L’Allemagne va sortir du charbon en 2038
Le Monde - Par Cécile Boutelet Publié le 28 janvier 2019 à 11h08

Premier consommateur de minerai noir d’Europe, le pays arrêtera ses sites les plus polluants d’ici à 2022. L’accord signé samedi prévoit une enveloppe de 40 milliards d’euros pour financer la transition.

L’Allemagne va dire adieu au charbon. Presque huit ans après avoir annoncé la fin du nucléaire pour 2022, le pays a livré, samedi 26 janvier, un plan concerté de sortie de la production d’électricité à partir du minerai noir. La fin du charbon devrait intervenir en 2038, au plus tôt en 2035 si les conditions le permettent. A court terme, des capacités de production de 12,5 MW, parmi les plus polluantes seront arrêtées d’ici à 2022.

Le texte présenté samedi matin est le résultat de sept mois d’âpres négociations menées entre différents groupes d’intérêt, au sein d’une commission indépendante mise en place par le gouvernement à l’été 2018. Elle rassemblait trente et un membres, représentant les régions charbonnières, l’industrie, les syndicats ouvriers, les partis politiques, les associations environnementales ainsi que plusieurs instituts de recherche scientifique. Leurs conclusions, d’abord attendues en novembre, ont finalement été rendues samedi au petit matin.

« C’est un jour historique », s’est félicité Ronald Pofalla, coprésident de la commission, en insistant sur la portée d’exemple du texte, qui montre qu’un grand pays industriel peut organiser collectivement son désengagement de l’énergie fossile. « Cet accord est un miracle », a déclaré, de son côté, Kai Niebert, président du collectif d’associations environnementales DNR (Dachverband Deutsche Naturschutzring), en soulignant qu’il avait espéré un calendrier plus ambitieux, eu égard à l’urgence climatique. « Mais il vaut mieux un mauvais accord que pas d’accord du tout », a-t-il ajouté. En dépit des divergences qui ont émaillé les travaux de la commission, le texte final a été approuvé par 27 des 28 membres autorisés à voter.
Un effort considérable

La dernière centrale à charbon allemande devrait donc fermer en 2038. Les associations environnementales ont obtenu qu’un rapport d’étape soit effectué en 2032, afin d’avancer éventuellement la date de sortie à 2035. D’ici là, de nombreuses capacités de production polluantes seront déjà arrêtées. 12,5 GW de capacités seront mises hors réseau d’ici à 2022, dont 3 GW correspondant à des centrales à lignite, ce charbon chargé en eau, dont la combustion est fortement génératrice de CO2. En 2030, des capacités supplémentaires de 6 GW en lignite et 7 GW en houille seront également arrêtées.

L’accord devrait permettre à l’Allemagne d’atteindre ses objectifs climatiques pour 2030. Le charbon devra être remplacé partiellement par les énergies renouvelables, première source de production d’électricité allemande en 2018 (40 % du total), ainsi que par des centrales à gaz. Le plan de sortie devra être évalué en 2023, 2026 et 2029 par des experts indépendants, chargés de dire si les objectifs en termes de sécurité de l’approvisionnement, de prix et de création d’emplois sont respectés.


1er Février 2019

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