Sauver la Grèce, c'est sauver l'Europe
Par Marianne

"Marianne" lance un appel, signé par une quarantaine de personnalités politiques et intellectuelles, à l'attention des gouvernements et des dirigeants des institutions européennes. Car si nous n'y prenons pas garde, il faudra peut-être bientôt ramasser deux cadavres : celui de la Grèce mais aussi celui de l’idée européenne. Lisez-le, signez-le et partagez-le.

La Grèce : onze millions d’habitants, 2 % du PIB européen, 4,8 millions de chèvres, une destination de vacances rêvée... Et, depuis le week-end dernier : l’objet d’une vive émotion, d’une solidarité. À table en famille, dans les discussions impromptues au kiosque à journaux, dans les digressions de machine à café : on parle des Grecs et, souvent, on soutient les Grecs. On les soutient contre une Europe qui persiste et signe dans une politique d’airain, qui n’a jusqu’à maintenant pas porté ses fruits et qui semble devenue sourde à l’expression des peuples.


 
La France a connu cela en 2005. Consultés par la voie d’un référendum, les citoyens avaient rejeté le traité constitutionnel européen. Et pourtant, à Bruxelles, on avait fait peu de cas de cette expression souveraine. C’était il y a dix ans. Depuis, nous n’avons cessé d’en payer le prix. Quelle est la part de ce passage en force dans l’étiolement de l’idée européenne, dans nos niveaux d’abstention électorale historiques ou dans la désaffection amère à l’égard nos représentants politiques ?
 
Aujourd’hui, avec le cas grec, l’Europe est devant son heure de vérité : elle ne se relèverait pas d’un tel déni de démocratie. C’est ce que ressentent beaucoup d’Européens, quoi qu’ils pensent de la responsabilité des dirigeants grecs et de la nécessité de mettre en place des réformes structurelles. C’est une émotion qui transcende les clivages, et les signataires de notre appel le prouvent.
 
Bien sûr, nous avons essuyé quelques refus – certains, qui sont pour la fin de l’euro, trouvaient notre texte « petit bras » ; d’autres l’approuvaient en off  mais ne voulaient pas publiquement s’éloigner de la ligne du parti... Mais beaucoup, donc, ont répondu présent : ils ne pensent la même chose ni d’Alexis Tsipras, ni de l’euro, ni des politiques économiques à mener, mais tous se retrouvent autour de la défense de l’expression démocratique sans laquelle il n’y aura plus d’idéal européen.
Anne Rosencher
 
L'appel de "Marianne"

SAUVER LA GRÈCE, C'EST SAUVER L'EUROPE



Qu’on y prenne garde :
au-delà du cas grec, de la responsabilité des dirigeants de ce pays
et de la nécessité d’y mettre en place des solutions structurelles,
c’est l’idéal européen même qui est aujourd’hui en question.


Si les opinions retiennent de cette crise que l’expression démocratique d’un peuple ne compte pour rien
et que des institutions aveugles sont seules habilitées à imposer,
par-dessus la tête du citoyen, des solutions quasiment non négociables même si elles ont échoué dans le passé,
l’image de l’Europe n’y survivra pas. Et il faudra ramasser deux cadavres :
celui de la Grèce et celui de l’idée européenne…



>>> Les premiers signataires :

Michel Aglietta, économiste, professeur à l’université Paris-X
Guillaume Balas, eurodéputé PS
Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale
Jean-Luc Bennahmias, président du Front démocrate
Karine Berger, députée PS des Hautes-Alpes
Dominique Besnehard, comédien et producteur
Philippe Besson, écrivain
Jean de Boishue, ancien ministre, ancien conseiller de François Fillon à Matignon
David Cayla, économiste
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, député de Paris
Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, président de République moderne
Benjamin Coriat, économiste, professeur à l’université Paris-XIII
Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, vice-présidente de la région d’Ile-de-France
Philippe Doucet, député PS du Val-d'Oise
Julien Dray, vice-président PS de la région Ile-de-France
Cécile Duflot, ancienne ministre, députée EELV de Paris
Nicolas Dupont-Aignan, député, président de Debout la France
Aurélie Filippetti, ancienne ministre, députée PS de Moselle
Cynthia Fleury, philosophe
Jacques Généreux, économiste et essayiste
Henri Guaino, député LR des Yvelines
Jérôme Guedj, conseiller départemental PS de l’Essonne
Benoît Hamon, ancien ministre, député PS des Yvelines
Yannick Jadot, député européen EELV
Jean-François Kahn, journaliste, cofondateur de Marianne
Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France
Chaynesse Khirouni, députée PS de Meurthe-et-Moselle
Catherine Kintzler, philosophe
François Lamy, député PS de l'Essonne
Pierre Larrouturou, conseiller régional d’Ile-de-France, fondateur du parti Nouvelle Donne
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF
Anne Lauvergeon, PDG d'ALP
Corinne Lepage, présidente de Cap 21 le Rassemblement citoyen, ancienne députée européenne
Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris
Joseph Macé-Scaron, directeur de la rédaction de Marianne
Dominique Méda, philosophe
Jean-Pierre Mignard, avocat au barreau de Paris
Arnaud Montebourg, ancien ministre, vice-président d’Habitat
Pierre-Alain Muet, député PS du Rhône
Christian Paul, député PS de la Nièvre
Barbara Pompili, députée de la Somme, coprésidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale
Roberto Romero, vice-président PS de la région Ile-de-France
François de Rugy, député de Loire-Atlantique, coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale
Danièle Sallenave, écrivain, membre de l’Académie française
Thomas Piketty, économiste, professeur à l’Ecole d’économie de Paris
Rama Yade, ancien ministre, conseillère régionale UDI d’Ile-de-France

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9 Juillet 2015

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