Les investissements étrangers en Afrique pourraient battre des records en 2014
Par Claire Guélaud
Entre
sa « remarquable résilience » aux chocs et la vitalité de sa
croissance, qui devrait accélérer et se diversifier en 2014, l'Afrique
séduit de plus en plus les investisseurs étrangers. A tel point que les
investissements étrangers pourraient y atteindre le montant record de
80 milliards de dollars en 2014 (soit 58,4 milliards d'euros), et
devenir la première source d'apports financiers extérieurs au
continent, indique le rapport sur les Perspectives économiques en
Afrique, publié lundi 19 mai.
Ce
rapport, lancé en 2002 par la Banque africaine de développement, le
Centre de développement de l'OCDE et le Programme des Nations unies
pour le développement, porte pour la première fois cette année sur la
totalité des 54 pays africains. Sauf accident, ils connaîtraient une
croissance moyenne de 4,8 % en 2014 et 5,7 % en 2015. La crise
financière serait alors effacée.
Après avoir diminué au plus fort de la grande récession, les
investissements directs étrangers (IDE) – dans des entreprises – et les
investissements de portefeuille, attirés par la rentabilité du capital,
se sont rétablis progressivement en Afrique. Les IDE devanceraient les
transferts monétaires officiels des migrants (67,1 milliards) et l'aide
publique au développement (APD) et ses 55,2 milliards de dollars, dont
3,4 milliards fournis par la France. Au total, les financements
extérieurs à l'Afrique ont quadruplé depuis 2000 et dépasseraient les
200 milliards à la fin de 2014.
LES PAYS ÉMERGENTS TRÈS ACTIFS
C'est une évidence : le secteur privé occupe « une place grandissante »
dans le financement du développement africain. Les IDE jouent un rôle
déterminant dans le renforcement des capacités productives et dans
l'amélioration des infrastructures d'énergie et de transport, tandis
que les transferts des migrants constituent une source stable de revenu
pour quelque 120 millions d'Africains. Une proportion croissante de ces
migrants vit au Moyen-Orient (26 % contre 20 % en 2010).
Ces sources de financement sont différemment utilisées. Ainsi, les 27
pays africains à faible revenu (1 035 dollars de revenu annuel par
tête) sont tributaires de l'APD, qui représente plus de la moitié de
leurs apports financiers extérieurs. Les transferts monétaires des
migrants assurent en revanche l'essentiel des financements externes
dans les pays à revenu intermédiaire inférieur (1 026 à 4 085 dollars
de revenu annuel par tête). Enfin, les investissements privés sont
majoritaires (70 %) dans les pays à revenu intermédiaire supérieur (de
4 086 dollars à 12 615 dollars de revenu annuel par tête).
Les flux d'IDE se sont concentrés en 2012 et en 2013 sur un petit
nombre de pays, richement dotés en ressources naturelles : Afrique du
Sud, Ghana, Maroc, Mozambique, Nigeria et Soudan. Pour la deuxième
année consécutive, les IDE en provenance des 34 pays membres de l'OCDE
sont en recul.
A l'inverse, les pays émergents sont devenus une source majeure
d'investissements. La Chine vient en première position avec le plus
gros stock d'IDE en Afrique (27,7 milliards de dollars), devant
l'Afrique du Sud et, ce qui est moins connu, la Malaisie.
Si les investisseurs étrangers restent attirés par les matières
premières, ils sont aussi sensibles à l'émergence d'une classe moyenne
de 350 millions de consommateurs et aux promesses de doublement de la
population africaine d'ici à 2050. Les projets qu'ils financent se
diversifient, mais moins que ceux des investisseurs africains, en forte
hausse, qui portent sur de nombreux secteurs : services financiers,
bâtiment, composants électroniques, produits chimiques et de
consommation.
Les émissions d'obligations souveraines africaines ont bondi en 2013,
frôlant le record de 10 milliards de dollars. Les Seychelles et le
Ghana sont les deux premiers Etats d'Afrique subsaharienne à s'être
lancés sur ce marché. Ils ont été suivis par le Gabon, le Nigeria, le
Sénégal, la Namibie, la Zambie et le Rwanda. « Face à une politique
monétaire accommodante en Europe, les investisseurs américains et
japonais en quête de rendements supérieurs se sont tournés vers les
marchés africains de la dette souveraine », constate le rapport.
21 Mai 2014
Abonnez-Vous au Monde
Retour à l'Economie
Retour au Sommaire
|