Afrique: François Hollande, une nouvelle relation avec le continent ?
Par Patrice Patana
François Hollande, élu
dimanche président de la République Française face à Nicolas Sarkozy au
second tour de la présidentielle française changera-t-il la politique
Africaine de la France? Pour cette question qui interpelle toute
l'Afrique, une évidence semble se dégager.
Faire bouger les choses ou continuer avec la « rupture » à la Sarkozy ?
Comprendre ce que sera la politique Africaine de la France de l'Elysée,
suggère avant tout de se pencher sur le passé africain de la France
mais aussi, sur le marché qui consiste au soutien de la France dans les
instances internationales en échange du maintien d'une influence
économique, politique et diplomatique. Les hommes d'Etat français,
qu'ils soient de la droite ou de la gauche, ont tous suivi depuis les
indépendances, la même politique dont le coeur de l'intérêt jusqu'ici a
été motivé par l'approvisionnement énergétique de la France et la
recherche de nouveaux débouchés pour son industrie. Comment renoncer à
comprendre lorsqu'on sait que les attentes du continent n'ont pas été
satisfaites et que l'Afrique, aujourd'hui encore, continue d'en
dénoncer les travers ?
Un nouvel espoir pour l'Afrique ?
L'élection présidentielle française vue sous l'angle des perspectives
futures des relations franco-africaines suscite de nombreuses questions
sur l'ensemble du continent. Tout comme celle de 2007 entre Nicolas
Sarkozy et Ségolène Royale, celle du dimanche 6 mai 2012 opposant
François Hollande à Nicolas Sarkozy a fait naîetre l'espoir d'une
nouvelle politique africaine de l'Elysée. Si cette question retient
autant d'attention, une question mérite d'être posée : pourquoi ?
Trois ans après avoir promis l'avènement d'une relation nouvelle entre
la France et ses partenaires africains, Nicolas Sarkozy, se retrouve
pris au piège de l'opacité des relations de la Françafrique
postcoloniale. Des réseaux qui oeuvrent pour la poursuite des relations
privilégiées entre la France, le continent africain et les « vieux amis
» du continent.
Très vite, il n'est plus question de "rupture" avec les anciennes
colonies, mais de la préservation des amitiés et des secrets de la
vieille Françafrique conduite par les professionnels de la diplomatie
parallèle. Alors, l'avènement de François Hollande un nouvel espoir
pour l'Afrique ? Tout reste à voir.
Condensé des rapports franco-afrique sous Sarkozy
Dès son arrivée au pouvoir, en 2007, le président français Nicolas
Sarkozy s'était engagé à une refondation des relations
franco-africaines qui a soulevé bien des espérances. Mais ces espoirs
vont très vite s'envoler car la rupture annoncée à grand fracas ne
suivra pas. La même politique présentant les mêmes similitudes que par
le passé va être appliquée au détriment des intérêts des populations
africaines et du développement de l'Afrique.
Des présidents contestés, restent en poste et bénéficient du soutien de
Paris. La politique paternaliste basée sur des relations trop
personnalisées avec des dirigeants africains et décriée par tous
continue de plus belle. Les relations franco-africaines semblent alors
dépendre de la qualité des relations personnelles entre les chefs
d'État, les réseaux d'influences et les émissaires officieux. Nombre
d'entre eux vont continuer à bénéficier du soutien et d'un silence
complice de la France sur la gouvernance contestée des ces « vieux amis
» à qui aucune démocratisation des régimes n'est jusqu'ici pas exigé.
Le discours polémique prononcé le 26 juillet 2007 par Nicolas sarkozy,
dans l'amphithéâtre de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar et vécu
par les africains comme une gifle ne vient pas arranger les choses.
Au final, des dirigeants africains riches de nombreux milliards
détournés à leurs peuples et gardés dans des banques Occidentales, des
populations opprimées qui meurent de faim, de maladie et souffrent
d'ignorance. Mais aussi des échanges toujours aussi déséquilibrés que
faussés comme jadis.
Quels changements l'Afrique peut-elle attendre de François Hollande ?
Les interpellations africaines faites à la France restent légitimes. La
France pour effacer le désamour croissant accentué sous Sarkozy devrait
parler avec tout le monde et tenir un discours différent. L'Afrique
attend de François Hollande, une véritable rupture. Des relations
franco-africaines plus transparentes construites dans le respect mutuel
et des engagements pris.
L'amélioration de rapports bilatéraux pourrait trouver des raisons dans
le retour des Etats-Unis et l'offensive de la Chine en Afrique. Mais
pourra-t-elle s'opérer en marge de la nébuleuse d'acteurs d'intérêts
franco-africains soucieuse avant tout de ne rien changer au profit de
leurs propres intérêts? Là est toute la question.
Tout semble donc tenir à l'influence de ces réseaux qui jusqu'ici
semblent résister avec succès aux idées réformatrices et à laquelle
aucun régime de François Mitterrand à Nicolas Sarkozy n'a pu résister.
Qu'en sera-t-il des nouvelles initiatives? Nous le sauront assez tôt.
Lecture faite des résultats partiels, sur 83,47% des inscrits, François
Hollande candidat socialiste est élu avec 51,26% des voix contre 48,74%
au candidat UMP et président sortant Nicolas Sarkozy. L'abstention lors
du second tour de la présidentielle française le dimanche 6 mai 2012
est d'environ 19%.
Mai 2012
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