Sortir du Brexit
Par Gilles Marchand - Informations sans Frontières - Septembre 2019 - 17/09/2019 (MIS À JOUR à 18:00)
Comment
sortir d’une situation inextricable ? Mauvaise pour tous. Qui saura
trancher le nœud gordien qui invalide toutes les tentatives effectuées
par la classe politique anglaise et européenne ?
Pas
une journée, ou presque, sans rebondissement — généralement négatif —
sur le fameux dossier du Brexit. Vicié dès le départ par un problème de
calendrier lors de la ratification de la constitution européenne,
d’abord rejetée par les Pays-Bas et par la France, au grand dam des
anglais qui pensaient voter non, de l’avis même de Denis MacShane,
ancien ministre des affaires étrangères au sein du gouvernement de Tony
Blair, il est par là même le résultat d’erreurs d’appréciation et d’une
vision isolationniste dangereuse pour le Royaume-Uni lui-même. Tout le
monde a à y perdre, ou presque… Le Royaume-Uni en terme de cohésion
avec des dangers nouveaux et des situations potentiellement explosives,
aussi bien en termes d’économie que de politique. L’Europe, qui par son
attitude est souvent jugée punitive par les britanniques alors qu’elle
a été d’une patience infinie face aux atermoiements et aux revirements
des négociateurs anglais. C’est un fait que les anglais cherchent à
gagner du temps et qu’ils souhaitent souvent des solutions à la carte
les permettant de profiter des avantages de l’Union européenne sans en
assumer les inconvénients, pourtant minimes, au regard des immenses
bénéfices que permet l’adhésion au marché unique.
C’est bien pourquoi, il serait peut-être judicieux que l’Europe
revienne aux racines originelles du projet européen. Celles d’une
harmonisation Inter-étatique pour le meilleur des peuples européens.
Celle d’une coopération réussie entre les différents gouvernements dans
un esprit authentiquement bienveillant favorable aux intérêts de
l’ensemble de ses citoyens. Que penseraient les pères fondateurs de
cette situation ? Se prémunir de ce que montre la série Years &
Years sur Canal+... Prémonitoire ou sensationnaliste, ce scénario
est-il celui censé nous attendre ?
Nous pensons que non. L’Europe a été bâtie dans le but de lutter contre
les sources de tensions politiques entre les états, et pour accentuer
la prospérité d’un continent pouvant bénéficier de ses relations
économiques. Il s’agit de retrouver des éléments qui satisfassent les
parties en présence. Les anglais ne voudront jamais reconnaitre qu’ils
se sont trompé, mais comme souvent pragmatiques ils seront certainement
tentés de retrouver des marges de manœuvre et de retrouver la
possibilité d’échapper aux dégâts que va produire le Brexit. Il faut
donc trouver une solution quasi-magique qui leur permette de garder la
face tout en permettant parallèlement de restaurer des passerelles.
Cette solution, c’est une forme de status quo institutionnel qui soit
néanmoins couronné par une concession de part et d’autres de la manche.
Les anglais, conformément à leur « choix » démocratique, et
malgré toutes les fraudes qui ont entaché le scrutin, verraient leur
avis respecté. Disparition d’un certain nombre de symboles. Retour à
certaines définitions typiquement britanniques. Reconnaissance de
l’indépendance de l’Angleterre. Mais maintenir en réalité l’essentiel
de la relation avec l’Europe, les droits fondamentaux des citoyens, la
libre circulation des marchandises et des capitaux avec une adhésion
hors cadre de la Grande Bretagne à l’Union douanière et financière. Ne
pas priver Londres de son rôle de principale plateforme financière
mondiale, d’ailleurs nécessaire à l’économie européenne. Ne pas
désarmer les anglais. Leur permettre au contraire d’exercer pleinement
leur souveraineté à l’intérieur implicite de l’Union européenne. Droits
et devoirs respectés, ils pourraient intégrer une classe à part qui
reste inclusive. Cette fois ci, l’Europe et l’Angleterre
bénéficieraient simultanément du meilleur de l’appartenance au
continent et éviteraient simultanément les pires développements qui
nous menacent actuellement.
Cette situation nécessite une diplomatie sans faille, une capacité de
négociation inventive, mais une aussi compréhension mutuelle des enjeux
fondamentaux qui lient nos ensembles pour éviter les écueils qui se
dessinent clairement aujourd’hui. La situation est potentiellement trop
grave, pour ne pas envisager de tenter l’impossible. Or, quand un
impossible devient un possible positif, il faut bel et bien se donner
les moyens de corriger les effets pervers du Brexit pour enfin sortir
de la sortie.
17 Septembre 2019
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