L'hydrogène, nouveau graal des constructeurs automobiles
Par Philippe Jacqué



C'était en décembre 2013. L'entreprise Air Liquide, spécialiste entre autres du stockage d'hydrogène, réceptionnait les deux premières voitures électriques à hydrogène immatriculées en France, des ix35 de Hyundai. Le coréen est le premier constructeur mondial à produire en série ces véhicules dotés d'une pile à combustible. Un millier d'ix35 doivent être fabriquées et écoulées d'ici à 2015.

Connue depuis plus de cinquante ans, cette technologie, qui consiste à marier l'hydrogène à l'oxygène afin de produire de l'électricité et de l'eau, s'est certes bien améliorée, mais son coût de production reste prohibitif.



Produire des véhicules à grande échelle n'est donc toujours pas d'actualité, même si l'autonomie de ces véhicules zéro émission va de 300 km à 600 km, soit autant que des moteurs thermiques, et que le plein se réalise en quelques minutes à peine.

MARCHÉ ÉMERGENT

Tous les constructeurs s'y intéressent comme une alternative au véhicule hybride ou électrique pur. En 2015, Honda et Toyota entendent rejoindre ce marché qui éclot à peine. Les deux groupes nippons finalisent, indépendamment l'un de l'autre, leur projet de véhicule à hydrogène.



Ces entreprises envisagent également une production initiale de 1 000 véhicules chacun et un lancement commercial courant 2015.

« Notre ambition est de rendre abordables des technologies propres. Et celle de l'hydrogène est extrêmement prometteuse, indiquait Soichiro Okudaira, l'un des directeurs généraux de Toyota lors du Salon automobile de Genève, en mars. A ce titre, nous visons un prix le plus abordable possible. » Le premier prix de cette nouvelle berline serait de 70 000 euros.



Electricité et hydrogène en course au salon de l'auto de Tokyo

Le salon de l'automobile de Tokyo offre un boulevard aux constructeurs japonais pour exposer leurs technologies environnementales, avec une compétition intense entre les partisans de l'électricité et ceux de l'hydrogène comme "carburant" du futur.



« JOUER SUR TOUS LES COÛTS »

« Pour arriver à ces tarifs, juge M. Okudaira, il faut jouer sur tous les coûts : améliorer le rendement des cellules électriques pour en réduire le nombre et donc le prix, baisser le nombre et la taille des réservoirs ou encore baisser l'apport de platine nécessaire pour la catalyse qui permet la production d'énergie. »



D'autres constructeurs se préparent. General Motors, qui travaille le sujet depuis 1966, mais aussi l'alliance Renault-Nissan, qui a décidé de s'associer à Daimler et Ford pour mener son projet dans l'hydrogène. Renault et Nissan entendent produire leur premier véhicule en 2016.
PSA Peugeot-Citroën reste en retrait. « Nous avons mené deux programmes de recherche, explique Gilles Le Borgne, le directeur de recherche et développement du groupe. Nous suivons ce sujet, mais ce n'est pas aujourd'hui la priorité, car il reste de nombreuses questions en suspens concernant le stockage de l'hydrogène, sa distribution ou le bilan énergétique global de ces véhicules. »



STATIONS DE RECHARGEMENT

De fait, s'il existe aujourd'hui deux stations de rechargement en France, à Versailles (Yvelines) et à Grenoble chez Air Liquide, leur coût, plus de 1 million d'euros par station, reste dissuasif sans aide d'argent public et sans flotte installée…

En Allemagne, un programme de déploiement de 100 stations-service est en cours, financé à 50 % par l'Etat fédéral. Mais avant que ces stations soient assaillies, les constructeurs devront développer une offre abordable… « Il a fallu quinze ans pour imposer l'hybride, rappelle M. Okudaira. Il faudra encore beaucoup de temps pour imposer l'hydrogène. »



10 Avril 2014

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