Les équipes de Trump ne croient pas à la survie de l’UE...
Par : Catherine Stupp | EurActiv.com | Traduit par: Manon Flausch, Marion Candau - 13 janv. 2017 (mis à jour: 13 janv. 2017)
Des
proches du président élu Trump ont demandé à des représentants
européens quels pays allaient quitter l’UE après le Royaume-Uni, révèle
l’ambassadeur américain sortant auprès de l’UE.
Le
président élu a exprimé son soutien au camp du Brexit et a proposé que
Nigel Farage, ancien dirigeant de l’UKIP, devienne ambassadeur du
Royaume-Uni aux États-Unis. Nigel Farage, qui fait campagne pour
une sortie de l’UE depuis des années, a été le premier dignitaire
étranger à féliciter en personne Donald Trump de sa victoire après
les élections.
Malgré ce soutien pendant la campagne électorale, l’ambassadeur
américain auprès de l’UE, Anthony Gardner, a prévenu
qu’un soutien officiel de Washington au Brexit serait
« une pure folie », lors d’une rencontre avec des
journalistes le 13 janvier, une semaine avant son départ de
Bruxelles.
Anthony Gardner a également révélé que les assistants du futur
président avaient demandé à des représentants de l’UE quels seraient
les prochains pays à quitter le bloc, lors d’une conversation
téléphonique à laquelle il ne participait pas, mais dont il a entendu
parler au sein des institutions.
Selon lui, cette question reflète « la perception que Nigel Farage
dissémine sans doute à Washington. Une caricature ». Nigel
Farage a récemment demandé à rencontrer le diplomate, ambassadeur des
États-Unis auprès de l’UE depuis 2014.
« Je suis outré par certaines choses qu’il a faites », a
indiqué l’ambassadeur, qui n’a jamais rencontré le politique
britannique, qu’il a qualifié de « cinglé de la politique ».
Il a cependant répondu à la requête de Nigel Farage, sans pour autant
avoir fixé de date.
« Coup de guillotine »
Le 23 décembre, l’ambassadeur, ainsi que d’autres diplomates, a
reçu une lettre l’informant qu’il serait démis de ses fonctions le
20 janvier, date de l’investiture de Donald Trump. Une nouveauté,
puisque depuis des décennies les présidents laissent à leurs
représentants plusieurs semaines, voire mois, avant de les remplacer.
« L’impact humain de ce coup de guillotine du 20 janvier est
considérable », a-t-il estimé.
Lors de sa rencontre avec les journalistes, Anthony Gardner a mentionné
une lettre écrite lors de son départ par Ivan Rogers, qui était jusqu’à
la semaine dernière l’ambassadeur de Londres auprès de l’UE. Le
Britannique, qui a démissionné abruptement, apparemment suite à des
désaccords avec son gouvernement au sujet des négociations de Brexit, y
encourageait ses homologues à « dire la vérité à ceux qui sont au
pouvoir ». Selon Anthony Gardner, Ivan Rogers a « payé le
prix » de sa franchise.
« Je respecte vraiment ce qu’il a fait. Je regrette qu’il n’y ait
pas plus de personnes comme lui sur la scène politique », a-t-il
ajouté.
Relations bilatérales
L’ambassadeur juge également qu’il serait
peu recommandable pour l’administration Trump de favoriser
des relations bilatérales avec certains pays, comme le Royaume-Uni ou
l’Allemagne, et de négliger les institutions de l’UE. Angela Merkel
devrait s’opposer à cette stratégie en utilisant son influence
politique pour défendre Bruxelles, a déclaré le diplomate.
« J’espère que l’Allemagne fera passer le message à la nouvelle
équipe : ‘Ne pensez même pas à diviser l’UE’ », a-t-il asséné.
Quand Anthony Gardner a pris ses fonctions à Bruxelles il y a
trois ans, il a promis d’accélérer les négociations sur le TTIP
entre l’UE et les États-Unis. Les discussions ont toutefois piétiné à
mesure que le soutien public pour l’accord commercial dans les pays
européens s’effritait.
Donald Trump a pour sa part adopté une position protectionniste
sur le commerce et a promis d’en finir avec les accords commerciaux
néfastes pour les travailleurs américains. « Sur le commerce, nous
ne sommes pas parvenus où nous souhaitions. Ce sera probablement mon
plus grand regret », a reconnu Anthony Gardner.
L’ambassadeur a déclaré aux journalistes que malgré l’impasse sur le
TTIP, son bureau avait surmonté une période glaciale dans les relations
entre les États-Unis et l’UE. En effet, dix mois avant qu’il prenne ses
fonctions, Edward Snowden publiait des documents fuités révélant les
activités d’espionnage des services de renseignement américain,
provoquant ainsi un scandale en Europe sur la portée de la surveillance
outre-Atlantique.
En juillet 2016, les négociateurs américains et européens ont
conclu un accord sur le bouclier de confidentialité, permettant aux
entreprises de transférer des données personnelles aux États-Unis à la
condition qu’elles garantissent la protection des normes sur la vie
privée, conformément aux lois européennes.
« J’espère que dans quatre ans nous ne serons pas dans la même
situation qu’au lendemain des révélations de Snowden », a déclaré
Anthony Gardner.
Avant qu’il ne devienne ambassadeur auprès de l’UE, Anthony Gardner a
travaillé des années pour des sociétés à capital privé et des sociétés
juridiques. Il a annoncé aux journalistes qu’il resterait en Europe
après avoir quitté son poste à Bruxelles la semaine prochaine..
15 Janvier 2017
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