Le G20 s'engage à doper la croissance mondiale de 2000 milliards de dollars
Par Alexandrine Bouilhet
Réunis
en Australie, les ministres des Finances des 20 pays les plus puissants
misent sur les réformes et l'investissement pour muscler la croissance
mondiale de 2% supplémentaires. Ce sera 1,8% selon le FMI.
De notre envoyée spéciale à Cairns
L'Australie et ses grands espaces ont donné des ailes aux ministres des
Finances du G20 qui ont conclu leurs deux jours de réunion à Cairns,
sur la Grande barrière de corail, par l'adoption d'un gigantesque plan
de croissance à l'échelle mondiale.
Les ministres des vingt plus grandes puissances économiques de la
planète ont présenté pas moins de 900 plans de réformes visant à doper
la croissance mondiale de 2 % d'ici 2018, soit 2000 milliards de
dollars de richesses supplémentaires, par rapport à la tendance
actuelle. D'après les estimations du FMI, les réformes annoncées à
Cairns -essentiellement des réformes structurelles et des projets
d'investissements publics et privés- dégageront plutôt 1,8 % de
croissance supplémentaire sur 4 ans, soit 1800 milliards de dollars
(1400 milliards d'euros) de richesses supplémentaires.
Ces chiffres donnent le tournis, et rien ne dit qu'ils se traduiront
dans les faits, mais ils plaisent beaucoup à la présidence australienne
du G20, qui a tenu à imposer des objectifs tangibles aux travaux
qu'elle trouve trop verbeux. «Il est essentiel, en ce moment, de
promouvoir des réformes pour soutenir la croissance et l'emploi, alors
que la reprise mondiale s'essouffle, en raison des tensions
géopolitiques et des risques de turbulences sur les marchés
financiers», s'est félicité Christine Lagarde, directrice du FMI, à
l'issue de la réunion.
Différences «philosophiques» entre l'UE et Washington
Les Américains aussi sont satisfaits. L'agenda de croissance a dominé
le G20. Et sur ce chapitre l'Amérique n'a pas à rougir. Au deuxième
trimestre la croissance américaine était de 4,2 % en rythme
annuel, et le chômage est au plus bas depuis 6 ans. «Les États-Unis
tirent la croissance mondiale» s'est félicité Jack Lew le grand
argentier américain, regrettant la trop faible croissance en zone euro
et au Japon. Il faut accroître la demande notamment dans les pays en
excédents», a-t-il insisté, en faisant clairement allusion à
l'Allemagne, qui ne dépense pas assez à ses yeux.
«Il y a tout de même des différences que je qualifierais de
philosophiques entre les Américains et les Européens», a souligné
l'émissaire de Barack Obama, en souriant. Le ministre de Finances
Wolfgang Schäuble -qui a fêté ses 72 ans dans l'avion à l'aller- a
justifié le plan d'investissements de 5 milliards d'euros par an,
adopté par la coalition. Il ne compte pas faire davantage, ni s'engager
dans une politique de déficits. «Il y a beaucoup trop de liquidités, et
trop d'endettement en Europe et dans le monde», a indiqué Wolfgang
Schäuble, refusant toute croissance financée par la dette.
Un Sapin «social libéral»
Pour son premier G20, Michel Sapin a endossé le costume du parfait
ministre «social libéral», vantant auprès de ses pairs, la réformes du
marché du travail, la baisse des charges de 40 milliards d'euros sur
quatre ans, l'ouverture des professions réglementées, ou le travail du
dimanche. Il a également insisté sur son plan d'économies de 21
milliards d'euros en 2015. «Une question de crédibilité» explique-t-il.
Avec un petit regret, toutefois: Michel Sapin ne parle pas assez bien
anglais pour expliquer, en direct, ses réformes au reste du monde !
25 Septembre 2014
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