Selon l'écrivain Olivier Guez, l'Europe doit, pour unir ses citoyens, revendiquer son histoire et son identité, mais aussi développer des «consciences européennes».

Les Européens, tous unis en 2030 ? Au train où vont les choses, certainement pas. Mais cela sera peut-être possible, à condition que l’Europe cesse de se cacher derrière son ombre, assume son héritage et ses histoires, revendique son identité, ce «maximum de diversité dans un minimum d’espace», selon la formule de l’écrivain Milan Kundera.



L’Europe doit enfin commencer à façonner des Européens. A devenir charnelle, avec des couleurs, des senteurs, un folklore, toute une force poétique qui existe déjà mais que nous ne savons, ne voulons ni voir ni exploiter.



L’Europe doit devenir un objet de désir afin que les Européens s’unissent, vraiment, pas seulement pour faire du business ou surveiller le déficit et la dette du voisin. Il faut leur donner envie et les attacher à des symboles forts, leur apprendre à jouir, chérir et développer leurs formidables ressources.



L’Europe ne compte-t-elle aucun génie pour illustrer ses billets par des ponts et des arcs sans âme ? Organisons un référendum par Internet afin de désigner les grandes personnalités qui figureront sur notre monnaie.



Instituons un cours d’éducation civique européenne dans toutes les écoles du continent, favorisons la mobilité, l’apprentissage des langues européennes, les échanges d’écoliers, d’étudiants, de fonctionnaires, de politiciens et même de retraités. Harmonisons les régimes de retraite et de santé : créons un espace public, médiatique et culturel continental.



On ne peut plus construire l’Europe sans Européens. Aussi, développons des consciences européennes, décloisonnons nos pays, nos régions et nos villes tentés par le repli, la peur de l’autre. Coalisons les hommes et les idées, pas seulement les économies et les Etats. En un mot, créons des passeurs, les futurs interprètes et intermédiaires de l’unité spirituelle de notre belle Europe.



2 Avril 2014

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