Les énergies vertes feraient gagner plus de 3 points de PIB à la France
Par Pierre Le Hir
Un
déploiement massif des énergies vertes en France aurait un impact
positif sur la croissance, l’emploi et le pouvoir d’achat des ménages.
C’est
la conclusion d’une étude prospective de l’Agence de l’environnement et
de la maîtrise de l’énergie (Ademe), rendue publique jeudi
30 juin. En 2015, l’établissement public avait fait sensation avec
un rapport qui montrait qu’un mix électrique « 100 %
renouvelable » en 2050 était possible dans l’Hexagone, pour
un coût comparable à celui d’un bouquet conservant 50 % de
nucléaire.
Cette fois, l’Ademe s’est livrée à une évaluation macroéconomique d’un
tel scénario. Celui-ci, précise-t-elle, s’inscrit dans la perspective
d’une division par deux de la consommation énergétique totale
en 2050, telle que la prévoit la loi de transition énergétique, et
nécessite donc de maîtriser la demande d’électricité. Il impose aussi
une baisse continue du coût des filières renouvelables. Il exige encore
de développer des solutions d’adaptation de la demande (compteurs
intelligents, etc.) et de stockage de ressources intermittentes.
Trois
hypothèses ont été retenues : un mix 100 % renouvelable
privilégiant l’éolien terrestre et en mer, un deuxième également
100 % renouvelable mais à « acceptabilité modérée » (ce
qui restreint l’éolien terrestre et le solaire au sol au profit du
solaire en toiture et des énergies marines), le dernier avec seulement
80 % de renouvelable (le complément étant d’origine nucléaire ou
fossile).
Les résultats sont spectaculaires. A l’horizon 2050, le produit
intérieur brut (PIB) de la France serait, selon l’hypothèse retenue,
supérieur de 3,6 % à 3,9 % au niveau qu’il atteindrait en
l’absence de transition énergétique. Explication : les
« effets récessifs » de cette transition (baisse d’activité
liée à la moindre production d’énergie, hausse du coût de production de
l’électricité, augmentation de la fiscalité environnementale) sont plus
que compensés par ses « effets expansionnistes » (hausse de
l’emploi liée aux investissements dans les énergies renouvelables et
l’efficacité énergétique, baisse de la facture énergétique à moyen
terme, diminution des importations de combustibles fossiles…).
L’étude anticipe de 830 000 à 900 000 emplois
supplémentaires par rapport à un modèle énergétique inchangé. Les
postes perdus dans les secteurs du nucléaire, de l’automobile et des
ressources fossiles sont, là encore, plus que regagnés par ceux créés
dans les services, la construction et la production d’énergies
renouvelables.
Autre indicateur au vert : le revenu disponible des ménages. Il
est bonifié, pour l’ensemble de la population française, d’environ
250 milliards d’euros par an, soit approximativement
3 300 euros par habitant. Cela en raison de la baisse de la
facture énergétique des foyers (quasiment divisée par deux du fait
d’une consommation réduite), en même temps que du regain d’activité
économique.
« Investir pour le climat est aussi un moteur pour notre
croissance », commente le président de l’Ademe, Bruno Léchevin.
Cette mutation énergétique permettrait en effet de faire chuter les
émissions de CO2 de la France de 68 % à 72 % au milieu du
siècle. Là encore, un vrai bénéfice.
7 Juillet 2016
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