La Basse-Autriche, nouveau territoire à atteindre 100 % d’énergies renouvelables
Par Angela Bolis
Les
énergies renouvelables, en pleine croissance, ont un rôle majeur à
jouer pour limiter le réchauffement climatique. La combustion d’énergie
fossile est en effet responsable de plus de 80 % des émissions de
CO2 dans le monde.
Actuellement,
les renouvelables – éolien, solaire, hydroélectricité, etc. –
représentent à peine 5 % de la consommation totale d’énergie,
dominée par le charbon et le pétrole. Toutefois, de plus en plus de
territoires, comme la Basse-Autriche cette semaine, atteignent
100 % d’énergies renouvelables.
La Basse-Autriche et ses riches ressources hydroélectriques
Jeudi 5 novembre, la Basse-Autriche – l’une des principales
provinces autrichiennes, qui compte 1,65 million d’habitants – a
annoncé couvrir l’intégralité de sa consommation d’électricité avec des
énergies renouvelables. Son mix électrique : 63 % d’énergie
hydraulique, 26 % d’éolien, 9 % de biomasse et 2 % de
solaire.
La province a consacré 2,8 milliards d’euros depuis 2002 afin de
réussir à réduire à zéro la part des énergies fossiles. Selon le
gouvernement provincial, 300 000 personnes ont pris part à un
programme local de transition énergétique, notamment en isolant leurs
logements et en installant des panneaux solaires.
Cette annonce coïncide avec le 37e anniversaire d’un référendum par
lequel l’Autriche a renoncé à l’exploitation de l’énergie nucléaire, le
5 novembre 1978. A l’échelle nationale, la république alpine veut
subvenir d’ici à quinze ans à la moitié de ses besoins énergétiques
totaux – chauffage, transports et industrie compris – grâce aux
énergies renouvelables, lesquelles couvrent déjà un peu plus du tiers
de sa consommation.
Le Costa Rica : eau, soleil, vent et volcans

Ce petit pays de près de 5 millions d’habitants prévoit
d’atteindre dès l’année prochaine 100 % d’électricité verte.
En 2015, il produisait déjà, selon l’Institut costaricain
d’électricité, 98,7 % de son électricité à partir d’énergies
renouvelables, dont 74 % hydroélectrique, 13 % géothermique,
10 % éolienne, 0,9 % issue de la biomasse et 0,01 %
solaire.
Pour parvenir aux 100 % d’énergies renouvelables, cet Etat
d’Amérique central a lancé à Reventazon, à une centaine de kilomètres
de sa capitale, l’un des principaux chantiers d’Amérique centrale après
celui du canal de Panama et la construction du canal du Nicaragua, pour
construire une centrale hydraulique. Un barrage de 130 mètres de haut
et un réservoir de 118 millions de m3, qui doivent entrer en
service en mars, avec une production, à terme, de 305,5 mégawatts (MW)
d’électricité. Dans le sud du pays, un autre barrage, encore plus
grand, est prévu. La future centrale d’El Diquis doit atteindre une
puissance de 650 MW en 2025. A condition d’obtenir
l’approbation des populations indiennes habitant la région, opposées au
projet.
Le Costa Rica compte par ailleurs neuf parcs éoliens et prévoit d’en
construire huit autres d’ici à 2017. Une septième centrale géothermique
est prévue en 2019 sur les flancs du volcan Rincon de la Vieja, au
nord-ouest du pays. Et ce n’est pas tout : le pays rêve de devenir
la première nation neutre en CO2, à l’horizon 2021.
L’île danoise de Samso, des éoliennes sur terre et sur mer

A la fin des années 1990, le gouvernement danois a mis en compétition
cinq îles chargées de devenir autosuffisantes en dix ans grâce à des
énergies 100 % renouvelables. Le projet de Samso a gagné. L’île
tire aujourd’hui toute son électricité du vent, et sa chaleur du
soleil, du bois ou de la paille.
Les parcs terrestres d’éoliennes, d’une puissance totale de 11 MW,
tournent depuis 2001, et la ferme marine, de 23 MW, depuis 2003.
L’île, qui importait auparavant son électricité produite par des
centrales au charbon par un câble sous-marin, est ainsi devenue la
première au monde à devenir autonome. Au total, 55 millions
d’euros ont été engagés dans sa reconversion durable.
Laboratoire expérimental pour le Danemark, qui vise le « sans
fossile » en 2050, Samso s’est désormais fixé comme objectif
de s’affranchir complètement des ressources fossiles en 2030, en
renouvelant son parc de transports.
El Hierro, l’île sous le vent
Cet îlot volcanique de 278 km2 et près de 11 000 habitants,
le plus petit de l’archipel des Canaries, produit toute son électricité
à partir de sources renouvelables grâce à une centrale hydroéolienne
mise en route en 2014 pour la somme de 80 millions d’euros.
Celle-ci combine les énergies du vent et de la pluie, assurant ainsi
une production constante. Et ce à un coût moindre que les sources
conventionnelles avec lesquelles l’île fonctionnait auparavant.
La centrale hydraulique et le parc éolien ont une capacité de
11,5 MW chacune, soit plus que la consommation de l’île.
L’électricité produite par les éoliennes est en partie utilisée pour
pomper l’eau d’un bassin artificiel de 150 000 m3, qui est
ensuite pulsée jusqu’à un réservoir supérieur de 550 000 m3,
à 700 m d’altitude, dans un vaste cratère volcanique. Si le vent
cesse de souffler – fait rare sur cette île –, un lâcher d’eau,
alimentant un groupe de six turbines hydrauliques, prendra le relais.
atome snippet
L’île écossaise d’Eigg, et son trio d’énergies renouvelables

Eigg, petite île d’une centaine d’habitants dans la mer des Hébrides,
en Ecosse, s’est presque entièrement débarrassée des combustibles
fossiles. Elle se repose à 98 % sur une source triple d’énergies
renouvelables : éolienne, solaire et hydraulique. Dans le détail,
ce sont une plate-forme photovoltaïque (10 KWh), trois barrages
(110 KWh) et un parc de quatre éoliennes (24 KWh) qui
fonctionnent depuis 2008, pour un coût de 2,1 million d’euros. Un
générateur diesel et des batteries permettent de garantir un
approvisionnement continu.
Les habitants, qui ont acheté leur île en 1997, doivent limiter
leur consommation d’énergie à 5 KWh par foyer, 10 par entreprise.
Si le vent, le soleil ou le courant ne sont pas au rendez-vous, ils
sont prévenus automatiquement, et doivent alors baisser leur
consommation au minimum.
Début novembre, le gouvernement régional écossais a donné son feu vert
à un projet de parc éolien flottant au large de ses côtes, premier du
genre au Royaume-Uni, qui doit entrer en service en 2017 et
alimenter 19 000 foyers. L’Ecosse s’est fixé comme objectif
100 % d’énergies renouvelables en 2020. Selon son
gouvernement, elle dispose du quart du potentiel européen en matière
d’énergie marémotrice (qui provient des marées), 10 % en matière
d’énergie houlomotrice (vagues), et d’un quart des ressources
européennes en éoliennes offshore.
Sein, la prochaine île verte ?
Certains des quelque 120 habitants de l’île bretonne de Sein rêvent de
suivre l’exemple de ces terres autonomes en énergies vertes, et de ne
plus dépendre que du vent, des courants marins et du soleil. L’île,
d’une altitude moyenne de 1,50 m, particulièrement exposée au
changement climatique, est actuellement alimentée par trois groupes
électrogènes fonctionnant au fioul – son réseau électrique n’étant pas
relié au continent.
Réunis depuis 2013 au sein de l’entreprise Ile de Sein Energies (IDSE),
une quarantaine de Sénans veulent en faire un territoire alimenté à
100 % par des énergies vertes, ce qui serait une première en
France, grâce une éolienne, quelques petites hydroliennes et des
panneaux solaires. Ils dénoncent cependant l’opposition d’EDF, qui a
l’exclusivité du service public de l’électricité sur l’île.
L’électricien indique de son côté travailler sur un projet
d’installation d’une ou deux éoliennes, couvrant de 40 à 50 % des
besoins. Mais pas davantage, car la réglementation sur les territoires
insulaires limite à 30 %, selon EDF, la puissance d’énergie dite
intermittente (éolien, photovoltaïque…), en raison d’un risque de
coupure.
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie a dévoilé
fin octobre son scénario d’une France avec une électricité 100 %
issue des énergies renouvelables. La recette : 63 % d’éolien,
17 % de solaire, 13 % d’hydraulique et 7 % de géothermie
et thermique renouvelable. Toutefois, Paris en est encore bien
loin : le Syndicat des énergies renouvelables, principale
organisation professionnelle du secteur, estimait fin septembre que
l’objectif de porter à 23 % la part des énergies renouvelables
dans la consommation énergétique finale en 2020 ne sera pas
atteint.
9 Novembre 2015
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