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Organisation internationale de la francophonie : qui pour succéder à Abdou Diouf ?
Par Mireille DUTEIL
Cinq mois avant le sommet de l'OIF à Dakar, aucun des candidats ne tient la corde. Et les scénarios ne manquent pas.
Traditionnellement, c'est à un Africain que revient ce poste
créé en 1997. Il est vrai que 54 des 77 États membres de la
Francophonie appartiennent au continent africain. Le premier secrétaire
général de l'OIF fut l'Égyptien et ancien secrétaire général de l'ONU
Boutros Boutros-Ghali. Abdou Diouf lui a succédé en 2002.
Parmi les candidats, trois Africains
Actuellement, trois Africains de poids figurent parmi les candidats.
L'un est l'ancien président du Burundi, Pierre Buyoya ; les deux
autres, Henri Lopes et Jean-Claude de l'Estrac, sont à la fois
écrivains et anciens ministres des Affaires étrangères de leurs pays
respectifs, le Congo-Brazzaville et l'île Maurice. Henri Lopes est
l'actuel ambassadeur du Congo à l'Unesco, et de L'Estrac, homme de
presse de talent qui fut quatre fois ministre à Maurice, est l'actuel
secrétaire général de la Commission de l'océan Indien. Son élection
permettrait de faire la liaison entre l'Afrique et les États
francophones d'Asie.
Il ne suffit pas d'être africain, encore faut-il avoir occupé un poste
de premier plan pour donner plus de poids à la Francophonie. Car si
celle-ci a pour mission première de défendre et de promouvoir la langue
et la culture françaises - ce qu'elle semble parfois oublier -, le
sommet de Hanoï, en 1997, lui a aussi confié une fonction politique. Un
volet qu'Abdou Diouf, ancien chef d'État, a particulièrement développé,
intervenant dans le règlement des crises africaines. Mais rechercher un
ex-chef d'État à tout prix, c'est prendre le risque de transformer
l'institution en maison de retraite dorée pour présidents qui ne
veulent pas aller cultiver leurs roses.
De multiples conditions pour avoir ses chances
Sans compter qu'il ne suffit pas d'être un ancien chef d'État. Ainsi,
Pierre Buyoya, l'ancien président du Burundi, pourrait l'emporter. Il a
pourtant un immense handicap : s'il n'a pas démérité lorsqu'il était au
pouvoir, Buyoya, ancien militaire, est arrivé au pouvoir à Bujumbura
par un coup d'État. Voilà qui fait désordre pour un futur secrétaire
général de la Francophonie. De même, si le nom de l'ex-président
libanais Michel Slimane circule, il ne déclenche pas l'enthousiasme.
Être une femme pourrait-il être un avantage ? Jusqu'alors, on ne
connaît qu'une seule candidate. Il s'agit de l'ancienne gouverneure du
Canada, d'origine haïtienne, Michaëlle Jean. Lancée en pleine campagne
depuis cette fin de juin avec un passage notamment à l'émission
"L'Invité" de TV5, elle clame haut et fort le soutien du Canada, du
Québec et du Nouveau-Brunschwick. N'empêche, elle devra convaincre des
présidents de lui donner leurs voix. À son crédit, elle est la seule à
déclarer vouloir développer une "francophonie économique" à côté de la
francophonie politique.
On parle de certains outsiders, tel l'ancien maire de Paris, Bertrand
Delanoë, qui ne se dit pas intéressé, ce que disent tous ceux qui le
sont. Mais on imagine difficilement qu'un Français puisse être élu à la
tête de la Francophonie.
Dans l'immédiat, le choix du successeur d'Abdou Diouf relève donc du
casse-tête. Du sommet de l'Union africaine qui se tient à Malabo
(Guinée équatoriale) jusqu'à ce vendredi est supposé sortir le nom du
candidat de l'Afrique. Rien n'est moins sûr. À moins qu'un nouveau venu
ne vienne rallier les suffrages.
23 Juillet 2014
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