L'hydrogène, futur carburant universel
Par Thierry Vigoureux
Une
nouvelle technologie va permettre de transporter sans risque l'élément
chimique à l'état solide, et donc de le stocker plus facilement.
L'avion
carburant à l'hydrogène est-il pour demain ? Une technologie de rupture
vient d'apparaître qui offre une solution pour un stockage facile de
l'hydrogène. Des chimistes de l'université de Glasgow, collaborant avec
EADS, s'appuient sur les nanotechnologies pour modifier la structure et
la composition du matériau des réservoirs de stockage. L'hydrogène
pourra alors être transporté sans risque, à l'état solide.
L'hydrogène
(le dihydrogène, plus exactement) apparaît pour l'aéronautique, mais
aussi pour les transports terrestres, comme le carburant de rêve.
Produit à partir de l'eau et de l'électricité nucléaire, il est
l'élément le plus abondant de l'univers. Les réacteurs nucléaires de
génération IV, à très haute température, seront capables de produire de
l'hydrogène à bas coût à partir de l'eau. L'hydrogène s'inscrit dans le
développement durable, sa combustion ne produisant pas de CO2.
Au
passif, l'hydrogène gazeux est inflammable, même en petite quantité
dans l'air. Les réservoirs classiques vides d'un avion seraient alors
des bombes... à moins de les remplir par un autre gaz inerte à mesure
que l'hydrogène est consommé. Et ces réservoirs ou plutôt ces bonbonnes
pour stocker à l'état gazeux ou liquide pèsent des dizaines de tonnes,
une masse incompatible avec celle d'un avion de ligne.
Un drone doit voler en 2014
D'où
l'intérêt de cette nouvelle technologie qui consiste, en schématisant,
à faire appel à des microfibres en hydrure de magnésium (MgH2), modifié
à l'échelle nanométrique pour recevoir et libérer l'hydrogène par
capillarité. Ce système de stockage de l'hydrogène à l'état solide est
susceptible d'alimenter une pile à combustible avec la densité
d'énergie requise à bord d'un aéronef. L'électricité produite sert à
alimenter des moteurs électriques couplés à des hélices. Ainsi,
l'hydrogène amènera un nouveau concept d'aéronef propulsé par des
hélices avec des empennages qui devront s'adapter aux nouveaux
réservoirs, et non l'inverse. En gros, tous les systèmes d'un avion
devront être reconsidérés. Dans un premier temps, si la feuille de
route est tenue, EADS espère faire voler en 2014 un drone, plus facile
et moins coûteux à concevoir de A à Z qu'un avion classique. Mais
l'objectif du groupe aéronautique à long terme reste d'introduire des
appareils commerciaux fonctionnant à l'hydrogène. L'horizon 2050 semble
réaliste.
Cette
innovation à l'échelle de la molécule intéresse aussi l'automobile. Des
voitures comme la Honda FCX Clarity font déjà appel à une pile à
combustible alimentant un moteur électrique, mais son habitabilité est
obérée par une lourde bonbonne prévue pour résister à 350 bars de
pression.
Mars 2011
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