Économie circulaire : l’Europe pourrait y gagner 1 800 milliards de dollars
Par Juliette Bise
Un
rapport de la Fondation Ellen MacArthur a chiffré les retombées d'un
passage à l'économie circulaire d'ici 2030. Les secteurs de la
mobilité, de l'alimentation et du bâtiment sont concernés.
Et
si, au lieu "d'extraire, fabriquer, jeter", comme elle le fait
aujourd'hui, l'Europe se tournait vers une gestion circulaire de ses
ressources ? C’est l’idée que soutient l'étude L’économie circulaire,
pour une Europe compétitive, qui estime que notre continent pourrait
réaliser un bénéfice net de 1 800 milliards de dollars d’ici 2030 en
adoptant les principes de l’économie circulaire.
Réalisé en partenariat avec la Fondation Ellen MacArthur, McKinsey
Center For Business and Environment et SUN (Fondation pour L’Economie
environnementale et durable), ce rapport a été dévoilé le 15 septembre
à Paris, à l'occasion des États Généraux de l'économie circulaire. Son
objectif : évaluer les conséquences de changements économiques tels que
l'irruption de la mobilité partagée (covoiturage, autopartage...),
l'utilisation de matériaux recyclables, ou encore la fin du gaspillage
alimentaire.
Selon le rapport, la transition vers ce modèle permettrait d'économiser
900 milliards d’euros d'ici 2030. Pour parvenir à ces conclusions, les
chercheurs se sont concentrés sur trois domaines clés : la mobilité,
l’alimentation et le bâtiment. À eux seuls, ces secteurs représentent
aujourd'hui 60 % de la dépense des foyers et 80 % des ressources
consommées en Europe.
Cette consommation, nous pourrions la réduire en changeant nos modes de
vie et nos modes de production industriels, qui font aujourd'hui la
part belle au gaspillage. Pour l'heure, une voiture est garée en
moyenne 92 % du temps, le gaspillage alimentaire atteint un taux de 31
% et un bureau n’est occupé qu’entre 35 et 50 % du temps.
"Ce rapport a montré qu’en appliquant ces [nouveaux]
principes, nous pouvons (...) parvenir à une véritable
transformation du système et ouvrir une nouvelle ère de
croissance", souligne l'ancienne navigatrice Ellen MacArthur, devenue
aujourd’hui ambassadrice de l’économie circulaire.
Le basculement vers une économie plus circulaire serait créatrice de
valeurs sur un plan social, avec une augmentation prévue de 3 000 euros
du revenu annuel des ménages européens, soit 11 % de plus
qu’actuellement. Ce modèle serait aussi une arme contre le chômage.
C'est du moins ce que révèle une analyse de 65 travaux de recherche
universitaires, qui ont permis de démontrer les effets positifs de
l’économie circulaire sur l'emploi.
Emissions de CO2 réduites de moitié
Du côté de l'environnement, le rapport évoque une réduction de 48 % des
émissions de CO2 d'ici 2030 (et de 83 % d’ici 2050), toujours dans les
secteurs de la mobilité, de l’alimentation et du bâtiment.
L'économie circulaire pourrait également faire baisser de 32 % d’ici
2030 (et de 53 % en 2050) la consommation des ressources primaires :
matériaux de construction, terres, engrais, pesticides, eau, carburants
et électricité issue de l’énergie fossile.
"Nous avons trouvé que les entreprises qui s’appuient sur les principes
circulaires sont celles dont la croissance est la plus rapide",
complète Martin Stuchey, directeur du département environnement et
économie au cabinet de conseil McKinsey.
En France, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se lancer
dans l’économie circulaire. Crée en 2013, l'Institut de l'économie
circulaire compte aujourd'hui plus de 80 entreprises membres. Le
concept vient par ailleurs de faire son entrée dans la législation, à
travers la loi relative à la transition énergétique pour la croissance
verte.
8 Octobre 2015
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