Quels risques pour l'environnement ?
Si les chiffres sont choquants, les conséquences environnementales de
ces déchets le sont tout autant. Tout d'abord, la production de
plastique - qui est réalisée à l'aide de combustibles fossiles - émet
près de 6 % des émissions de dioxyde de carbone mondiaux, soit 2
milliards de tonnes. Mais ce n'est pas le seul problème.
Dans l'océan, ces déchets sont également ingérés par les espèces
marines. Régulièrement, on retrouve sur les réseaux sociaux des images
choc de cachalot ou de poissons dont l'estomac est empli de plastique.
100.000 mammifères marins sont ainsi tués chaque année. Et ils ne sont
pas les seules victimes, toutes les espèces maritimes sont touchées.
Car dans l'eau, sous l'effet des vagues, des courants, du soleil, le
plastique se désagrège, jusqu'à devenir quasi invisible à l’œil nu. "On
se focalise sur les gros déchets", regrette Patrick Deixonne, fondateur
de l'ONG Expédition Septième Continent "alors qu'ils ne représentent
que 1% de la pollution plastique." Le reste : des microparticules de
moins de 5mm.
Encore plus petites, les nanoparticules peuvent provenir de plastique
dégradé mais aussi de produits de consommations, comme des crèmes par
exemple (elles sont essentielles pour leur texture.).
Quand
les poissons n'en meurent pas, on retrouve ce plastique ... dans nos
assiettes. Patrick Deixonne alerte : le plastique n'est pas le seul
polluant inquiétant. "Car ces microparticules, quand elles
voyagent avant d'atteindre l'océan - dans les rivières, les fleuves -
se chargent en POP (polluants organiques persistants), en métaux
lourds".
Et ce n'est pas tout, "le problème du plastique, c'est qu'il déplace
des espèces invasives. Ce plastique sert de radeau à des espèces qui
vont coloniser d'autres milieux dans lesquels elles ne sont pas
forcément les bienvenues", explique-t-il. "Enfin, ces plastiques
transportent des virus et des bactéries avec des agents pathogènes qui
peuvent être dangereux pour l'Homme".
Le 7ème continent
Ce sont également ces microparticules que l'on retrouve sur le
"septième continent". Les océans sont en effet traversés par des
courants marins. Dans certains endroits du monde, ils convergent et
forment des tourbillons, le plastique est alors pris au piège. Le "7ème
continent" n'est donc pas solide. Comme ces zones sont essentiellement
alimentées par des microparticules de plastique, il est Impossible
d'imaginer de marcher dessus. "Ça ressemble plus à une soupe", résume
le navigateur. Et il n'en existe pas qu'un seul, chaque gyre a son
"continent". Il en existe cinq : deux dans le Pacifique, deux dans
l'Atlantique et un dans l'océan Indien.
Qui est responsable ?
A qui la faute ? "Nous sommes un peu tous responsables" estime le WWF
dans son dernier rapport. Les pays à revenu élevé ont tout de même une
part de responsabilité plus importante puisqu'ils produisent 10 fois
plus de déchets par personne que les pays à faible revenu. Pour autant,
personne ne veut assumer la paternité ni les coûts. Les eaux
internationales appartiennent à l'humanité et les Etats s'en lavent les
mains. "Le coût de la pollution plastique n’est pas supporté par les
acteurs qui tirent profit de sa production et de son utilisation,
regrette Isabelle Autissier, présidente du WWF France. Ainsi, il est
moins coûteux de rejeter les déchets dans la nature que de gérer leur
fin de vie." Il est pourtant urgent d'agir.
Quelles solutions ?
Alors quelles solutions sont possibles ? Nettoyer les océans est un
chantier titanesque. Certains projets y contribuent, comme Ocean
Clean-Up par exemple, un bateau doté d'une bouée qui récupère les
déchets dérivant en mer. Mais cela ne suffit pas car les
microparticules échappent au piège. C'est donc en amont qu'il faut agir.
Tout d'abord en recyclant, or le recyclage du plastique fait largement
défaut à travers le monde. En France, seule 21% de la production
plastique est transformée, bien trop peu. Des efforts pourraient être
faits, mais cela ne sera jamais suffisant car les règles de sécurité et
les contraintes techniques empêchent de recycler tout le plastique
existant.
Certains experts ont donc imaginé d'autres réutilisations ingénieuses.
L'équipe de Plastic Odissey a ainsi mis en place un système qui permet
de recycler du plastique en ... carburant, en "récupérant" le pétrole
qui représente une des composantes du plastique. Mais là encore, cela
ne permettra pas de réguler l'ensemble de la pollution plastique.
De nombreuses organisations environnementales appellent tout simplement
à limiter l'utilisation de ce matériau, et notamment le plastique à
usage unique. Cela aurait de fortes conséquences car ce plastique à
usage unique représente 50% du plastique utilisé, selon l'agence
environnementale de l'ONU. Les Etats commencent à en prendre conscience
et interdisent peu à peu les couverts en plastique, les pailles ou
encore les sacs plastique. Un premier pas mais le chemin à parcourir
reste long...
Claire Cambier
13 Mars 2019
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