|
Le «New York Times» étrille la politique économique européenne
Par Florent LATRIVE
Le
quotidien américain s'en prend dans un édito aux obsessions budgétaires
et monétaires de l'Union, accusées de plomber la croissance du
continent.
Si
les pays de la zone euro alignent les (très) mauvais chiffres
économiques plus de six ans après le début de la crise financière, ce
n’est pas une surprise. Mais la faute prévisible aux «politiques
erronées que les dirigeants européens s’obstinent à poursuivre, en
dépit de toutes les preuves qu’il s’agit de mauvais remèdes», écrit le
New York Times, dans un éditorial publié lundi.
La critique est féroce, même si cette prise de position ne surprend pas
complètement de la part d’un journal estampillé plutôt démocrate et où
émarge comme chroniqueur le keynésien de combat (et prix Nobel
d’économie) Paul Krugman.
Le déroulé
des critiques est assez classique, notamment à gauche, et rappelle
point par point l’argumentaire utilisé par Laurent Joffrin ce même
lundi dans Libé. Feu sur les politiques d’austérité :
«L’insistance de l’Union européenne, emmenée par l’Allemagne, à
demander aux gouvernements de réduire leurs déficits en coupant dans
les dépenses et en augmentant les impôts a continué à entraver la
reprise».
Et haro sur la politique monétaire de la Banque centrale, accusée
«d’avoir été lente et timide à baisser ses taux d’intérêt, à racheter
des obligations des Etats». Le résultat ? Croissance zéro en
France pour le deuxième trimestre consécutif, -0,2% en Allemagne
– pourtant bon élève de la croissance –, une production
industrielle encore en berne, et la déflation qui menace. Comme on le
voit sur le graphique ci-dessous, la zone euro n’a toujours pas
récupéré son niveau de PIB de 2008, au démarrage de la crise. Et
certains pays comme l’Italie – troisième économie de
l’Europe – donnent l’impression de déraper sans fin. Vu des
Etats-Unis, où la croissance est repartie avec vigueur, l’obstination
européenne semble lunaire.
Côté
recettes pour sortir de l’impasse, le New York Times préconise un mix
déjà appliqué ailleurs, et notamment aux Etats-Unis: une politique plus
conquérante de la BCE, qui devrait racheter en direct des obligations
et autres emprunts. Et une politique budgétaire plus souple, n’exigeant
notamment pas des Etats – comme la France – de réduire leurs
déficits tout en conduisant dans le même temps des réformes
structurelles (comprendre: «faciliter le licenciement des salariés»,
traduit le NYT).
«C’est politiquement difficile, pour ne pas dire contre-productif, pour
les gouvernements de faire les deux choses à la fois quand le taux de
chômage dans l’eurozone (11,5% en juin) est aussi élevé». Au passage
l’édito suggère de profiter des taux d’intérêt historiquement bas pour
emprunter, augmenter les dépenses temporairement et ainsi relancer des
économies défaillantes. En résumé, l’exact inverse des politiques
préconisées avec constance par l’Allemagne et les faucons budgétaires
européens. Dommage pour François Hollande que l’éditorialiste du Times
ne remplace pas Angela Merkel.
19 Août 2014
Abonnez-Vous à Libération
Retour à l'Economie
Retour au Sommaire
|
• INFORMATIQUE
SANS FRONTIERES • |
|
|