutes les fractures. Elles asphyxient la planète, lui retirent
son oxygène, c'est à dire leurs puissances monétaires. L'eau c'est la
vie, or cette eau, cette manne qui permet à une sophistication
d'exister mais aussi et plus fondamentalement aux besoins fondamentaux
d'être assurés, se retire du paysage local de nombreux points du
territoire global. On l'a vu en Argentine...
La circulation sanguine de la planète est altérée. Elle doit être
soignée, assistée, puis peu à peu rétablie d'une manière progressive et
douce qui permette l'assainissement de zones géographiques entières.
C'est l'investissement au plan mondial plutôt que la sempiternelle
économie sur les salaires qui est à viser, c'est l'élargissement des
structures en lieu et place des dramatiques économies d'échelles qui
semblent guider l'entendement de ceux qui appliquent de manière aveugle
— ou presque — les principes erronés qui président à la prise de
ces décisions. Le mépris et le peu de cas qui est fait de millions
d'hommes et de femmes est patent et dangereux. Nous sommes victimes
d'une dynamique faussée, de cercles vicieux qu'il faut avoir l'énergie
de transformer en cercles vertueux. L'argent doit circuler à tous les
niveaux. La valeur doit être repensée en prenant comme étalon l'homme,
l'humain, l'individu. Son développement harmonieux au sein de la
communauté dans laquelle il habitera.
C'est l'aide à la consommation, non par un unique vecteur mais par un
ensemble de facteurs retour de l'activité. Le salaire minimum est une
garantie nécessaire, il doit exister au sein d'un faisceau de droits et
devoirs nouveaux qui permettent d'établir un nouveau contrat social et
économique dont nous serions tous les bénéficiaires et par rapport
auquel nous pourrions découpler notre intervention dans le domaine
économique et culturel. Les situations absurdes doivent refluer et les
bénévoles recevoir une part retour pour l'investissement qu'ils font de
leur temps. Le temps est déjà une variable économique. Il peut devenir
une variable symbolique de l'activité dans un champ économique donné
dont il assure la pérennité.
Il s'agit de renforcer l'adjonction de règles dans des structures qui
touchent la limite de leur logique parce qu'elles manquent de critères
d'évaluation objectifs et de rattachements économiques précis. L'argent
virtuel aujourd'hui a de moins en moins de contact avec la réalité
économique, même s'il peut influer sur elle. Les règles de solidarité
étendue en renforçant le rôle des structures sociales étatiques vont
également aller dans le sens de la logique économique qu'il est
nécessaire de mettre en place.
La main invisible doit devenir visible.
Sinon, nous irions à terme vers une dislocation des structures
particulièrement dommageable à l'ensemble de la communauté
internationale, ce qui est inacceptable. Des dérèglements
bénéficieraient tous ceux qui font profession d'exploiter les
tiraillements actuels. Nous faisons partie d'un long processus de
maturation économique, politique et culturel qui doit faire appel à
l'histoire économique car celle-ci nous tend des explications
pertinentes et nous donne des capacités de renouvellement dont nous
sommes capables à une échelle élargie. Il faut quitter l'absurde absolu
auquel nous venons d'assister. La nouvelle économie doit être pensée
dans cette perspective. L'humain assisté par la machine et non
l'inverse.
Quand nous aurons accompli ce saut conceptuel, placé cet étalon dans
notre champ de représentation symbolique, alors l'invention majeure
qu'est le numérique deviendra ce qu'elle est appelée à devenir : un
formidable tremplin pour la créativité ainsi qu'un puissant facteur de
richesse économique. Une fois sa puissance de distorsion démystifiée et
qualifiée, intégrée et comprise, déclinée et incorporée dans — presque
— tous les champs de l'action humaine, elle sera enfin le
formidable outil de Renouveau et de libéralisation destiné à ouvrir à
nos côtés le millénaire.
Octobre 2012
Placez
un signet sur cette page qui dresse un tableau mensuel inédit de
l'actualité...
Retour au
sommaire
|