Présidentielle en France François Hollande, une présidence pleine de défis
Par Jeune Afrique
Dimanche 6 mai, les
Français ont porté le socialiste François Hollande à la présidence de
la République. Celui-ci a remporté le second tour de l'élection avec
51,62% des voix face à son adversaire, le président sortant Nicolas
Sarkozy, qui a recueilli 48,38% des suffrages. Les défis qui attendent
le nouvel hôte de l'Élysée sont nombreux, mais dimanche, l'ambiance
était à la fête chez ses partisans.
Ils
sont des milliers à s'être rassemblés dimanche soir sur la place de la
Bastille, au cœur de la capitale française, pour célébrer la victoire
de leur candidat, le socialiste François Hollande. Et les nombreux
défis que le nouveau président doit affronter n'ont pas gâché l'immense
enthousiasme des ses partisans ni l'ambiance de fête qui s'est répandue
dès l'annonce des résultats, à 20 heures.
Le socialiste a recueilli quelques 51,62% des voix face au président
sortant Nicolas Sarkozy (48,38%) qui, avant même l'annonce des
résultats définitifs, a immédiatement reconnu sa défaite et souhaité
« bonne chance » à son successeur.
Quant au nouveau président, il a placé sa victoire sous le signe du
« rassemblement » de tous ses « concitoyens »,
promettant d'oeuvrer à plus de « justice » et plus
« d'égalité ». Après un discours grave et peu triomphaliste
prononcé dans sa ville de Tulle, François Hollande a pris la direction
de Paris, où l'attendait une foule nombreuse sur la place de la
Bastille.
Dans la fête, la jeunesse était à l'honneur, tout comme l'Afrique.
Outre les drapeaux tricolores ou ceux du Parti socialiste, flottaient
par dizaines des étendards en provenance de plusieurs pays du continent
(voir encadré). Le vert-blanc-orange ivoirien s'affichait aux côtés du
croissant algérien, tandis qu'en levant les yeux vers le sommet de la
colonne centrale de la place, où avait grimpé une bonne centaine de
personnes, on pouvait apercevoir, mêlé aux drapeaux français, le rouge
tunisien.
Polémiques xénophobes à droite
Lundi, sur France info, l'actuel vice-président du FN et ancien
directeur de campagne de Marine Le Pen, Louis Aliot, s'est dit
« surpris » par la présence « d'autant de drapeaux
étrangers pour saluer la victoire de M. Hollande ». « J'ai
beaucoup vu de drapeaux algériens, ce qui prouve bien que la
communautarisation de la société française n'est pas une utopie, ni une
vue de l'esprit mais qu'elle est une réalité », a-t-il accusé.
Une polémique sur laquelle n'a pas tardé à rebondir Nadine Morano,
ministre de l'Apprentissage. Sur la radio française Europe 1, elle a
déclaré avoir éprouvé « un drôle de sentiment » après avoir
vu « très peu de drapeaux bleu-blanc-rouge », « beaucoup
de drapeaux rouges et également beaucoup de drapeaux étrangers »
place de la Bastille. « Ça ne me rassure pas beaucoup, a-t-elle
insisté. Je me dis : voilà quelle est la France qu'on va nous
construire avec le droit de vote des étrangers (...) Cette
démonstration n'était pas engageante ni réjouissante pour la France que
nous avons à construire », a encore fustigé la ministre.
En guise de musique de fond, sous les hurlements de joie des soutiens
de Hollande, les artistes se sont succédés sur la grande scène
installée sur la place pour l'occasion, proposant aux partisans du
« changement » (le slogan de Hollande) des messages de
circonstance. « Libertà » pour le groupe Pep's, par exemple, ou «
Aux armes citoyens » pour le chanteur Yanick Noah, refrains
allègrement repris par une foule en liesse.
Aux alentours de minuit, le nouveau président a remercié « le
peuple de France, ici rassemblé », promettant de « réparer,
redresser » pendant cinq ans, après « des années de blessure,
de rupture ».
Cap sur les législatives
Les dirigeants occidentaux ont également tourné dès dimanche soir la
page du sarkozysme. Sans tarder, la chancelière allemande Angela Merkel
et son ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, ont invité
François Hollande en Allemagne pour travailler à un pacte de
croissance. Le nouvel élu le sait, l'un des principaux défis de sa
présidence se jouera au niveau européen, face à un continent en crise
qui prône, à l'inverse du candidat, une politique de rigueur.
La passation de pouvoir entre l'ancien chef d'État et le nouveau doit
avoir lieu le 15 mai. Dans les prochains jours, François Hollande devra
nommer son Premier ministre qui conduira la bataille des législatives,
prévues les 10 et 17 juin. Un autre défi important pour le nouveau
président, qui a appelé à « ne pas se démobiliser. (...) Il faut
donner une majorité au président de la République », a-t-il
martelé.
Alors qu'il n'était que candidat, François Hollande avait annoncé que
son choix de Premier ministre dépendrait de l'ampleur de sa victoire.
Son score plutôt faible ne plaide pas pour la nomination d'une
personnalité au discours trop à gauche, susceptible de diviser les
Français alors que son leitmotiv est le rassemblement. Le nom du
député-maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, fidèle du chef de l'État et
germanophile, revenait souvent ces derniers jours.
Le calendrier international s'accélèrera ensuite pour le président
français, qui a déjà deux rendez-vous cruciaux à son agenda : le
sommet du G8, les 18 et 19 mai à Camp David (aux États-Unis) et le
sommet de l'Otan de Chicago les 20-21 mai.
Mai 2012
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