Un nouveau partenariat pour développer les énergies propres en Afrique Par Afrique Avenir
Développer
des énergies propres respectueuses de l’environnement, c’est le but de
l’initiative Paris-Nairobi lancée en avril 2011 par les représentants
de 70 pays à Paris. Développé par le Kenya et la France, ce nouveau
partenariat cherche à drainer les investissements vers les énergies
renouvelables en Afrique avec l’objectif de généraliser l’accès à
l’électricité d’ici à 2030.
Vent, soleil, fleuves,
géothermie : l'Afrique est en effet le continent rêvé pour les énergies
renouvelables, mais les projets peinent à y voir le jour. Ainsi 70 % de
la population n'a pas accès à l'électricité et ce sont les plus pauvres
qui paient l’électricité la plus chère, la moins efficace et la plus
polluante. Ce nouveau partenariat veut briser ce cercle vicieux et
parie sur le développement durable du continent.
Accroître les projets d’énergie verte
Les priorités, c'est l'hydraulique sur l'ensemble du continent qui a
des ressources absolument considérables. Et aussi l'éolien sur la côte
atlantique, la géothermie dans l'Est et le potentiel solaire. Mais pour
les bailleurs de fonds, mettre de l'argent dans des projets en Afrique,
ça ne va servir à rien, parce que les projets vont échouer. Il faut
donc réamorcer un processus de confiance.
Première étape: un groupe pilote doit travailler, pendant un an, à
rendre les projets d'énergie verte attrayants pour les investisseurs.
La priorité est mise sur le renforcement des capacités des
administrations et des collectivités locales à gérer ce type de projets
et la définition de modèles de gouvernance politique adéquat. « Nous
devons mettre en place un cadre réglementaire et législatif qui
sécurise la production et les prix, rassure les investisseurs, protège
les consommateurs », liste Elham Ibrahim, commissaire à l'énergie et
aux infrastructures de l'Union africaine.
Draîner les fonds promis pour le développement durable
Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), il faudrait 36
milliards de dollars par an pour assurer l'accès universel aux
"énergies modernes" d'ici 2030. Or, moins de 1 % de l'ensemble des
investissements consacrés aux technologies propres dans le monde sont
destinés à l'Afrique alors que le continent est, de tous, celui qui a
le plus grand potentiel en matière d'énergies renouvelables.
L’Afrique a reçu à peine 2 % de la manne du mécanisme de développement
propre créé par le protocole de Kyoto. Aujourd’hui, le continent ne
veut pas voir lui échapper les fonds promis par les pays du Nord lors
de la conférence de Copenhague sur le climat, en 2009 : 30 milliards
d'euros d'ici à 2012, puis 100 milliards d'euros annuels pour le fonds
vert. C’est donc pour défendre leurs intérêts qu’ils se sont mobilisés
dans ce nouveau partenariat.
Arrêter de subventionner les énergies fossiles
Si les énergies renouvelables ne dépassent pas le stade du projet
pilote en Afrique, « c'est aussi parce que c'est le continent qui
distribue le plus de subventions aux énergies fossiles », nuance
Monique Barbut, présidente du Fonds pour l'environnement mondial. Le
défi est d'autant plus grand qu'il s'agit de financer de grandes
infrastructures et une myriade de petits projets villageois, dont
l'échelle modeste rebute les bailleurs traditionnels. 85 % des
Africains sans électricité habitent en zone rurale, et 225 millions
d'entre eux vivent avec moins de 1 dollar par jour.
« Le point de départ, ce n'est pas le climat, c'est la pauvreté,
explique Pierre Radanne, coauteur du Livre blanc et consultant auprès
de nombreux pays africains. Si l'on finance des panneaux solaires sans
que cela génère des activités et des revenus, les habitants n'auront
pas les moyens de payer les factures, rien ne sera entretenu, et dans
dix ans, on repartira de zéro. »
D'où la vraie ambition de cette initiative : faire des énergies renouvelables le levier d'un développement économique local.
Mai 2011
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