Hollande, le "Roosevelt européen" ?
Par Charles Carrasco avec AFP



Le futur président multiplie les contacts et espère ainsi faire accepter son volet croissance en Europe.

L'Europe va devenir la priorité du début de mandat de François Hollande. Avant sa rencontre avec la chancelière allemande qui aura lieu au lendemain de la passation de pouvoir –le 15 mai-, le futur locataire de l'Elysée multiplie actuellement les entretiens avec ses partenaires européens.

François Hollande doit rencontrer, jeudi, le président de l'Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker. Au menu des discussions : la crise de la Grèce à laquelle le président français va devoir s'atteler dès son entrée en fonction alors que le pays est plongé dans une crise politique qui pourrait précipiter son expulsion de la zone euro.

Le "New Deal" en Grèce

"Il se tient informé de façon extrêmement précise" de la situation en Grèce, assure simplement Pierre Moscovici, le responsable socialiste de la transition présidentielle, sans donner plus de précisions sur les intentions de François Hollande dans ce dossier. Alexis Tsipras, le chef du parti de la gauche radicale grecque, a demandé à le rencontrer lors de son passage à Paris, jeudi et vendredi. Ce dernier espère que le futur président français s'engage sur l'austérité afin de contrebalancer les pressions allemandes.

Dans une Grèce très diminuée par une rigueur sans précédent, l'élection du président français est perçue comme un espoir de changement de cap en Europe. Pendant la campagne, le quotidien grec Ta Nea a repris un titre de l'économiste Thomas Piketty : "François Hollande, Roosevelt de l'Europe", en soulignant le besoin d'un "New Deal" autour de mesures d'investissements publics pour relancer la croissance.



"Une croissance à crédit" rejetée par l'Allemagne

Celle-ci est justement tout l'enjeu des "tiraillements" entre la France et l'Allemagne. Le projet de renégociation du pacte budgétaire, que François Hollande souhaite compléter par un volet croissance, est actuellement rendu difficile par la crise grecque et l'inflexibilité d'Angela Merkel.

"Une croissance à crédit nous ramènerait au début de la crise. Nous ne le voulons pas, nous ne le ferons pas", a-t-elle assuré jeudi. En clair, l'Allemagne souhaite tenir coûte que coûte sur le pacte budgétaire négocié avec 25 pays, le 2 mai dernier à Bruxelles. Mais dans quelques semaines, si la crise grecque se poursuit, certains partenaires "réfractaires" pourraient voir d'un autre œil les propositions de futur président français.



Une union orientée vers la croissance

D'autant que l'arrivée de François Hollande suscite déjà l'enthousiasme d'une partie de ses partenaires européens. Plusieurs d'entre eux ont estimé que la politique de rigueur, comme en Espagne, au Portugal et en Italie allaient trop loin et qu'il fallait donner un nouveau souffle à la croissance.

Jean-Claude Junker, lui-même, a fait un pas en ce sens, soulignant dans une interview à la chaîne allemande ZDF que des éléments de croissance, "pas nécessairement sous la forme d'un traité", pourraient être adjoints. Herman Van Rompuy, président belge du Conseil européen, s'est également montré favorable à des initiatives pour relancer la croissance. Il était d'ailleurs mercredi au QG de François Hollande. Enfin, Mario Monti, président du Conseil italien, a plaidé, de son côté, pour une "union toujours plus efficace et orientée vers la croissance".

Concrètement, Herman Van Rompuy et Jean-Claude Junker envisagent d'adjoindre au pacte budgétaire une déclaration, voire un protocole, qui seraient susceptibles de convaincre François Hollande de le faire ratifier par son Parlement, comme l'explique le quotidien Le Monde dans son édition de jeudi.



Toutes ces questions seront sur la table le 23 mai lorsque François Hollande rencontrera ses homologues lors d'un dîner informel. Le baptême du feu sur la scène européenne pour l'ancien candidat socialiste.

Mai 2012

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