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Emmanuel Macron est élu président de la République avec 66,1 % des voix Par LE MONDE | 07.05.2017 à 19h59 • Mis à jour le 08.05.2017 à 12h25
D’après
les derniers chiffres du ministère de l’intérieur, la candidate du
Front national, Marine Le Pen, recueille 33,9 % des suffrages.
Emmanuel
Macron est devenu, dimanche 7 mai, le 25e président de la
République française, en remportant le second tour face à Marine Le
Pen. Selon les résultats quasi-définitifs du ministère de l’intérieur,
le candidat d’En marche ! récolte près de 66,1 % des voix,
face à la candidate frontiste, qui en recueille, elle, 33,9 %.
A 39 ans, l’ancien ministre de l’économie devient le plus jeune
président de la Ve République, une hypothèse invraisemblable il y
a encore un an. Une « nouvelle page » s’ouvre, a-t-il réagi,
souhaitant qu’elle soit celle de « l’espoir et de la confiance
retrouvés ».
Un parcours éclair
Diplômé de l’Ecole nationale d’administration, Emmanuel Macron a
commencé sa carrière dans l’administration publique comme inspecteur
des finances, avant de rejoindre la banque Rothschild, où il est
rapidement promu associé-gérant. En 2012, il réintègre la fonction
publique et est nommé secrétaire général adjoint de l’Elysée avant de
rejoindre Bercy comme ministre de l’économie, où il donnera son nom au
projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances
économiques.
Le 6 avril 2016, Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie du
gouvernement de Manuel Valls, lance son mouvement, qu’il baptise En
marche !. Le 30 août, il présente sa démission. La voie est
alors libre pour une candidature à l’Elysée. Le 16 novembre 2016,
l’ancien banquier annonce qu’il est officiellement candidat à la
présidence de la République.
Un « front républicain » fissuré, abstention record depuis 1969
Au premier tour, Emmanuel Macron était déjà arrivé en tête du scrutin
avec 24,01 % des voix, tandis que Marine Le Pen s’était qualifiée
au second tour avec 21,30 %, aux dépens du candidat des
Républicains, François Fillon (20,01 %), et de celui de La France
insoumise, Jean-Luc Mélenchon (19,58 %).
Le candidat LR avait immédiatement appelé à voter pour Emmanuel Macron,
affirmant qu’il n’y avait « pas d’autre choix que de voter contre
l’extrême droite ». En revanche, Jean-Luc Mélenchon avait choisi
de ne pas donner de consigne de vote, annonçant seulement que lui
« ne votera[it] pas pour le Front national ». Consultés par
l’intermédiaire du site Internet du mouvement, quelque 243 128
militants de Jean-Luc Mélenchon s’étaient exprimés à 36,12 % pour
le vote blanc ou nul, 34,83 % pour le vote en faveur d’Emmanuel
Macron, et 29,05 % pour l’abstention. Le candidat socialiste,
Benoît Hamon, qui n’avait récolté que 6,36 % à l’issue du premier
tour, avait lui appelé à voter pour Emmanuel Macron.
Selon les premières estimations, plus de 4 millions des électeurs
qui se sont déplacés dimanche ont mis un bulletin blanc ou nul dans
l’urne, soit un record pour une élection présidentielle déjà marquée
par une très forte abstention (25,38 % des inscrits). Un chiffre
là aussi record pour un second tour depuis l’élection présidentielle de
1969. C’est également la première fois depuis 1969 que la participation
du second tour est plus faible qu’au premier. En effet, au premier
tour, le 23 avril, la participation s’était élevée à 77,77 %..
Un programme entre rigueur et investissements
Emmanuel Macron a promis, s’il est élu, de s’engager sur six
chantiers : éducation et culture, société du travail,
modernisation de l’économie, renforcer la sécurité de la nation,
renouveau démocratique, relations internationales
Le candidat d’En marche ! ambitionne ainsi de réduire les dépenses
publiques de 60 milliards d’euros sur le quinquennat,
essentiellement en réduisant de 120 000 le nombre de
fonctionnaires et en diminuant les dotations aux collectivités
territoriales. Emmanuel Macron souhaite également supprimer la totalité
des charges pour les salaires au smic ou encore suspendre le versement
des allocations-chômage après le refus de plus de deux offres d’emploi
« décentes ». Le candidat souhaite créer un système de
retraite universel « avec des règles communes de calcul » et
exonérer, en trois ans, 80 % des foyers français de taxe
d’habitation.
Farouche défenseur de l’Union européenne, Emmanuel Macron veut
instituer un budget, un Parlement et un ministre des finances de la
zone euro. Il prône également le contrôle des investissements étrangers
en Europe.
Enfin, l’ancien ministre de l’économie projette, s’il est élu, de
réduire à 50 % la part du nucléaire dans la production d’énergie
d’ici à 2025. En matière de vie publique, le candidat veut interdire
aux parlementaires d’exercer des activités de conseil et d’employer des
membres de leur famille.
Une marge de manœuvre limitée
Les premières semaines de la présidence d’Emmanuel Macron vont être
marquées par la formation de son gouvernement. Aux dernières nouvelles,
deux personnalités étaient en lice pour occuper le poste de premier
ministre, mais aucun nom n’a jusqu’à présent été dévoilé.
S’il se montre encore plus discret sur de futurs ministrables,
M. Macron s’est entouré pendant sa campagne de plusieurs proches
qui pourraient par la suite prétendre à des maroquins. Tel Richard
Ferrand, 54 ans, député socialiste du Finistère depuis 2012 et rallié
de la première heure. Au sein du personnel politique, le candidat d’En
marche ! compte également parmi ses soutiens le ministre de la
défense, Jean-Yves Le Drian, 69 ans, le maire MoDem de Pau, François
Bayrou, qui s’est rallié à lui pendant la campagne et a renoncé à se
porter candidat, ou encore le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb.
Pour élaborer son programme, M. Macron s’est également entouré
d’économistes tels que Jean Pisani-Ferry, ancien conseiller de
Dominique Strauss-Kahn et de Christian Sautter à Bercy, ou Philippe
Martin, 50 ans, diplômé de l’université de Georgetown, à Washington, et
son ancien collaborateur au ministère de l’économie.
Au-delà de la nomination du gouvernement et des cérémonies officielles,
Emmanuel Macron a promis d’aller vite dans la mise en œuvre de son
programme. Mais il va lui falloir patienter encore un mois – et espérer
que son mouvement remporte les législatives – pour pouvoir engager ses
premières mesures. Les députés ne siègent plus depuis fin février et ne
voteront aucune loi avant l’élection de la nouvelle majorité
parlementaire, en juin.
Le nouveau chef de l’Etat a cependant promis d’élaborer un premier
texte avant même les élections législatives et il ne s’agit pas de la
réforme du droit du travail. Sur France 2, il s’est engagé, jeudi
4 mai, à présenter son projet de loi de moralisation de la vie
publique avant juin, pour qu’il soit « connu de tous les candidats
et donc de tous les futurs parlementaires ».
9 Mai 2017
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