Qui utilise l'hydrogène aujourd'hui ?
P. B. : Dans tous les types de transports, de nombreuses
initiatives
naissent partout en France. Aujourd'hui, 250 véhicules professionnels
roulent à l'hydrogène, c'est la plus importante flotte d'Europe. Les
pompiers de Saint-Lô, dans la Manche, roulent à l'hydrogène. La ville
de Pau est en train de se doter de bus fonctionnant à
l'hydrogène. Les
70 taxis parisiens Hype, de la société Step, utilisent également
l'hydrogène. A Nantes, les navettes fluviales Navhybus sont dotées d'un
système de propulsion à hydrogène et de piles à combustible
développées par la société Symbio. Alstom a développé des rames de
train à hydrogène. Enfin, des vélos à hydrogène sont en circulation
dans différents départements.
F. F. : La filière a donné la priorité aux véhicules
professionnels -
taxis, véhicules utilitaires et de service, camionnettes - pour deux
raisons : la première est la nécessité d'apporter une réponse à
tous
ceux qui doivent circuler en ville dans le cadre de leur travail, et
qui sont de plus en plus contraints par les mesures de restriction
d'accès aux centre-villes. Ces professionnels sont, à notre sens, les
plus grandes victimes du diesel. Deuxième raison : les cibler
permet de
commencer à déployer immédiatement l'infrastructure de stations de
recharge et les véhicules hydrogène, donc de sortir du « dilemme
de
l'oeuf ou la poule » entre constructeurs de véhicules et fabricants de
stations. Cette stratégie a permis d'initier les premiers déploiements
- on compte une vingtaine de stations en France - dont les régions
prennent aujourd'hui le relais (20 stations sont prévues en
Auvergne-Rhône Alpes d'ici à 2020, 15 en Normandie, etc.). Le grand
public, lui, sera touché par l'hydrogène lorsque l'ensemble du
territoire sera maillé, certainement à horizon 2025-2030, avec environ
400 stations de recharge prévues.
L'hydrogène
coûte-t-il plus cher que d'autres solutions?
P. B. : Les nombreux projets dans les territoires et les
différents
démonstrateurs mettent en évidence que les technologies sont là et
qu'elles sont matures. Pour l'instant, ces technologies restent
onéreuses. Il faut évidemment poursuivre les travaux de recherche et de
développement, mais, à l'instar d'autres technologies émergentes, la
baisse des coûts viendra indéniablement des grandes séries.
F. F. : En matière de mobilité, nous sommes très proches des coûts
du
diesel, avec environ 7 euros pour 100 km, contre 6 euros pour
le
diesel. L'utilisation de véhicules hybrides batterie-hydrogène permet
de rouler dès aujourd'hui moins cher, à environ 6 euros pour
100 km, la
recharge en électrique, moins chère, permettant de
« compenser » celle
en hydrogène. A terme, le déploiement de la mobilité hydrogène
permettra d'abaisser encore les coûts globaux.
Que pourrait
représenter l'hydrogène d'ici à quelques années ?
P. B. : A l'horizon 2050, l'hydrogène vert pourrait représenter
18 % de
la consommation finale d'énergie dans le monde. Cela permettrait de
réduire les émissions annuelles de CO2 d'environ 6 milliards de
tonnes,
ce qui constitue 20 % de l'effort nécessaire pour limiter le
réchauffement à 2°C. En outre, pour un certain nombre d'industriels,
l'hydrogène est réellement une opportunité pour se réinventer, et donc
pour sauvegarder l'emploi. Toujours à l'horizon 2050, ce sont plusieurs
centaines de milliers d'emplois qui pourraient être concernés.
F. F. : En matière de mobilité, plusieurs centaines de milliers de
véhicules devraient circuler d'ici à 2025, avec une majorité de
véhicules utilitaires.
(1) Fabio Ferrari est directeur général de Symbio, qui conçoit, produit
et installe des kits de piles à hydrogène..
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Avril 2018
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