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Une nécessaire résurgence européenne
Par Gilles Marchand
Face
aux difficultés qu'elle traverse, L'Europe a besoin de montrer le
meilleur d'elle même et a le devoir de réinventer une part importante
des modèles de l'avenir.
La
nature des nouvelles actuelles cachent un fait essentiel : les
européens qui comptaient sur leur seule masse critique pour faire face
aux mouvements ambiants se rendent désormais compte de l'importance
d'une réponse concertée, d'une vigilance et d'une attention accrue aux
problématiques communautaires, ainsi que de la nécessaire qualité des
réponses qu'il est indispensable d'apporter aux enjeux d'aujourd'hui.
Affaiblie, l'Europe manque au monde et le monde se retrouve face à un
vide dangereux qu'il est crucial pour les européens de rapidement venir
combler, tant chacun de ses pays prend conscience du fait que
l'amélioration de leur situation tient dans leur union véritable et de
la faculté de mieux répondre aux questions qui se posent. Toute
l'expertise et soft power européens doivent être mis en œuvre afin de
mieux faire face aux nouvelles mécaniques à l'œuvre. Ensemble, les pays
de l'union peuvent accroître le niveau de leur réponse face aux
difficultés qu'ils traversent.
De
leur capacité à se réinventer dépendra en grande partie la prospérité à
venir en Europe et dans le Monde. La constitution d'une diplomatie
européenne est, à ce titre, une bonne nouvelle. Il s'agit d'imaginer
une articulation nouvelle entre les populations européennes dans leurs
échanges avec le monde extérieur. S'appuyer sur l'héritage historique,
linguistique et culturel, traduire les pans méconnus de chacun des
patrimoines littéraires nationaux afin de renforcer leur imprégnation
internationale en permettant au monde d'accéder, par des moyens
numériques notamment, aux chefs d'œuvres européens et d'encourager la
création afin de créer le tissu entrepreneurial du quatrième secteur
économique des biens immatériels, en mettant véritablement en œuvre
l'esprit de Lisbonne et l'économie du savoir. Cette création de
richesse large profitera à l'intérieur et à l'extérieur de l'union,
renforçant les coopérations, accentuant les échanges, multipliant les
marques d'amitié et les signes encourageants d'une coopération
internationale accrue.
La
productivité européenne a une grande marge de progression, par une
meilleure contribution des outils technologiques, les bourses sont sous
évaluées par rapport à la valeur réelle des actifs, de larges bassins
de populations rongent leur frein en attendant de pouvoir enfin se
mettre au travail et de gagner un véritable salaire, plutôt que de
rester indéfiniment dans le bon an-mal an insuffisant des solutions
d'aide publiques. Il en résultera un pouvoir d'achat accru qui leur
permettra de maîtriser à nouveau leur destin, ce qui, si un large
mouvement de création d'entreprises à toutes échelles voyait le jour,
créerait un double mouvement vertueux, renforçant les ressources de
l'état et diminuant la charge de ses dépenses. Le haut niveau
socio-culturel des pays européens est à ce titre un atout fondamental.
La démographie n'est pas un problème, si elle donne lieu à la
définition d'une politique d'immigration inspirée avec l'attribution
d'une sorte de carte verte comme c'est le cas aux Etats-Unis. Plus
solidaire, l'amitié européanno-américaine cimentera davantage les
échanges et donnera lieu à un accroissement des enrichissements
mutuels. Le commerce avec l'Asie ira en croissant et s'équilibrera
davantage. La redéfinition de l'université à l'aune des nouvelles
technologies offrira la possibilité de massification réussie de
l'enseignement supérieur, ce qui accroîtra les opportunités pour les
marchés, et les opportunités de métiers seront elles aussi
renforcées par ce mouvement de retour de la prospérité pour le plus
grand nombre. Cette impulsion se fera au détriment de personne, tout le
monde étant appelé à se retrouver gagnant dans cette mutation
respectueuse de l'existant, et ô combien hautement nécessaire. Il faut
pour cela le retour de cet élément magique de la conscience des
nations, à savoir la confiance en l'avenir, l'optimisme, et le retour
d'une vision consentie du monde ainsi qu'une adhésion plus large aux
valeurs qui cimentent notre continent si celle-ci savent véritablement
se préoccuper de remettre l'Homme — et le Femme — au centre du
dispositif sociétal. Un plus un, plus un, plus tout le monde...
Alors,
il y a fort à parier que nous verrons sourdre de partout les éléments
du futur et renaître les zones que l'on croyait dévitalisées. L'Europe
y gagnera une faculté d'inspiration pour elle même et les autres en
faisant faire à ses partenaires des sauts qualitatifs particulièrement
bienvenus. Plutôt que de systématiquement recourir à de recettes qui
ont démontré une part de leur dangerosité et demandent par conséquent
une articulation nouvelle entre une pensée macro et micro économique
qui tiennent compte de tous les éléments de réalité de chaque approche,
ce fameux capitalisme créatif dont parle Bill Gates auquel il faut
adjoindre un pilier social fort, une solidarité des individus les uns
envers les autres. L'Europe pourra jouer, aux côtés des grandes
puissances, son rôle positif et essentiel de catalyseur de la nouveauté
dont la nécessité apparaît désormais à l'échelle mondiale...
Février 2010
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