Un texte qui n'est pas contraignant
Plusieurs États membres, dont l'Espagne, ont déjà annoncé leur
intention de se tourner vers une électricité 100% renouvelable. Claude
Turmes, lui, souhaite que ce soit tout le système énergétique,
transport et chauffage compris, qui ne s'alimente qu'aux
renouvelables. Ses homologues autrichien, irlandais, lituanien et
espagnol se sont joints à son appel. Le ministre finlandais, Kimmo
Tiilikainen, a pour sa part assuré que son pays profiterait de sa
présidence, de juillet à décembre, pour faire adopter des conclusions.
Les gouvernements européens peuvent faire ce qu'ils veulent du texte de
la Commission, puisque celui-ci n'est pas contraignant. Le Luxembourg
ou tout autre pays - pourrait donc présenter lui-même un neuvième
scénario à 100% de renouvelables.
Certains spécialistes de l'énergie ont d'ailleurs déjà fait ce travail
pour la Commission en réalisant des modèles pour des systèmes
énergétiques européens, voire planétaires, qui n'incluent que des
renouvelables. C'est le cas du Danois Brian Vad Mathiesen, qui s'est
dit « honnêtement surpris que la Commission n'ait pas inclus cette
option dans sa proposition ». Il est d'accord avec Claude
Turmes : il sera difficile d'avoir un vrai débat sur l'avenir sans
ce scénario et ne comprend pas pourquoi la Commission n'a pas été
jusque-là, surtout que « la technologie changera d'ici 2050 ».
L'expert trouve aussi que les six premiers scénarios ne valent pas la
peine qu'on s'y attarde, et que les deux propositions les plus
ambitieuses, qui se concentrent sur l'économie circulaire et les
technologies telles que le captage et le stockage de carbone, ne sont
pas très différentes l'une de l'autre.
« Pour débattre là-dessus, il faut se pencher sur la pénétration
des renouvelables dans le secteur des transports, du chauffage, du
refroidissement. Partout. Il doit y avoir d'autres options »,
assure-t-il.
La piste de l'interconnexion des régions via un "super réseau"
Les chercheurs de l'université de technologies de Lappeenranta ont
récemment publié leur propre modèle d'un système à
100% renouvelable, qui impliquerait l'interconnexion de 20 régions
ou « îles » indépendantes européennes via un « super
réseau ». L'auteur de l'étude, Christian Breyer, se félicite
que cette possibilité soit à présent évoquée au niveau européen.
« L'énergie 100 % renouvelables est notre seule
option », rappelle-t-il, parce que l'énergie nucléaire et le
développement des techniques de captage et stockage du carbone sont
trop coûteux.
Il ajoute que le modèle sur lequel il a travaillé n'est qu'un exemple
d'une myriade d'études scientifiques rigoureuses qui montrent que des
systèmes énergétiques respectueux peuvent fonctionner.
Au Conseil de l'énergie du 4 mars, plusieurs ministres ont fait
référence au concept de « prosommateurs d'énergie », des
citoyens qui produisent et consomment de l'énergie. L'étude de
Christian Breyer se penche sur la question, et conclut que la
production citoyenne permettrait de faire baisser les coûts de
l'énergie. La stratégie proposée par la Commission européenne a
déjà été discutée lors d'une réunion des ministres dédiée à la
concurrence. Le troisième débat à ce sujet aura lieu dès le
5 mars, lors d'un Conseil environnement.
Les chefs d'État et de gouvernement se rencontreront quant à eux en
Roumanie le 9 mai. Ils devraient commencer à discuter de leur position,
à l'approche du sommet onusien sur le climat, prévu pour septembre
Par Sam Morgan, Euractiv.fr
10 Mars 2019
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