|
Le Blocage des « gilets jaunes »
Publié aujourd’hui à 10h23, mis à jour à 18h19
Une
manifestante tuée aux abords d’un barrage en Savoie, plusieurs blessés.
244 000 personnes ont participé aux blocages organisés partout en
France contre la hausse des taxes sur les carburants. Plus de 106 ont
été blessées dont cinq gravement..
La
journée de mobilisation des « gilets jaunes » a débuté par un
drame, samedi 17 novembre. Une manifestante est morte à
Pont-de-Beauvoisin, en Savoie, au niveau d’un barrage non déclaré, a
annoncé Christophe Castaner samedi matin. Alors que
2 000 rassemblements et 244 000 manifestants ont
été recensés en fin de journée par le ministre de l’intérieur, certains
blocages se sont déroulés sous tension, entraînant des accidents.
Au total, 106 personnes ont été blessées, dont cinq grièvement,
selon un bilan apporté par le ministre de l’intérieur. Les forces de
l’ordre ont interpellé 52 personnes pour rebellion ou parce
qu’elles cherchaient à forcer les barrages des manifestants. Parmi
elles, 38 ont été placées en garde à vue.
« C’est toute l’inquiétude que nous avions d’avoir des
manifestations non organisées par des gens qui n’ont pas forcément
l’habitude », avait déclaré le ministre plus tôt dans la
journée. « J’appelle à la prudence, la vigilance »,
a-t-il ajouté, en précisant que la plupart des manifestations étaient
« bon enfant ».
Suivez la journée de manifestation des « gilets jaunes » en direct
Un accident mortel
Au Pont-de-Beauvoisin (Savoie), une automobiliste qui conduisait sa
fille chez le médecin a été prise de panique quand les manifestants se
sont mis à taper sur sa voiture. Elle a alors foncé sur eux, percutant
une femme de 63 ans, a fait savoir le ministre de l’intérieur. En
état de choc, la conductrice a été placée en garde à vue.
Cette manifestation, comme de nombreuses autres organisées en France
pour protester contre la hausse des taxes sur le carburant, n’était pas
déclarée.
Des manifestants percutés par des automobilistes
Du Var, à la Gironde, en passant par la Charente et le Nord, les
personnes blessées sont des manifestants percutés par des
automobilistes en colère face aux mouvements de blocage. Dans la
majorité des cas, les conducteurs ont été interpellés.
Dans le Pas-de-Calais, à Arras, un manifestant de 71 ans a été
percuté par un automobiliste qui tentait de forcer un barrage au niveau
d’un rond-point à l’entrée de la ville. Il a été hospitalisé dans un
état grave, selon la préfecture du Pas-de-Calais.
A Biganos, dans le bassin d’Arcachon (Gironde), la personne la plus
sérieusement blessée, un « gilet jaune », a été percutée par
une voiture au niveau du bassin et évacuée.
A La Réunion, un automobiliste a même tiré en l’air devant des « gilets
jaunes » mobilisés sur l’île, où une vingtaine de barrages ont été
recensés au total.
Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser
des « gilets jaunes » qui bloquaient l’accès au viaduc des Egratz à
Passy, en Haute-Savoie, a fait savoir la préfecture. La situation a
évolué vers « un vrai blocage » et les CRS ont fait « usage de
lacrymogènes » face à « quelques personnes assez vindicatives », a
précisé la préfecture, ajoutant que cela s’était produit en plein air
sans faire de blessés.
|
Des policiers blessés
A Grasse, dans les Alpes-Maritimes, un automobiliste a « tenté de
forcer un barrage » à un rond-point, renversant un policier, qui a été
« légèrement blessé », selon la préfecture. L’homme a été arrêté. Le
policier « souffre de contusions légères », a précisé la même source.
Deux policiers ont été blessés samedi à Quimper par un véhicule qui
prenait part à la manifestation des « gilets jaunes » et les a heurtés
volontairement, a annoncé la préfecture du Finistère dans un
communiqué. Les deux policiers ont été pris en charge par les secours,
a fait savoir la préfecture, sans pouvoir préciser le degré de gravité
de leurs blessures. Le conducteur du véhicule a été interpellé.
A 16 h 30, des heurts opposaient aux abords de la préfecture du
Finistère, forces de l’ordre et plusieurs centaines de
« gilets jaunes ». « Les forces de l’ordre sont
déployées autour de la préfecture et cela nécessite l’emploi de
gaz lacrymogène », a rapporté la préfecture sans plus de détail.
Un motard de la police, positionné à un carrefour dans le cadre de la
sécurisation de la mobilisation à Strasbourg, a été hospitalisé après
avoir été percuté par un véhicule samedi, a-t-on appris auprès de la
préfecture. Le fonctionnaire de police souffre de plusieurs fractures
et a été hospitalisé.
Les principaux rassemblements
Les actions visent à perturber ou bloquer notamment les accès aux
villes, les rocades et les grands axes routiers, des aéroports, des
dépôts et des raffineries de carburants. Des opérations escargot sont
également déployées sur les périphériques des grandes villes.
A Paris, où le mouvement est peu suivi, quelques centaines de « gilets
jaunes » ont défilé sur l’avenue des Champs-Elysée, partiellement
bloquée à la circulation. Dans la capitale, une cinquantaine de motards
et de VTC étaient également à l’arrêt place de la Bastille, empêchés
d’avancer par les forces de l’ordre. En fin de journée, des centaines
de manifestants se sont dirigés vers l’Elysée, où ils ont été repoussés
par les forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène.
A la mi-journée, environ 400 personnes étaient au rendez-vous sur
le parking du centre commercial Chamnord à Chambéry, avec pour objectif
de bloquer la voie rapide urbaine. Une centaine de véhicules bloquaient
la sortie ouest de l’autoroute 9 (A9) à Béziers, des blocages étaient
en cours autour de Perpignan, tandis que l’accès à l’A61 à hauteur du
péage de Toulouse sud était lui aussi bloqué.
Quelque 150 « gilets jaunes » ont installé un barrage
filtrant des deux côtés de la frontière franco-espagnole près d’Hendaye
(Pyrénées-Atlantiques), sur l’A63, créant de longues files de voitures
et de camions.
Plusieurs milliers de « gilets jaunes » ont convergé samedi
après-midi à Dijon pour une manifestation qui a dégénéré. En début
d’après-midi entre 5 000 et 6 000 personnes
s’étaient réunies devant le zénith, selon la préfecture, soit l’une des
plus fortes mobilisation du pays.
Mais des motards sont partis vers le centre-ville alors qu’il était
prévu que le rassemblement se dirige vers la rocade et la plupart des
manifestants les ont suivis. Résultat : les forces de l’ordre ont dû
intervenir pour bloquer les manifestants « les plus
virulents », rapporte la préfecture.
Réactions politiques
S’il se veut « apolitique », le mouvement de protestation
contre la hausse des prix des carburants a reçu le soutien de plusieurs
représentants politiques. Le président de Debout la France (DLF),
Nicolas Dupont-Aignan, a jugé sur Franceinfo que le gouvernement avait
une « dernière chance » d’entendre « le peuple ».
Plusieurs responsables Les Républicains (LR) se sont également rendus à
des rassemblements, tel Guillaume Peltier dans le Loir-et-Cher et
Damien Abad dans l’Ain. Laurent Wauquiez, le chef de LR, participera à
une manifestation au Puy-en-Velay dans l’après-midi.
Des élus du Rassemblement national étaient également présents aux côtés
des « gilets jaunes », mais pas Marine Le Pen. Des
« insoumis » participaient aussi aux manifestations, et leur
leader, Jean-Luc Mélenchon, pourrait faire une apparition, dans un lieu
encore non précisé.
A contrario, des députés de La République en marche (LRM)
s’inquiétaient du premier bilan humain de ce mouvement et soulignaient
que la sécurité devait être « la priorité absolue », selon
les mots de Matthieu Orphelin, député LRM, qui évoque « un
terrible bilan ».
17 Novembre 2018
Abonnez-Vous au Monde
Retour à la France
Retour au Sommaire |
|
• INFORMATIQUE
SANS FRONTIERES • |
|
|