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L’hydrogène, plan B de la voiture électrique
Par Jean-Michel Normand - Par Le Monde.fr | 18.11.2015 à 11h36 |
Après
Hyundai, Toyota et Honda dévoilent, eux aussi, leur première voiture
dotée d’une pile à combustible. Une technologie pleine de promesses….
Une
voiture électrique, mais en mieux. Un véhicule « zéro émission »
offrant l’autonomie et la simplicité d’usage d’un moteur traditionnel.
Encore inconnue du grand public, l’automobile à hydrogène avance des
arguments plutôt efficaces et, désormais, concrets. Les constructeurs
japonais Toyota et Honda viennent tout juste de dévoiler des modèles
qui seront commercialisés alors que la filière compte sur la proximité
de la COP21, fin novembre, pour se présenter à son avantage.
Le cœur de cette voiture, c’est sa pile à combustible. Au contact de
l’oxygène, elle transforme l’hydrogène, molécule à l’incomparable
densité énergétique, en électricité et rejette un peu d’eau. La Toyota
Mirai et la Honda Clarity mais aussi la Hyundai ix35, doyenne de la
catégorie, font le plein en à peine plus de trois minutes et parcourent
jusqu’à 600 kilomètres. Presque autant qu’un diesel et deux fois plus
qu’une voiture électrique — qui se recharge en au moins une demi-heure.
Environ 50 € le plein
« Les véhicules qui utilisent une pile à combustible sont les plus
efficients. L’hydrogène est le chaînon manquant vers la transition
énergétique », veut croire Pierre-Etienne Franc, directeur des marchés
et technologies avancés d’Air Liquide, gros producteur d’hydrogène. La
pile à combustible rend inutile la présence de lourdes batteries qu’il
faudra recycler et s’approvisionne grâce à des réservoirs parés à toute
épreuve, assurent leurs concepteurs. Plus largement, l’hydrogène se
présente comme un excellent moyen de stocker des énergies
intermittentes renouvelables d’origine éolienne, solaire ou
hydraulique. Ces promesses, cependant, restent encore largement
virtuelles.
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Pour
l’instant, la voiture à hydrogène ressemble à un plan B. Outre son
tarif (59 700 euros, superbonus déduit, pour la ix35 Fuel Cell de
Hyundai, par exemple), elle doit faire avec un carburant cher (50 euros
environ pour un plein, dix fois plus qu’une recharge de batteries) dont
la production n’est pas encore un modèle d’écologie. Plus de 95 % de
l’hydrogène est obtenu à partir de ressources fossiles comme le charbon
ou le gaz naturel. On peut produire « propre » à partir de biogaz, ou
par électrolyse de l’eau, mais à un coût très élevé à cause, entre
autres, de la consommation d’électricité qui y est liée.
Bref, l’hydrogène ne pourra devenir compétitif qu’à très grande
échelle, à condition de mobiliser d’énormes investissements publics
comme privés, notamment pour constituer un réseau de distribution
d’envergure, et de bénéficier d’un traitement fiscal de choc.
Une technologie adaptée aux longs trajets
La voiture électrique classique, elle, a pris de l’avance. En Europe,
des partenariats se sont déjà noués pour multiplier les solutions de
recharge alors que l’Asie voit plutôt son intérêt dans l’hydrogène.
Dans le futur, l’essor de la pile à combustible sera inversement
proportionnel aux performances des batteries, qui vont devoir fortement
gagner en autonomie et voir leur coût de fabrication baisser pour
atteindre une part de marché significative. Chez Renault, on annonce le
doublement d’ici à 2020 de l’autonomie offerte par les actuels
accumulateurs lithium-ion ; la prochaine Zoe pourra parcourir 300
kilomètres.
« La très forte concurrence à laquelle se livrent les constructeurs
permet de mobiliser les investissements et de stimuler la recherche sur
les batteries », fait valoir Eric Feunteun, directeur du programme
électrique de Renault. Celui-ci refuse pourtant d’opposer radicalement
les deux technologies. Chez Air Liquide, Pierre-Etienne Franc verrait
bien les véhicules électriques classiques assurer les transports en
milieu urbain ou sur courte distance, alors que ceux dotés d’une pile à
combustible seraient utilisés pour les déplacements au long cours.
« Etant donné que l’on ignore ce que sera la réalité énergétique dans
vingt ans, le dogmatisme n’est pas de mise. D’où la nécessité
d’investir dans toutes les technologies disponibles, y compris les
modèles hybrides », insiste, de son côté, Lionel French Keogh,
directeur général de Hyundai France. L’heure de choisir entre une
voiture dont il faudra recharger la batterie ou celle dont il faudra
faire le plein d’hydrogène semble donc encore lointaine.
Sans compter que les moteurs à explosion restent largement
hégémoniques, et que le maintien d’un cours du pétrole bas ne risque
pas d’accélérer l’arrivée de la fée électricité sous le capot des
automobiles.
10 Mars 2018
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