Climat : abandonner totalement les énergies fossiles avant 2050 serait rentable
Par Louis NADAU
Les
économies générées par une telle transition écologique dépasseraient
les coûts induits, d'après un rapport de Greenpeace. Pourtant, le
soutien public aux énergies fossiles constitue encore une importante
entrave aux efforts mondiaux contre le changement climatique, dénonce
l'OCDE dans un rapport publié le même jour.
100%
d'énergies renouvelables et 0% d'énergies fossiles en 2050 ? Loin de
relever de l'utopie, une telle révolution non seulement serait
avantageuse en termes de coûts, mais permettrait aussi de créer des
millions d'emplois. L'organisation non gouvernementale Greenpeace
l'affirme dans son dernier rapport publié lundi 21 septembre, à moins
d'un mois et demi de la COP21, la Conférence des Nations unies sur le
climat qui doit se tenir à Paris en décembre.
Le coût des renouvelables "économiquement favorable" avant 2030
Selon l'ONG, qui a réalisé son étude en partenariat avec le Centre
aérospatial allemand, abandonner complètement avant la moitié du siècle
le charbon, le pétrole, le gaz et le nucléaire
demanderait des investissements de plus
de 1.370 milliards d'euros par an d'ici-là. Mais malgré
l'aspect astronomique d'un tel chiffre, l'investissement serait "plus
que couvert par les économies futures", affirme Greenpeace.
Certes, à court terme, le coût de la production d'électricité
via les énergies renouvelables est "légèrement"
supérieur, relève le rapport. Cependant "dans quelques
pays, comme la Chine et l'Inde", le scénario d'une
transition radicale dessiné dans l'étude est "économique
dès le départ et meilleur marché que les sources d'énergie
conventionnelles d'ici à 2020", affirme-t-il. L'augmentation du prix
des énergies conventionnelles pourrait par ailleurs rendre le
coût des renouvelables "économiquement favorable dans toutes les
régions du monde d'ici à 2030".
En outre, selon Greenpeace, un tel passage aboutirait à la
création de millions d'emplois. D'ici à 2030, le secteur de l'énergie
solaire, notamment, "pourrait employer autant de personnes que
l'industrie du charbon aujourd'hui, plus de 9,5 millions". Quant à
l'éolien, dans les mêmes délais, le nombre d'emplois du secteur
"pourrait être multiplié par dix, passant de 700.000 actuellement
à plus de 7,8 millions -- deux fois plus que dans les industries du
pétrole et du gaz combinées".
Plus de 140 milliards d'euros par an pour soutenir les énergies fossiles
Cependant, reconnaît Greenpeace, environ 80% de l'énergie produite dans
le monde provient aujourd'hui encore de combustibles fossiles. Les
États continuent d'ailleurs encore massivement de les soutenir,
dénonce l'Organisation de coopération et de développement économiques
(OCDE) dans un rapport également publié lundi.
Malgré une légère tendance à la baisse, dans les 34 pays de l'OCDE et
les six grandes économies émergentes du G20 -Brésil, Chine, Inde,
Indonésie, Russie et Afrique du Sud-, le soutien public aux énergies
fossiles représente encore entre 140 et 180 milliards
d'euros par an. Pour arriver à ce résultat, l'organisation a passé
en revue environ 800 programmes de dépenses et
allègements fiscaux dans son inventaire 2015. Or, en réduisant les prix
pour les consommateurs ainsi que les coûts d'exploration et
d'exploitation pour les compagnies pétrolières et gazières, ces
mesures incitent à produire ou à consommer des combustibles
fossiles et constituent ainsi une entrave aux efforts
mondiaux pour réduire les émissions et lutter contre le changement
climatique, déplore l'OCDE.
Des mesures d'une "époque révolue"
Le Secrétaire général de l'organisation Angel Gurría a notamment dénoncé un comportement contradictoire :
"Les États dépensent, pour soutenir les combustibles fossiles,
quasiment le double du montant nécessaire pour atteindre les objectifs
de financement de la lutte contre le changement climatique définis par
la communauté internationale, qui appelle à mobiliser
100 milliards de dollars (soit quasiment 90 milliards d'euros,
ndlr) par an d'ici à 2020."
Environ les deux tiers des mesures recensées -financées par
les contribuables- relèvent de "politiques qui sont héritées d'une
époque révolue où l'on considérait la pollution comme une conséquence
tolérable de la croissance économique", puisqu'elles ont été
adoptées avant l'an 2000. Aujourd'hui, la baisse des cours du
pétrole offre une occasion unique pour les gouvernements de
changer progressivement de direction, souligne l'OCDE.
23 Septembre 2015
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