Accord de la zone euro sur un plan de sauvetage de la Grèce Avec LEMONDE.FR avec AFP
Les
pays de la zone euro se sont entendus, mardi 21 février au matin, sur
un nouveau plan de sauvetage sans précédent de la Grèce de 237
milliards d'euros. Treize heures de tractations ont été nécessaires
pour éviter - ou repousser -, une faillite du pays aux conséquences
imprévisibles pour l'Europe entière.
Les marchés ont accueilli la nouvelle avec fraîcheur, Paris cédant 0,20
% à l'ouverture, Londres 0,20 %, Francfort 0,17 %, Milan 0,17 % et
Madrid 0,02 %. Même si ce matin l'euro se remplumait légèrement
face au dollar, de nombreux économistes pensent qu'à terme la Grèce est
condamnée à quitter la monnaie unique.
Les ministres des finances de l'Union monétaire ont veillé jusqu'à
quatre heure du matin pour régler les problèmes de la Grèce, engluée
depuis cinq ans dans la récession. Leur chef de file, Jean-Claude
Juncker, a expliqué que cet accord "'de grande ampleur" devait
permettre "de garantir l'avenir du pays dans la zone euro". Le
commissaire aux affaires économiques européen, Olli Rehn, espère de son
côté que la Grèce puisse "prendre un nouveau départ".
Le plan du jour comprend d'une part un volet d'aide publique, des prêts
pour l'essentiel, à hauteur de 130 milliards d'euros jusqu'à la
fin de 2014. Cette somme vient s'ajouter aux 110 milliards
d'euros au premier programme de prêts en faveur du pays, décidé
en mai 2010. L'autre volet de l'accord porte sur un effacement de la
dette de la Grèce détenue par ses créanciers privés, banques et fonds
d'investissement. Ils vont finalement accepter une perte de
53,5 %. Un effort accru par rapport à l'objectif initial, qui
était de 50 %. Ce plan de sauvetage doit permettre de réduire
l'endettement grec à hauteur de 120,5 % d'ici à 2020.
"UN SAUVETAGE SOUS CONDITIONS"
Les pertes réelles dans les comptes des créanciers privés seront
supérieures à 70 %, selon le comité des créanciers privés de la
Grèce. Cet effacement doit permettre de réduire la dette du pays de 107
milliards d'euros : un montant inédit dans l'histoire économique
mondiale, qui dépasse de loin la restructuration de la dette de
l'Argentine.
La Grèce s'est dite "très satisfaite" et devrait être en mesure de
faire face à une échéance de remboursement de 14,5 milliards
d'euros qui tombe le 20 mars, et ainsi éviter le défaut de paiement. Le
gouvernement avait rempli politiquement sa part du contrat en se pliant
aux exigences de ses créanciers publics : il a adopté un nouveau plan
d'austérité de trois milliards d'euros d'économies, comprenant
notamment une réduction du salaire minimum et une limitation des
retraites. Au prix de violentes manifestations et de turbulences
politiques.
"Même si tout se passe comme prévu, le prix à payer pour mettre en
oeuvre la nouvelle opportunité qui nous est offerte sera lourd", estime
Ethnos, un quotidien de centre gauche. Et, dans une certaine mesure, il
en va exclusivement de notre responsabilité". Aux yeux de Ta Nea,
journal pro-gouvernemental, il s'agit d'un "sauvetage sous conditions".
La population locale accepte de plus en plus difficilement les coupes
budgétaires successives exigées par les créanciers. Dans ce contexte,
de nombreux économistes doutent que le nouveau plan de sauvetage soit
réellement le dernier chapitre de la crise grecque. Les chefs des deux
partis de la coalition au pouvoir, socialistes et Nouvelle Démocratie
(droite), se sont engagés par écrit à respecter les promesses faites -
des économies budgétaires et des réformes -, y compris après les
élections législatives anticipées prévues en avril.
UN PAYS SOUS TUTELLE ?
Les négociations ont traîné en longueur car les principaux bailleurs de
fonds de la Grèce ont mis le doigt sur un trou de plusieurs milliards
d'euros à combler pour parvenir à réduire la dette grecque à 120 % du
PIB d'ici à 2020. C'est l'objectif fixé par le Fonds monétaire
international et certains pays de la zone euro, comme l'Allemagne et le
Luxembourg, qui permettra selon eux à la dette grecque de rester
soutenable sur le long terme. Ce plan de sauvetage doit permettre de
réduire l'endettement grec à hauteur de 120,5 % d'ici à 2020.
Le pays fera en contrepartie l'objet d'une surveillance encore
renforcée de la part de ses créanciers. "Le plan de sauvetage de la
Grèce se fonde sur une stricte conditionnalité : il prévoit de
renforcer la surveillance de la Grèce et d'imposer une présence
permanente de la mission de la Commission européenne sur place" chargée
de l'aider à moderniser son appareil d'Etat, a ainsi déclaré M. Rehn.
Le ministre français des finances, François Baroin, a exclu l'idée
d'une mise sous tutelle de la Grèce. "La tutelle n'est pas un mot qui
fait partie de notre vocabulaire. Un contrôle, un monitoring, un
accompagnement, des conseils, un suivi, une poursuite de l'expertise
par la troïka (UE/BCE/FMI), mais tutelle en aucune façon".
LE FMI DÉCIDERA DE SA PARTICIPATION EN MARS
Pour maintenir leur objectif de ramener le ratio de dette publique
grecque à 120 % de son PIB, sans augmenter les prêts des
gouvernements qui refusaient de remettre la main à la poche, les
ministres des finances de la zone euro ont dû opter pour d'autres
solutions. L'aide publique comme l'effort des banques privées
créancières ont été augmentés. L'opération a été délicate, car l'effort
des banques doit rester volontaire, sous peine de déboucher sur un
défaut de paiement pur et simple de la Grèce.
En outre, ce plan d'effacement de la dette doit être lancé d'ici à la
date limite de mercredi pour éviter à la Grèce de sombrer dans la
faillite d'ici à l'échéance du 20 mars. Les regards se tournent aussi
désormais vers le FMI, qui semble disposé à participer à l'aide
publique de 130 milliards d'euros, mais pour un montant toutefois
encore non chiffré. Le Fonds prendra sa décision dans la deuxième
semaine de mars, a dit sa directrice générale, Christine Lagarde.
Février 2012
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