|
Afrique subsaharienne : l'Agence française de développement adopte une nouvelle stratégie
Par Malick DIAWARA
Les
initiatives de l'AFD se feront, pour 2014-2016, dans le Cadre
d'intervention régional, "fruit d'un travail d'échange et de réflexion".
Face à un continent en forte croissance,
l'Agence française de développement (AFD) entend tirer avantage de
toutes ses potentialités pour être au diapason des nouveaux défis
économiques et démographiques auxquels l'Afrique doit faire face. Pour
ce faire, elle vient d'adopter une nouvelle stratégie cristallisée dans
le Cadre d'intervention régional (CIR).
Répondre à des besoins identifiés sur le terrain
Selon Yves Boudot, directeur du département Afrique de l'AFD, ce Cadre
d'intervention régional (CIR) 2014-2016 répond aux orientations de la
politique de développement et de solidarité définies par le
gouvernement français. Faut-il le rappeler : celles-ci ont été
réaffirmées à l'occasion du comité interministériel de la coopération
internationale et du développement (CICID), le 31 juillet 2013. Plus
que jamais, l'heure est à l'écoute du terrain. Aussi insiste-t-on du
côté de l'AFD sur le fait que "cette nouvelle stratégie est le fruit
d'un travail d'échange et de réflexion mené par quinze des vingt-huit
agences locales de l'AFD basées en Afrique Subsaharienne". "Les
nombreuses contributions et commentaires des acteurs publics et privés
ont permis de faire remonter, consolider et prendre en compte les
perceptions et les attentes du terrain", poursuit-on à l'AFD.
Conséquence : "La mise en oeuvre de ce CIR se fera en collaboration
avec l'ensemble des acteurs du développement africain et prendra la
forme de partenariats géographiques différenciés, adaptés aux niveaux
de développement et à la proximité culturelle et linguistique avec la
France."
Une stratégie offensive contre la pauvreté et pour une croissance durable
Au-delà du fait de "contribuer à un développement inclusif et durable",
l'AFD vise essentiellement la lutte contre la pauvreté et la promotion
d'une croissance durable. Pour ce faire, elle a défini six axes
"opérationnels" : le renforcement du capital humain, l'essor de villes
durables, la gestion et la préservation des ressources naturelles, le
désenclavement des territoires, des économies et des hommes, la
sécurité alimentaire et le développement rural, le développement des
entreprises créatrices d'emploi.
Concrètement, l'AFD a décidé de concentrer l'essentiel des ressources
en subvention pour participer à l'amélioration de la santé maternelle
et infantile. Rappel doit être fait ici de l'engagement français de
Muskoka d'octroyer 100 millions d'euros par an, dont 48 millions
d'euros de subventions par an venant de l'AFD. Autre volet : l'appui à
l'éducation de base, secondaire et à la formation professionnelle.
L'AFD entend dans sa nouvelle stratégie participer à maîtriser la
croissance urbaine intense des grands pôles urbains et des villes
secondaires au sud du Sahara. "C'est un défi prioritaire dans un
contexte de transition démographique à peine ébauchée", explique-t-on à
l'AFD où l'on concentrera les financements "sur les initiatives locales
permettant de promouvoir et d'accompagner le développement de villes
plus durables, accessibles, économiquement productives et soutenables
pour l'environnement local et global".
Face au capital naturel qui représente un tiers de la richesse des pays
pauvres, les actions et projets financés par l'AFD devraient être à
même de "contribuer à protéger, restaurer, gérer et valoriser les
écosystèmes et à partager équitablement les bénéfices de leur mise en
valeur, ainsi qu'à intégrer l'enjeu de leur conservation et de leur
gestion durable dans le dialogue institutionnel des politiques
publiques sectorielles". Par rapport au volet du désenclavement des
territoires, des économies et des hommes, l'AFD va concentrer ses
activités sur les secteurs de l'énergie, notamment le financement des
projets régionaux et du développement des énergies renouvelables et
celui des transports. Par ailleurs, l'AFD souhaite doubler la part des
moyens financiers consacrés à l'agriculture familiale et contractuelle
et au développement rural (de 7 à 15 % de ses octrois). Ainsi, 300 à
400 millions d'euros de prêts et de subventions pourraient être
annuellement octroyés. Enfin, sur le volet du développement des
entreprises créatrices d'emploi, l'AFD veut faciliter l'accès des
entreprises et des entrepreneurs aux financements de long terme, pour
favoriser les investissements de productivité et la création d'emploi.
La place privilégiée de l'Afrique subsaharienne réaffirmée
"L'Afrique au sud du Sahara est plus que jamais au coeur des activités
de l'AFD", indique Yves Boudot. "Alors que les financements dans la
région ont atteint en 2013, le volume record de 2,8 milliards d'euros,
représentant près de la moitié des financements octroyés dans les pays
étrangers, nous prévoyons un volume d'activité de 9,2 milliards d'euros
sur la période 2014-2016 pour atteindre l'objectif fixé par le
Président de la République d'apporter 20 milliards d'euros de
financements au continent dans son ensemble sur les cinq prochaines
années", précise le directeur du département Afrique de l'AFD. Et
d'ajouter : "Nous souhaitons, à travers nos différents modes
d'intervention, contribuer à saisir les opportunités et gérer les
risques de cette double croissance africaine."
7 Juillet 2014
Abonnez-Vous au Point Afrique
Retour
à la France
Retour au Sommaire
|