Pascal
Lamy dans la course au poste de directeur général
de l'OMC
L'ancien commissaire européen
au Commerce, le Français Pascal Lamy, s'est lancé
aujourd’hui dans la course au poste de directeur
général de l'Organisation mondiale du commerce,
avec le soutien de l'UE et comme principal défi
en perspective la conclusion du cycle de Doha d'ici à
2006.
Présentée par la Commission,
la candidature de M. Lamy à la succession du Thaïlandais
Supachai Panitchpakdi a reçu «un large soutien»
des 25 pays de l'Union européenne au niveau des
hauts fonctionnaires et sera entérinée jeudi
par les ambassadeurs des Etats membres. Son successeur
britannique «Peter Mandelson a appuyé la
candidature de Pascal Lamy parce qu'il pense qu'il est
un très bon candidat», a indiqué sa
porte-parole, Claude Veron-Reville. Selon une source communautaire
proche du dossier, M. Lamy avait reçu au plus haut
niveau vendredi dernier l'assurance que la France présenterait
sa candidature si elle était soutenue au niveau
européen.
L'ex-commissaire s'était interrogé publiquement
sur une candidature à un «job assez casse-gueule».
Le soutien de Paris lui était indispensable, mais
loin d'être acquis. M. Lamy s'est heurté
à plusieurs reprises aux autorités françaises
dans les négociations du cycle OMC de Doha, notamment
en mettant sur la table la fin des subventions européennes
aux exportations agricoles pour obtenir la relance des
pourparlers à Genève en juillet dernier.
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Le puissant lobby agricole et agroalimentaire
avait d'ailleurs fait connaître fin novembre son hostilité
une candidature éventuelle de M. Lamy, accusé
par deux députés de l'UMP, le parti du président
français Jacques Chirac, d'avoir sacrifié les
intérêts de son pays à son plan de carrière.
Soucieux du maintien de l'influence française dans
les institutions européennes et internationales, Paris
n'a toutefois pas voulu prendre le risque d'un nouveau veto,
après ceux opposés à M. Lamy sur une
candidature éventuelle à la direction du FMI
puis à la présidence de la Commission européenne,
analyse une source communautaire. Son ancien collègue
à Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères
Michel Barnier, a en outre plaidé sa cause «avec
beaucoup de détermination et de constance», selon
la même source.
Aujourd’hui, «la Commission a indiqué que
Pascal Lamy avait décidé de présenter
sa candidature et elle a souligné que son profil personnel
et professionnel correspondait aux critères retenus»
par l'OMC, à savoir «une expérience du
commerce international, un appui aux objectifs de l'Organisation,
une capacité de leadership, de gestion administrative
et de communication», a indiqué un participant.
«La France a indiqué qu'elle présenterait
la candidature de Pascal Lamy», a précisé
cette source.
Pour éviter la répétition de la crise
de 1999, où le désaccord entre pays riches et
pauvres avait conduit à diviser en deux le mandat du
directeur général, le Néo-Zélandais
Mike Moore, puis M. Supachai, l'OMC a mis en place une procédure
de choix du directeur général plus transparente,
avec des critères objectifs et des auditions.
Deux candidats rivaux latino-américains, le Brésilien
Luis Felipe de Seixas Correa, ambassadeur auprès de
l'OMC, et l'Uruguayen Carlos Perez del Castillo, ancien président
du Conseil général de l'OMC, sont déjà
en lice, ainsi que le ministre mauricien des Affaires étrangères
Jayen Cuttaree. Mais M. Lamy, qui a multiplié les initiatives
de l'UE en faveur des pays en développement, peut compter
sur un excellent carnet d'adresse et aussi sur la bienveillance
de Washington.
«Pascal Lamy est encore relativement jeune et il devrait
avoir de nouveau la chance de servir la cause publique»,
avait déclaré le mois dernier son homologue
et ami Bob Zoellick, représentant américain
pour le commerce.
Avec
AFP
Décembre 2004
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