La croissance sauvera l’Europe
Par Isabelle De Laminne
Ce
sont trois ténors de la politique et de l’économie qui étaient attendus
ce lundi à Bruxelles à l’invitation du groupe de presse Bertelsmann
devant une salle comble au Bozar. Georges Soros, investisseur et
philanthrope, Herman Van Rompuy, Président du Conseil européen et
Pierre Moscovici, ancien Ministre français de l’économie et des
finances, ont débattu de l’avenir de l’Europe.
Croissance et Ukraine
Revenant sur l’élection de Jean-Claude Juncker à la présidence de la
commission européenne, Herman Van Rompuy a rappelé que ce choix a été
validé par 26 pays contre 2. « Un des problèmes de l’Europe est que les
gens agissent plutôt comme membres d’un parti. Nous devons développer
de meilleures procédures. Le Royaume-Uni fait partie de l’Europe et
nous ne pouvons pas envisager une Europe sans ce pays. Déjà,
historiquement, des dizaines de milliers d’hommes du Commonwealth se
sont battus pour notre liberté.
Les commémorations à Ypres ont été très émouvantes. Il ne faut pas non
plus se laisser aveugler par la montée des euros-sceptiques et des
nationalistes : la majorité des partis sont pro-européens », rappelle
le Président du Conseil européen.
Pour George Soros, le destin de d’Europe passera par la croissance et
la création de nouveaux jobs et cela pourrait être encouragé par la
création de nouveaux instruments financiers. « Aujourd’hui, la crise
est derrière nous.
La BCE peut favoriser une politique de croissance en générant des
liquidités par des instruments comme des obligations qui financeraient
des investissements à projet (project investments bonds). Ces
liquidités pourraient alors financer de grands projets d’infrastructure
qui relancerait la croissance», estime George Soros. Ce Hongrois
d’origine est aussi particulièrement préoccupé par la situation en
Ukraine.
« Il faut être conscient qu’une nouvelle Russie est en train d’émerger
avec Poutine qui ne veut pas lâcher l’Ukraine. L’Europe a un rôle à
jouer dans cette nouvelle donne géostratégique. Elle doit exercer une
bonne gouvernance internationale », souligne-t-il encore.
Les trois intervenants ont souligné l’importance de combattre la baisse
de la croissance et de relancer la compétitivité de la zone euro. « Si
on ne peut pas relancer la croissance et fournir des emplois aux gens,
ce sont les minorités anti-européennes qui prendront de l’importance et
qui stigmatiseront des éléments en particulier comme les migrants.
Nous avons donc comme mission de mettre la croissance au centre de nos
préoccupations et de relever la compétitivité de l’Europe vis-à-vis du
reste du monde », reconnaît Herman van Rompuy. Pierre Moscovici est,
quant à lui, persuadé du bien-fondé de réformes à entreprendre. «
L’Europe a besoin d’une Allemagne et d’une France fortes.
Les mesures prises par Mario Draghi sont de bonnes mesures mais elles
ne peuvent pas occulter la nécessité de poursuivre des réformes en
profondeur », souligne cet ancien ministre. A la question de savoir
quelle Europe George Soros voudrait voir pour ses petits-enfants, la
réponse est sans ambiguïté : « Je veux une Europe qui fonctionne
réellement. Le monde a besoin de l’Europe, il a besoin d’une bonne
gouvernance internationale. Les problèmes de l’Europe sont les
problèmes du monde. La paix doit être maintenue ».
28 Mai 2014
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