La BCE salue la solidité de la zone euro
Par Aline Robert




Le président de la Banque Centrale Européenne estime que la zone euro est aujourd'hui plus résistante aux aléas politiques qui affectent ses membres, dont l'Italie ces derniers jours. Mais la situation économique est jugée fragile.

Réunis à Paris pour une réunion exceptionnellement délocalisée, les gouverneurs des banques centrales nationales ont décidé mercredi de maintenir inchangée la politique monétaire actuellement appliquée dans la zone euro. Le taux de refinancement de la Banque Centrale européenne est actuellement historiquement bas, à 0,5 %. Le président de la BCE, Mario Draghi, a rappelé que la croissance était encore faible, et que le niveau d'inflation, attendu à 1,3 % pour la zone euro cette année, était « contenu ».



Une situation économique « faible et fragile »

La BCE n'a donc pas de raison de s'engager dans une politique monétaire moins accommodante, bien que certains gouverneurs l'aient proposé durant leurs discussions, selon Mario Draghi. Se montrant très prudent sur l'économie européenne, l'ancien banquier de Goldman Sachs a aussi jugé la reprise économique en Europe « faible, fragile et inégale ».

« La croissance du PIB réel a été positive au deuxième trimestre après six trimestres de croissance négative de la production et les indicateurs de confiance jusqu'en septembre confirment l'attente d'une amélioration progressive de l'activité économique par rapport à ses points bas" a-t-il indiqué. Mais le président de la banque centrale a aussi déploré la stabilisation des taux de chômage à des niveaux très élevés, et que toutes les améliorations partaient de niveaux très faibles. Un discours plutôt sombre, qui a paradoxalement fait grimper la monnaie unique.



La BCE se félicite de la solidité de la zone euro

Car au-delà d'une analyse prudente sur l'activité économique, Mario Draghi a aussi estimé que la zone euro était aujourd'hui solide. Sur la question de l'Italie, ébranlée ces jours-ci par une crise politique après que l'ancien cavaliere, Berlusconi, a demandé à ses troupes de se retirer du gouvernement, Mario Draghi a estimé que la zone euro était aujourd'hui plus forte résistante aux crises qui peuvent éventuellement agiter ses membres, notamment en ce qui concerne les pays du Sud. Après les crises traversées par la Grèce, le Portugal, l'Espagne ou l'Irlande, le gouverneur estime donc que la crise italienne ne préoccupe plus autant qu'auparavant les marchés financiers. Les taux d'intérêt de la dette italienne ont d'ailleurs relativement peu réagi aux agitations politiques de ces derniers jours, ce que la Banque Centrale européenne interprète comme un gage de confiance par rapport à l'euro.


Manifestation Pour l'Europe des Peuples

La question du niveau de l'euro, qui est actuellement fort face au dollar et a notamment rebondi depuis la fermeture des services fédéraux des États-Unis lundi, a également été évoquée. Mario Draghi a comme à son habitude botté en touche sur le sujet, indiquant qu'il n'avait pas d'objectif de change pour la monnaie unique. Une phrase dans laquelle les cambistes ont lu une indifférence royale pour le taux de change, ce qui a brièvement fait passer l'euro au-delà des 1,36 dollars.



La défiance face à l'euro peu prise en compte

Interrogé sur les signes de montée de la défiance envers l'euro, qui se sont notamment manifesté lors des dernières élections en Allemagne -où le parti anti-euro, Alternative fur Deuschland, a frôlé les 5 %, ou encore en Autriche dimanche dernier, le gouverneur de la Banque Centrale Européenne s'est dit préoccupé par ce sujet. Tout en proposant une réponse qui ferait frémir un chômeur grec. « Nous devons, pour répondre à ce problème, nous appuyer sur nos trois piliers : les réformes nationales, une politique stable à la BCE et une coopération accentuée entre gouverneurs ». Un programme qui soutient l'euro certes, mais dont les retombées économiques et sociales se font attendre.



RÉACTIONS :

Premier gérant de fonds au monde, BlackRock a indiqué qu'il continuant à acheter les dettes portugaises, irlandaises et slovènes, qui sont les plus à risque aujourd'hui.  Une preuve de confiance dans la politique de la BCE.


6 Octobre 2013

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