Du «Brexit» à «l'erreur» de Merkel: Donald Trump étrille l'Union européenne
Par Julien Licourt Mis à jour le 16/01/2017 à 10:49 Publié le 16/01/2017 à 09:15
À
quelques jours de sa prise de fonction, le président américain élu
critique vertement certaines institutions internationales telles que
l'UE ou l'Otan. Il tend, au contraire, la main à la Russie.
Donald
Trump ne réserve plus ses déclarations fracassantes à ses désormais
célèbres tweets nocturnes. À quelques jours de sa prise de fonction, le
président américain élu a multiplié les prises de positions atypiques
dans une interview donnée au Times et à Bild, journaux respectivement
britannique et allemand. L'homme à la mèche blonde n'a pas mâché ses
mots, notamment sur l'Union européenne, pour laquelle il montre bien
peu de considération. Résumé de ses principales prises de position.
• Union européenne et «Brexit»
«Quand vous jetez un coup d'œil à l'Europe, vous voyez en réalité
l'Allemagne, estime Donald Trump. [L'UE] est en réalité un instrument
au service de l'Allemagne. C'est pourquoi je pense que le Royaume-Uni a
bien fait d'en sortir.» Pour Donald Trump, le «Brexit» est
incontestablement un succès pour le Royaume-Uni. Il assure qu'il va
«travailler dur» pour qu'un nouvel accord commercial soit conclu «très
rapidement» entre Londres et Washington. Il répond aussi favorablement
à la requête de la première ministre Theresa May: «Nous nous verrons
dès que je serai entré à la Maison-Blanche.» L'annonce de cet accord a
en tous cas déjà réjouit le ministre des Affaires étrangères
britannique, Boris Johnson, qui a jugé que c'était «une bonne nouvelle
[...] dans l'intérêt des deux parties».
Le président élu est persuadé que la crise des réfugiés a été mal gérée
et qu'elle est à l'origine du départ du Royaume-Uni de l'UE. «Les
peuples, les pays veulent conserver leur identité. Le Royaume-Uni veut
sa propre identité. Mais je crois que si on ne l'avait pas forcé à
accepter tout ces réfugiés avec tous les problèmes qui vont avec… Je
pense qu'il n'y aurait jamais eu de “Brexit” […] Je pense que d'autres
pays vont quitter l'UE à leur tour.» L'Allemagne et sa chancelière,
Angela Merkel, qui ont été en pointe dans l'accueil des réfugiés,
qualifié par Trump «d'illégaux», ont commis «une erreur
catastrophique». Il assure cependant avoir «un profond respect» pour
Angela Merkel.
«La meilleure réponse à l'interview du président américain, c'est
l'unité des Européens», c'est de «faire bloc», a réagit le ministre des
Affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault.
• L'Otan
L'UE n'est pas la seule institution internationale à être sévèrement
jugée par Donald Trump. L'Otan, considérée comme «obsolète», n'a pas
non-plus l'estime du président élu. Elle n'a pas su, selon lui, muter
pour s'adapter à la menace actuelle, le terrorisme islamique. Autre
problème, «les membres ne payent pas ce qu'ils doivent régler et nous
sommes tout de même censés les protéger.» «Ils sont seulement cinq à
payer correctement. Cinq sur vingt-deux ce n'est pas beaucoup. Je pense
que c'est très injuste pour les État-Unis.» Peu d'États de l'Alliance
atlantique atteignent le niveau de 2% de leur produit intérieur brut
pour les dépenses militaires, l'objectif que s'est fixé l'Otan en 2014.
Malgré cela, le président élu assure tout de même que «l'Otan est très
importante» pour lui.
Ces déclarations ont été fraîchement accueillies «avec inquiétude» au
QG de l'Alliance, selon le ministre allemand des Affaires étrangères,
Frank-Walter Steinmeier, à la sortie d'un rendez-vous avec le
secrétaire-général de l'Otan Jens Stoltenberg. «Nous verrons quelles
seront les conséquences pour la politique américaine.»
• Irak et Syrie
Donald Trump estime que l'invasion de l'Irak a été une erreur. C'est
l'une «des pires décisions, peut-être la pire décision jamais prise
dans l'histoire par notre pays. Cela a été comme jeter une pierre sur
une ruche.» Concernant la Syrie, il critique l'attentisme de
l'Administration Obama. «Nous avions la possibilité de faire quelque
chose, une ligne rouge a été franchie et… rien ne s'est passé.
Maintenant il est beaucoup trop tard.» Il a également condamné l'action
de la Russie dans ce pays.
• Russie
Cette critique ne remet cependant pas en cause sa volonté d'améliorer
les relations des États-Unis avec la Russie. Il le prouve une nouvelle
fois en proposant de réduire les sanctions imposées à Moscou suite à
son implication dans la crise ukrainienne et à son annexion de la
Crimée. «Voyons si nous pouvons passer des accords qui peuvent nous
être bénéfiques avec la Russie. Je pense, par exemple, que l'arsenal
nucléaire pourrait être considérablement réduit. Les sanctions font
très mal à la Russie. Je pense que quelque chose pourrait arriver dont
beaucoup de monde pourrait tirer des bénéfices.»
Trump promet une assurance maladie «pour tous»
Abroger l'Obamacare. Pour Donald Trump, se débarrasser de la réforme
emblématique de son prédécesseur, qu'il estime être une usine à gaz,
est une priorité. Cependant, ces derniers jours, de nombreuses voix se
sont élevées chez les Républicains, modérés comme conservateurs, pour
dénoncer l'absence de projet précis de remplacement. Au Washington
Post, Donald Trump affirme qu'il y aura «une assurance pour tous», même
pour ceux qui «n'ont pas les moyens de payer».
L'Obamacare n'a pas créé d'assurance publique aux États-Unis mais a
renforcé la régulation du marché privé des assurances, dont dépend de
nombreux Américains. Les assureurs n'ont plus le droit de faire varier
le montant des primes d'assurance selon les antécédents médicaux, ou de
refuser d'assurer un patient trop coûteux.
Les personnes assurées «peuvent s'attendre à avoir des très bons
services de santé». «Ce sera sous une forme bien plus simple. Bien
moins chère et bien meilleure», assure Donald Trump.
16 Janvier 2017
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