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Le projet de Macron pour enrayer le déclin de l’industrie
Par Emmanuel Grasland / CHEF DU SERVICE INDUSTRIE
Emmanuel
Macron lance la seconde phase de la Nouvelle France Industrielle. Le
gouvernement veut accroître la visibilité des projets à l’international.
C’est
un sérieux coup d’accordéon. Le ministre de l’Economie, Emmanuel
Macron, a profité d’une visite sur le site de l’équipementier
aéronautique Daher, lundi à Nantes, pour remettre à plat les 34 plans
dévoilés en septembre 2013 par Arnaud Montebourg et lancer la
deuxième phase de la Nouvelle France Industrielle.
Le changement de logique est notable puisque l’on passe de 34 plans
basés sur le développement d’un produit (la voiture consommant moins de
2 litres aux 100 km, les bornes de recharge ou le satellite à
propulsion électrique) au développement de « solutions » autour de
9 thèmes clefs pour l’avenir. On y trouve pêle-mêle la mobilité
écologique, la médecine du futur, les transports de demain, les objets
intelligents ou l’économie des données. « Ces 9 solutions, c’est une
façon d’apporter une réponse à 9 grands défis de l’avenir », a expliqué
Emmanuel Macron. La démarche s’appuiera sur une enveloppe de
3,4 milliards d’euros encore disponible au sein du programme des
investissements d’avenir, qui s’ajoute à 1,5 milliard de fonds
publics déjà injectés avec les plans Montebourg.
A quoi tient cette remise à plat ? Nous avions des plans qui
fonctionnaient en silos, explique Bercy. En regroupant les projets
autour de 9 solutions phares, le gouvernement estime qu’il sera plus
aisé de développer des synergies. La décision résulte aussi d’un
certain pragmatisme. Le plan « dirigeables », par exemple, suscitait du
scepticisme tandis que celui dédié à la « santé numérique » était jugé
à l’arrêt parce qu’il souffrait d’un rejet des institutionnels par les
entreprises membres. L’idée est aussi d’accroître la visibilité à
l’international tout en gagnant en crédibilité. Car, si vous avez 34
priorités, c’est que vous n’en avez aucune, estime le ministre. Le
regroupement des plans doit, enfin, permettre un pilotage plus resserré
et plus agile de la démarche. « Avant, si on décidait d’enlever une
technologie, on se posait presque des questions existentielles »,
explique son entourage.
Etablir des passerelles
La gouvernance de l’ensemble restera néanmoins compliquée car Bercy
n’entend pas mettre fin aux fonctions des chefs de projets chargés des
différents plans lancés par Arnaud Montebourg afin « de ne pas casser
la démarche ». L’idée est « d’établir des passerelles » afin qu’ils
déterminent eux-mêmes sur quelles synergies ils devront travailler.
Mais Emmanuel Macron entend bien arrêter les projets si ceux-ci
n’avancent pas assez. Rebaptisé « Industrie du futur », le 34e plan
d’Arnaud Montebourg sur l’usine de demain visera, lui, à encadrer
l’ensemble en favorisant la modernisation de l’outil de production et
l’intégration d’Internet dans le « business model ». Pour cela, l’Etat
veut financer le diagnostic de 2.000 ETI françaises d’ici à deux ans.
Une coopération avec l’Allemagne et sa plate-forme technologique 4.0
est aussi à l’ordre du jour afin de ne pas perdre la bataille des
normes et des standards.
« Une mentalité nouvelle »
Aux yeux de Bercy, la coopération des organisations syndicales sera
enfin primordiale pour donner une nouvelle jeunesse aux usines
françaises. « On ne construira pas l’industrie du futur sans une bonne
politique de formation continue, a martelé Emmanuel Macron aux salariés
de Daher. Le robot n’est pas l’ennemi de l’emploi, c’est une fausse
idée et une vieille lubie. »
En revanche, gagner la bataille de la réindustrialisation passe par une
mutation des relations sociales. « La clef de notre réussite
industrielle, c’est l’invention d’une mentalité nouvelle, qui ne repose
plus sur de la conflictualité, sur une fausse lutte des classes ».
20 Mai 2015
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