|
Budget de la zone euro : les Européens font de la résistance
LE MONDE ECONOMIE | 30.06.2018 à 10h21 • Mis à jour le 30.06.2018 à 10h24 | Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)
Si
Paris a réussi à inscrire cette idée à l’agenda européen, le président
Emmanuel Macron n’a pas obtenu d’engagements de ses partenaires
vendredi au sommet de Bruxelles.
Le
sujet migratoire a occulté tous les autres à Bruxelles, vendredi
29 juin, mais les dirigeants européens s’y retrouvaient aussi pour
un sommet spécial sur l’eurozone. Prévu de longue date, ce rendez-vous
expédié en deux petites heures devait pourtant être le moment pour le
président Emmanuel Macron de faire endosser par ses partenaires son
projet de budget de la zone euro. Après la déclaration de Meseberg le
19 juin avec l’Allemagne, détaillant une vision franco-allemande
pour une zone euro plus intégrée, la France espérait voir figurer des
engagements ambitieux des 27 pays membres de l’Union européenne (UE) –
sans le Royaume-Uni – dans les conclusions du sommet.
Las ! La déclaration commune à 27 s’est contentée de souligner
qu’elle accueille « favorablement les contributions nationales, y
compris celle présentée par la France et l’Allemagne ». Le texte
note aussi que « l’Eurogroupe [qui réunit les ministres des
finances de la zone euro] examinera de manière plus approfondie toutes
les questions mentionnées dans la lettre » de son président Mario
Centeno, qui signale le lancement d’une réflexion sur un budget commun.
« Avancer par temps calme »
« Il y a trois mois, tout le monde disait : jamais vous
n’aurez un accord, ne serait-ce qu’avec les Allemands, sur un budget de
la zone euro, a déclaré M. Macron vendredi. Je ne suis pas un
fétichiste. Mais cette séance n’était pas une séance d’écriture, et
nous allons maintenant travailler pour construire sur cette base un
accord européen à 19 [les membres de la zone euro]. »
« Je veux que nous puissions avancer par temps calme », a
ajouté le chef d’Etat français, faisant allusion à tous ceux, très
nombreux dans l’UE, y compris dans le parti de la chancelière allemande
Angela Merkel, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), qui estiment qu’en
ces temps de croissance retrouvée, la zone euro n’a pas besoin de
réformes, juste de stabilité.
|
Même
s’il est parvenu à inscrire le « budget de l’eurozone » à
l’agenda européen – c’est une performance pour un sujet aussi
controversé –, le président français fait face à une forte
hostilité sur ce sujet. De nombreux dirigeants européens continuent à
refuser tout concept de pot commun. Pas question, résument-ils, de
payer pour la mauvaise gestion des autres capitales.
Rappel des « nonistes »
Trois jours à peine après la déclaration de Meseberg, le ministre des
finances néerlandais, Wopke Hoekstra, battait déjà le rappel des
« nonistes », avec un courriel au président de l’Eurogroupe
pointant « les larges divergences existant sur la nécessité d’un
budget de l’eurozone ».
« Il n’y a clairement pas de consensus sur le fait de commencer à
y travailler » ni sur la possibilité d’utiliser une future taxe
sur les transactions financières (TTF) pour financer ce budget commun,
ajoutait ce ministre conservateur du gouvernement du libéral Mark
Rutte. Dans son message, M. Hoekstra cite d’autres collègues
(letton, luxembourgeois, belge, autrichien, estonien, suédois,
finlandais…) censés partager ses réticences.
Depuis, les ministres luxembourgeois et irlandais se sont légèrement
désolidarisés. Et de fait, ce sont davantage les ambitions en matière
d’harmonisation de l’impôt sur les sociétés qui leur posent problème.
Mais les Néerlandais restent intransigeants : « Nous
disposons déjà d’un budget de la zone euro : les
200 milliards d’euros dépensés dans les fonds structurels, les
fonds de cohésion ou la politique agricole » au sein du budget de
l’UE, a déclaré M. Rutte vendredi.
1er Juillet 2018
Abonnez-Vous au Monde
Retour à l'Europe
Retour au Sommaire |
|
• INFORMATIQUE
SANS FRONTIERES • |
|
|