Expliquer ce qui a provoqué l’aggravation hallucinante de la situation humanitaire à Gaza et élucider son lien avec les attentats du Hamas en Israël est un gage compréhension à même de déciller les yeux des plus obtus à prendre en compte la vérité.
Un détail fondamental est passé inaperçu, ou presque, dans l’enchaînement terrible des événements violents qui ont émaillé les jours qui nous séparent du début de l’opération du Hamas en Israël. Peu avant le 7 octobre 2023, des représentants de ce groupe militaire palestinien se sont déplacé à Moscou pour y être reçus par le « Maitre » du Kremlin. De là, les conséquences de cette rencontre deviennent vertigineuses. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que les envoyés du Hamas n’ont pas discuté de Dostoïevsky ou de Gogol, mais sont bien venus prendre leurs ordres en vue d’attaquer Israël, quelques jours plus tard, même si l’opération a demandé une préparation logistique plus longue.
Ce qui s’est produit est une mise en œuvre systématique, même si chaotique et profondément barbare, de ce qui a préalablement été arrêté en Russie. Il est fondamental de comprendre, en prenant le recul nécessaire, ce qui a été intentionnellement planifié par Poutine. La nécessité à ses yeux d’ouvrir un dérivatif, un front alternatif qui détournerait l’attention du monde de l’Ukraine, en train de se relever à l’époque, un coupe feu. Déclencher une guerre en Palestine aurait l’avantage de fragiliser Kiev, les stocks d’armes américaines étant déviés de leur trajectoire initiale, le front de l’est, pour être réorientées vers Israël. L’effet induit le plus important est un retournement de la charge de la preuve au profit des régimes autoritaires. Israël s’est vu tendre un piège. Rappelons que le pays était en train de conclure un accord avec l’Arabie Saoudite et de négocier une intégration régionale approfondie. En le plaçant face à des actes de barbarie insupportables, Cette stratégie a parfaitement fonctionné. Israël est tombé du côté de son penchant autoritaire, incarné par la figure extrémiste de Nétanyahou et par la galaxie complexe de partis fondamentalistes qui l’entourent, dans le piège tendu. Celui-ci avait d’une certaine manière besoin d’un tel contexte pour justifier son maintien au pouvoir, tant l’aspiration démocratique du peuple israélien était forte et s’était manifestée dans des mobilisations monstres contre les projets antidémocratiques fourbis au cabinet des ministres et à la Knesset. Une sorte de force majeure à même de discréditer toute protestation avec l’enjeu terrible de la prise d’otages.
Une mécanique épouvantable s’est dès lors mise en place. La volonté de justice, et pour tout dire de vengeance, bien compréhensible de la population israélienne, a fait le reste. Peu à peu, la mobilisation est intervenue et la guerre contre le Hamas, peu soucieux des habitants de Gaza, pris en otage eux mêmes entre le marteau et l’enclume, a commencé. Et ce qui devait arriver, dans l’esprit du « stratège » russe, est arrivé. 33000 morts, les chiffres sont approximatifs, mais on sait qu’ils correspondent à une réalité tangible, dont des milliers de femmes et d’enfants, écrasés dans des « zones de mort », systématiquement affamés par l’armée israélienne et privés de toute aide humanitaire. Les répliques de cette secousse initiale contaminent peu à peu le Proche-Orient, avec la destruction du consulat iranien de Damas et les tensions géopolitiques qui s’accroissent, au point que Poutine s’inquiète désormais publiquement de la mécanique qu’il a lui même enclenchée, dans un accès de cynisme et de culot invraisemblable, ou comme ces apprentis sorciers dont les tours de prestidigitation échappent soudain à leur contrôle, tant des tentatives hasardeuses ont été sollicitées et réunies.
Il faut que les dirigeants du Proche Orient réalisent qu’ils ont été collectivement manipulés et se réveillent de ce cauchemar pour en inverser les tenants et les aboutissants. Qu’il sachent qu’ils n’ont été que des jouets dans un jeu qui les dépassait et qu’ils reprennent leurs esprits pour recouvrer toute leur autonomie et leur liberté.
Pendant ce temps, l’Ukraine s’est épuisée face à une fédération russe qui a été aidée par ses alliés au sein des républicains du congrès américain, bloquant une aide militaire et financière décisive au Capitole, sous la férule et à l’instigation du pire agent infiltré russe aux Etats Unis : Donald Trump lui même dont on sait parfaitement la dépendance qui le lie au président russe, détenteur de preuves compromettantes sur son compte. Non assistance à personnes en danger .
En Europe, les élections européennes sont gangrénées par d’autres agents pro-russes grassement payés par le Kremlin pour relayer la propagande prévue à cet effet, des eurodéputés qui ont été retournés par les services secrets russes. Quand un continent se retrouve avec une guerre qu’il n’a pas voulu à ses frontières, il est gravissime que des « agents publics » cherchent à désarmer l’Europe, à l’engager sur la voie de la capitulation. Un projet funeste qui vise à conforter les régimes autoritaires qui ne supportent pas les valeurs positives des sociétés démocratiques. Nous ne voulons pas de la mort de l’âme qui habite le cœur des citoyens des sociétés dictatoriales. Comme les ukrainiens, nous aspirons à la liberté et aux valeurs fondamentales de nos états de droits et de leur régime de libertés publiques. Poutine ne supporte pas ce hiatus qui discrédite son propre système de valeurs vermoulues et bancales. Il est temps que les citoyens européens se réveillent de leur léthargie et de l’hypnose médiatique que leur font subir les partis d’extrême droite avec des explications simplistes qui exploitent leurs penchants les moins avouables, et qui prétendent apporter des solutions dont tous les économistes, même le plus désastreux, contestent la véracité. Il nous faut résister à cette tentation bidon qui n’amènera que des malheurs et des aggravations majeures de la situation politique, sociale, et économique française et européenne.
Le choix est clair entre l’autoritarisme et la liberté que nous choisissons de défendre contre tous les périls qui l’assaillent.
12 Avril 2024
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