A Paris, des millions de manifestants rassemblés pour défendre la liberté
Par Le Monde



Dès la mi-journée, dimanche 11 janvier, des milliers de personnes ont convergé vers la place de la République, lieu de départ de la marche républicaine organisée à la suite des attaques terroristes subies par la France cette semaine. « Paris est aujourd'hui la capitale du monde. Le pays tout entier va se lever vers ce qu'il a de meilleur », a déclaré François Hollande, qui recevait une cinquantaine de dirigeants étrangers. Ce qui se passe à Paris est d'une extraordinaire importance pour la France et le Monde.

Des citoyens très concernés

Avec des pancartes « Je suis Charlie », des « unes » de l'hebdomadaire satirique à la main, en famille, entre amis, des milliers de citoyens français sont venus témoigner de leur solidarité. Dès 13 heures, la place de la République était noire de monde et les réseaux de transport étaient saturés dans toute une partie de la capitale. Des drapeaux français avaient été accrochés sur la statue de Marianne et des Marseillaise spontanées régulièrement scandées par la foule.

Sur place, les journalistes du Monde ont recueilli de nombreux témoignages. « J'étais un fan de Hara-Kiri, un peu moins de Charlie. Mais le sujet dépasse le journal, il s'agit de la liberté d'expression. La dernière fois que je suis descendu dans la rue, c'était en 2002, contre Le Pen », explique Jean-Louis Feldmann, 63 ans, qui porte sur sa veste un autocollant « La République contre le fanatisme ».

Tous évoquent une même envie de défendre les valeurs de la République. « Nous n'avions pas conscience que la liberté d'expression était menacée, qu'on pouvait nous museler », estime Martine Douillet, assistante RH. De nombreux manifestants ont amené leurs enfants. Ainsi Sophie et Christophe Picot, venus avec Chloé, 10 ans : « C'est sa première grande manifestation, on voulait qu'elle soit présente, qu'elle sache ce que sont nos valeurs. On est venus défendre la liberté. »

La communauté musulmane s'est également mobilisée. Comme Ali Moussa, médecin, venu de Montreuil : « Je suis venu pour mes enfants pour dire qu'il y a des choses intolérables. Nous sommes musulmans et nous sommes horrifiés par ce qu'il s'est passé. Des amalgames peuvent se créer, il faut que les gens soient plus intelligents, qu'ils dépassent les clivages. »
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Les familles et les proches en tête de cortège

Les familles des victimes de Charlie Hebdo, ainsi que des proches et des survivants de l'attentat de mercredi sont eux arrivés vers 14 heures, pour défiler en tête du cortège. Descendus d'un bus aux abords de la mairie du 11e arrondissement, ils portent tous un bandeau blanc sur la tête, où est écrit « Charlie ».



Les dirigeants du monde témoignent de leur solidarité.

Avant de se rendre à la marche, le Britannique David Cameron, l'Allemande Angela Merkel et de nombreux autres dirigeants étrangers ont été reçus à l'Elysée par le président François Hollande. Le premier ministre de la Turquie, Ahmet Davutoglu, l'Espagnol Rariano Rajoy et le ministre des affaires étrangères de la Russie, Sergueï Lavrov, sont également arrivés au palais présidentiel. L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, les anciens premiers ministres Alain Juppé, Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin et de nombreuses personnalités de la République sont également passés par le palais présidentiel avant de se rendre en bus sur le lieu de départ de la marche.

Les dirigeants ont défilé pendant environ une demi-heure. François Hollande était entouré d'Angela Merkel et du président Mali, Ibrahim Boubacar Keïta. Après une minute de silence, le cortège des officiels s'est séparé. Le président de la République française a ensuite rejoint le groupe des proches des victimes des djihadistes. Il s'est entretenu de longues minutes avec certains d'entre eux.

Plus de 5 500 policiers et militaires mobilisés

Un PC sécurité a été installé pour assurer le bon déroulement de ce défilé exceptionnel. Une trentaine de personnes y coordonnent les forces de l'ordre réparties dans la capitale, soit 5 500 agents et militaires. Entourés d'une vingtaine d'écrans, sur lesquels s'affichent les images des caméras de surveillance et une grande carte du parcours, ils communiquent en direct avec les forces présentes sur le terrain. Des représentants de la gendarmerie, des CRS, des militaires, du service de protection chargé des personnalités, de la RATP ou encore de la SNCF, sont présents. Le commandement est assuré par la Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC), qui coordonne l'ensemble du dispositif.

11 Janvier 2015

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