Le Hollandomètre : Promesses tenues ?
Par Marc Vignaud et Le Point
"Le
Point" vérifie si les engagements de Hollande pour la première année de
son mandat sont tenus. Mariage pour tous, réforme bancaire, emploi...
Revue de détail. Après ses soixante engagements, François Hollande a
détaillé en fin de campagne les réformes qu'il comptait prendre la
première année de son mandat, dans le "calendrier du changement".
Autant d'engagements formels qui ont contribué à nourrir les
accusations d'"immobilisme". Or nombre de promesses ont été tenues,
certaines sont en retard par rapport au calendrier, voire édulcorées.
Le
Point.fr a passé les engagements du président au peigne fin.
Du 6 mai 2012 au 29 juin 2012 (Session ordinaire du Parlement)
Une Autre façon de Gouverner
1. Réduction de la rémunération du chef de l'État et des membres du
gouvernement de 30 %. Décret signé lors du premier conseil des
ministres.
Le décret est paru fin août au Journal officiel. La mesure, d'abord
annexée au projet de loi de finances rectificative pour 2012, avait été
retoquée par le Conseil constitutionnel au motif qu'elle n'avait rien à
faire là. Un simple contretemps.
2.
Signature d'une charte de déontologie et publication des déclarations
d'intérêts par les membres du gouvernement, circulaire du Premier
ministre étendant ces exigences aux membres des cabinets et plafonnant
leurs effectifs - lors du premier conseil des ministres.
La charte de déontologie, de deux pages, a été signée par toute
l'équipe du gouvernement Ayrault après le premier conseil des
ministres. Matignon a limité le nombre de conseillers à quinze par
ministre et dix par ministre délégué. Mais certains ministres ont de
fait contourné ces règles en puisant des collaborateurs chez leurs
ministres délégués. Plutôt facile, quand on sait que le gouvernement
Ayrault II est, avec 39 ministres au total, l'un des plus nombreux de
la Ve République. On trouve, par exemple, un ministre délégué chargé
de... l'Agroalimentaire.
Cette charte de déontologie a cependant rapidement démontré ses limites
avec l'affaire Cahuzac. Les mensonges et tricheries fiscales de
l'ex-ministre de Budget ont en effet poussé François Hollande vers une
"moralisation de la vie politique" à marche forcée.
Dans un premier temps, tous les ministres ont été sommés, sur la base
de leur bonne foi, de révéler au public leur patrimoine. Puis, lors du
conseil des ministres du 10 avril, plusieurs projets de loi ont été
dévoilés. Ils ont pour objectif d'instaurer une "haute autorité,
totalement indépendante", chargée de contrôler les déclarations de
patrimoine et d'intérêts avec de vastes pouvoirs d'investigation
(possibilité d'auto-saisine, réquisition des services fiscaux...). Le
gouvernement veut aussi que la publication de patrimoine s'applique à
l'ensemble des élus nationaux (députés comme sénateurs). Six Français
sur dix sont favorables à cette transparence.
Redonner du Pouvoir d'Achat aux Français et améliorer leur vie quotidienne
3. Augmentation de 25 % de l'allocation de rentrée scolaire.
Par un décret du 29 juin, le montant de l'allocation est porté à 356,20
euros pour un enfant de 6 à 10 ans (contre 284,97 euros en 2011),
375,85 euros pour un enfant de 11 à 14 ans (contre 300,06 euros en
2011) et 388,87 euros pour un enfant de 15 à 18 ans (contre 311,11
euros en 2011).
4. Blocage des prix des
carburants pour trois mois sur la base de l'article L410-2 du Code de
commerce après consultation du Conseil national de la consommation.
Le ministre de l'Économie, Pierre Moscovici, a annoncé mardi 28 août
une baisse de 6 centimes maximum des prix à la pompe. Trois centimes
ont été pris en charge par l'État, et trois centimes par les
distributeurs et les pétroliers pendant trois mois. Avec la baisse des
prix du pétrole brut, le ministre de l'Économie, Pierre Moscovici, a
annoncé une sortie progressive du dispositif. Le baril de pétrole brut
Brent était à 95 dollars au plus fort de son envolée le 27 août dernier
après un minimum de 80 dollars au 27 juin. Il a retrouvé fin novembre
un cours moyen de 86 dollars. Les taxes ont donc été "relevées
progressivement jusqu'à la mi-janvier". Le coût total du dispositif, y
compris cette sortie progressive, devrait atteindre 468 millions
d'euros pour l'État.
L'idée d'un "chèque carburant" pour aider les ménages les plus démunis,
à laquelle Bercy avait confirmé réfléchir en novembre, n'a pas été
retenue. À la place, le ministre a aussi annoncé que le gouvernement
prendrait des mesures pour favoriser la concurrence entre les
stations-service au bénéfice du consommateur, et améliorer
l'information sur les prix à la pompe. L'État compte notamment "rendre
obligatoire l'affichage sur autoroute des prix des stations hors
autoroute les plus proches" des sorties. Les prix de l'ensemble des
stations françaises seront enfin publiés sur le site gouvernemental de
comparaison des prix des carburants.
Officiellement pour des raisons de santé publique, le gouvernement
réfléchit à l'augmentation des taxes sur le gazole, qui représente la
majorité du parc automobile français et l'essentiel des nouvelles
immatriculations.
5. Caution solidaire mise
en place pour permettre aux jeunes d'accéder à la location - décret
après concertation avec les partenaires sociaux.
Un dispositif national, destiné uniquement aux étudiants, sera mis en
oeuvre au printemps 2013, selon le ministère de l'Enseignement
supérieur.
6. Garantie pour l'épargne
défiscalisée (livret A et livret d'épargne industrie, successeur du
livret de développement durable) d'une rémunération supérieure à
l'inflation et doublement du plafond de ces livrets pour mieux financer
le logement social, le développement des PME et l'innovation.
Même si le gouvernement a pris un peu de retard, le plafond du LDD est
effectivement passé de 6 000 à 12 000 euros, le 1er octobre. Mais le
plafond du livret A, lui, n'a pas été doublé à 30 600 euros. Il a
augmenté seulement de deux fois 25 %, en octobre 2012 et janvier 2013.
On est donc loin du doublement du plafond annoncé dès juillet. La
garantie de la rémunération de ces livrets n'a pas non plus été mise en
place.
Dans un rapport sur l'épargne réglementée remis à Pierre Moscovici en
septembre 2012, Pierre Duquesne recommande toutefois une indexation de
la rémunération du livret A sur la croissance. L'ancien conseiller de
Lionel Jospin estime qu'il serait plus pertinent de fixer un taux "égal
au taux d'inflation en glissement sur douze mois augmenté de 10 % du
taux de croissance" des douze derniers mois plutôt que la formule en
vigueur. En d'autres termes, obtenir un taux aussi favorable qu'avec la
formule en vigueur nécessiterait une croissance d'au moins 2,5 %. Mais,
dans la situation actuelle, l'épargnant serait perdant. Et pour cause,
la croissance est au plus bas. Autre proposition qui risque de déplaire
aux adeptes du livret A : l'application des prélèvements sociaux
lorsque l'épargne dépasse 20 000 euros. En revanche, le rapport
Duquesne recommande de procéder à deux nouvelles augmentations du
plafond du livret A d'ici à 2016, ce qui reviendrait à tenir de fait la
promesse de campagne de François Hollande sur le doublement du plafond.
Étant donné les règles de calcul actuelles, le taux devrait passer de
1,75 % actuellement à 1,25 % cet été avec le ralentissement de la
hausse des prix.
Faire entendre la Voix de la France dans la monde
7. Transmission à nos
partenaires européens d'un mémorandum détaillé proposant un pacte de
responsabilité, de croissance et de gouvernance pour modifier et
compléter le traité de stabilité et réorienter la construction
européenne vers la croissance - dès fin mai, en vue du conseil européen
des 28 et 29 juin.
François Hollande n'a finalement pas envoyé son mémorandum. Il a fait
ratifier le traité budgétaire européen conforme à celui signé par
Nicolas Sarkozy, au grand dam d'une partie de sa majorité. En revanche,
le président de la République a obtenu la mise en place de mesures de
croissance en Europe. Malgré un chiffre officiel de 120 milliards
d'euros, elles restent pourtant bien maigres. Il s'agit d'abord de
réallouer les fonds structurels non dépensés pour 55 milliards d'euros,
de mobiliser 230 millions d'euros pour lancer des "project bonds" d'une
valeur de 4,6 milliards (grâce à la mobilisation de fonds privés) afin
de financer de grands projets d'infrastructures. Quant à la Banque
européenne d'investissement, elle devrait être dotée de 10 milliards
d'euros supplémentaires pour être capable d'en prêter à son tour 60.
8. Annonce à nos
partenaires au sein de l'Otan du retrait de nos troupes d'Afghanistan
d'ici à la fin 2012 - G8 à Camp David, 18-19 mai, puis sommet de l'Otan
à Chicago, 20-21 mai.
Mi-2013, il ne restera que 500 soldats sur place, a annoncé François
Hollande. L'ensemble des soldats "combattants" ont quitté les lieux en
décembre 2012.
9. Abrogation de la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers.
Un an après sa publication, la très controversée circulaire Guéant du
31 mai 2011, qui restreint la possibilité pour les étudiants étrangers
diplômés de travailler en France, a été abrogée jeudi 31 mai par le
gouvernement et remplacée par un nouveau texte. "La tonalité change
assez radicalement, mais sur le fond, juridiquement, c'est grosso modo
la même chose, et ça ne peut pas être différent, car les textes légaux
et réglementaires (sur la situation des étudiants étrangers) sont les
mêmes", précise pourtant Serge Slama, maître de conférences en droit
public à l'université d'Évry Val-d'Essonne, à l'Agence France-Presse.
Combattre les injustices
10. Droit de partir à la retraite à 60 ans pour les personnes qui ont commencé à travailler à 18 ans et cotisé 41 annuités.
La mesure a été prise par décret début juin, juste avant les élections
législatives. Il s'agit d'une extension du dispositif "carrières
longues" prévu par la réforme des retraites de François Fillon en 2003.
Ceux qui ont commencé à travailler à 18 et 19 ans (salariés du secteur
privé, commerçants et artisans, salariés et exploitants agricoles,
fonctionnaires, professions libérales) pourront se reposer à 60 ans, à
condition d'avoir cotisé 41 ans. Les femmes ayant élevé trois enfants
ou plus pourront décompter deux trimestres "validés" au cours de leur
carrière en plus des quatre trimestres qui leur étaient alloués en cas
de maladie, maternité ou accident de travail dans le dispositif
"carrières longues". Autre avancée par rapport à la loi de 2003, ceux
qui ont passé une partie de leur carrière au chômage auront le droit de
la comptabiliser dans le décompte des trimestres, dans la limite de
deux trimestres supplémentaires.
Regardez comment la réforme du gouvernement modifie l'âge d'ouverture des droits à la retraite en fonction des générations :
Cette réforme n'empêchera pas le gouvernement de devoir faire passer à
l'automne une nouvelle réforme des retraites, après une discussion
entre partenaires sociaux. Si ses grandes lignes ne sont pas encore
connues, il ne fait pratiquement plus de doute qu'elle allongera, au
minimum, la durée de cotisation.
11. Fixation d'un éventail maximal de 1 à 20 pour les rémunérations dans les entreprises publiques - décret fin mai.
Un décret pris fin juillet fixe à 450 000 euros brut par an la
rémunération maximale accordée aux patrons des entreprises publiques.
Les patrons d'Areva, d'Aéroports de Paris (ADP), de La Poste, d'EDF,
notamment, sont concernés. Mais la décision du gouvernement ne
s'attaque pas, pour l'instant, aux rémunérations variables, comme les
parachutes dorés, les retraites chapeau, les stock-options, les actions
gratuites ou encore les primes de non-concurrence. Najat
Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, a indiqué qu'il y
aurait "avant l'été" un projet de loi sur la rémunération des patrons
dans le privé.
12. Circulaire sur la lutte contre les "délits de faciès" lors des contrôles d'identité.
Manuel Valls a exclu l'utilisation d'un récépissé après chaque
contrôle. Le 16 octobre 2012, dans son "rapport relatif aux relations
police/citoyens et aux contrôles d'identité", le Défenseur des droits,
Dominique Baudis, a estimé que cette solution "réduis(ait)
mécaniquement le nombre de contrôles abusifs", mais qu'elle ne réglait
pas le problème de fond des contrôles discriminatoires. Le ministre de
l'Intérieur, Manuel Valls, a donc décidé d'imposer le retour au
matricule des policiers (un numéro d'identification sur l'"uniforme ou
le brassard" des policiers). Il assure que l'imprimé sera "relativement
gros", assez pour être relevé par les citoyens.
Une Gestion responsable de l'Etat
13. Dans l'attente de la
publication par la Cour des comptes du rapport sur la situation et les
perspectives des finances publiques (publication au cours de la semaine
du 24 juin), gel conservatoire d'une partie des dépenses.
Le gel conservatoire d'une partie des dépenses a été décidé pour tenir
l'objectif de réduction du déficit à 4,5 % du PIB en 2012, malgré le
ralentissement de la croissance. Mais le déficit n'en a pas moins
dérapé à 4,8 % du PIB.
14.
Arrêt de la RGPP et lancement du projet de refondation et de
modernisation de l'action publique (première étape : établissement par
chaque ministre avant fin septembre 2012 d'un projet pluriannuel de
modernisation et de simplification des services et des opérateurs sous
sa tutelle).
"La réforme de l'État sera conduite sur des bases nouvelles associant
les agents publics et leurs représentants, et tournant résolument le
dos à la méthode de la RGPP", assure la feuille de route du
gouvernement publiée à l'issue du conseil des ministres de rentrée.
C'est ce que le gouvernement appelle la modernisation de l'action
publique (MAP). Dans le cadre de cette démarche, 44 politiques
publiques sont passées au crible pour évaluer leur efficacité et les
réformer. C'est dans ce cadre qu'a été remis au gouvernement un rapport
sur les prestations familiales qui devrait déboucher sur leur
plafonnement pour les familles les plus aisées.
François Hollande renonce au non-remplacement d'un fonctionnaire sur
deux partant à la retraite : la nouvelle règle est celle de la
stabilité globale des effectifs. Mais la création prévue de 60 000
postes supplémentaires de fonctionnaires dans l'Éducation nationale,
ainsi que dans la justice et la police, va lui imposer de ne pas
remplacer les départs dans d'autres secteurs, "selon un rythme
supérieur à celui appliqué à partir de 2007", estime la Cour des
comptes. Pour les syndicats de fonctionnaires, la MAP est donc une RGPP
repeinte en rose.
Du 3 juillet au 2 Août 2012 (Session extraordinaire du Parlement)
Redresser le Pays dans la Justice
15.
Présentation au Parlement du programme de stabilité (avant transmission
à Bruxelles) et du projet de loi de programmation pluriannuelle des
finances publiques fixant la trajectoire de retour à l'équilibre
budgétaire en 2017.
La loi de programmation pluriannuelle a bien été présentée en même
temps que le budget 2013. Elle respecte par avance les exigences du
traité budgétaire européen en exposant notamment le déficit en termes
structurels, et non plus seulement en valeur nominale. Sauf que sa
trajectoire est déjà caduque. Au mois d'avril, le gouvernement a
dévoilé son "programme de stabilité", véritable feuille de route
budgétaire, destiné à Bruxelles. Le manque de croissance oblige
François Hollande a abandonner l'objectif de réduction des déficits à 3
% en 2013.
16.
Réforme fiscale dans le cadre d'une loi de finances rectificative :
plafonnement et suppression de niches fiscales, modulation de l'impôt
sur les sociétés au bénéfice des PME et des entreprises qui
réinvestissent leurs bénéfices, surtaxe sur les banques et les sociétés
pétrolières, retour au barème de l'ISF, suppression de l'exonération
sur les grosses successions, taxation des revenus du travail comme ceux
du capital, tranche d'imposition à 75 % au-dessus de 1 million d'euros.
Tous ces points ont finalement été traités dans le projet de loi de
finances 2013 présenté vendredi 28 septembre en conseil des ministres.
Seule la surtaxe sur les banques et les industries pétrolières a été
votée auparavant. Mais la grande réforme fiscale annoncée n'a pas vu le
jour. Le gouvernement a encore complexifié les choses en empilant les
dispositifs.
En témoignent notamment les mesures adoptées sur les niches fiscales.
Un plafonnement à 10 000 euros, contre 18 000 euros + 4 % du revenu
imposable auparavant, a été instauré pour 2013. Mais il ne concerne que
quelques "dépenses fiscales" (une vingtaine), et son rendement ne
devrait pas excéder 300 millions d'euros. Certaines niches, auparavant
soumises au plafond, en ont même été sorties, comme celle qui touche
l'investissement outre-mer, pourtant très décrié, ou encore la niche
"Malraux" sur la restauration d'un bien classé monument historique et
la niche "Sofica" sur le cinéma. Aucune suppression n'a été actée.
Selon les annexes du projet de budget publiées début octobre 2012, les
433 niches fiscales (sur les ménages comme sur les entreprises)
représenteront encore un manque à gagner de plus de 70 milliards
d'euros pour l'État, soit à peine moins qu'en 2012 ! Et pourtant, il
aurait été facile de tailler dans les plus coûteuses : Bercy constate
que le coût est "extrêmement concentré", 17 dispositifs représentant à
eux seuls "plus de 50 % du coût total" des niches fiscales, soit 36,5
milliards.
Le retour à l'ancien barème de l'ISF avant la réforme de Nicolas Sarkozy a bien été acté.
La taxation des revenus du capital au même niveau que ceux du travail
verra bien le jour. Les prélèvements forfaitaires libératoires, qui
permettaient d'être imposés à 19 % pour les plus-values de cession de
titres, 21 % pour les dividendes et 24 % pour les intérêts, sont
supprimés. Mais les contribuables qui percevront moins de 2 000 euros
d'intérêts dans l'année pourront continuer à être taxés à 24 %. Et les
dividendes bénéficieront toujours d'un abattement de 40 %. Les
plus-values immobilières sont épargnées.
Après la fronde des Pigeons sur Internet, dénonçant l'augmentation
jusqu'à 60 % de la taxation sur les plus-values de cession en comptant
les prélèvements sociaux, François Hollande a fait machine arrière fin
avril lors de la clôture des Assises de l'entrepreneuriat.
Dès le départ, le gouvernement a renoncé à une tranche supérieure
d'impôt sur le revenu à 75 %. Son projet de loi prévoyait seulement une
taxe provisoire à 75 % au-delà d'un revenu du travail de 1 million
d'euros par personne. Le Conseil constitutionnel l'a malgré tout
retoqué au motif que le dispositif devait s'appliquer au foyer fiscal
plutôt qu'à chaque personne. Avec cette taxation, un ménage, dont
chaque membre percevrait un revenu de 900 000 euros, se serait trouvé
exempté, tandis qu'un autre, dont un seul membre gagnerait 1,2 million
d'euros et l'autre rien, devrait l'acquitter, ce qui constituerait une
"rupture d'égalité au regard de la faculté contributive", selon un
exemple du Conseil. Le gouvernement va donc présenter un nouveau
dispositif. Mais cette fois, ce sont les entreprises qui versent des
salaires supérieurs à 1 million d'euros qui seront visées. Les salaires
étant fixés par contrat, elles devraient s'acquitter de la taxe plutôt
que de réduire les rémunérations en question.
Le gouvernement a renoncé à une mesure-phare de la campagne de Hollande
dans le budget 2013 : la modulation de l'impôt sur les sociétés en
fonction de la taille de l'entreprise. La mesure, évaluée par le PS à
2,3 milliards par an, était jugée trop coûteuse.
17. Suppression de la "TVA Sarkozy".
L'augmentation du taux normal de TVA de 1,6 point (passant de 19,6 % à
21,2 %) pour compenser 13,2 milliards de charges de cotisations
patronales n'a jamais vu le jour. Sa disparition a été actée dans le
budget rectificatif de 2012. En revanche, elle revient sous une autre
forme. Dans le cadre du "pacte national pour la croissance, la
compétitivité et l'emploi", Jean-Marc Ayrault a annoncé le 6 novembre
un dispositif finalement pas si éloigné. Les baisses des charges
employeurs sont remplacées par un crédit d'impôt pour les entreprises
de 20 milliards, compensé par une hausse du taux normal de TVA de 19,6
% à 20 %. Le taux réduit sur les produits de première nécessité va
baisser de 5,5 % à 5 %, mais le taux intermédiaire va passer de 7 % à
10 %.
Remettre la Finance au Service de l'Economie Réelle
18. Loi d'assainissement
des activités bancaires : séparation des activités de dépôt et des
activités spéculatives, lutte contre les produits toxiques et les
paradis fiscaux.
La réforme bancaire n'impose nullement la séparation des banques de
dépôt et des banques d'investissement, mais seulement la filialisation
des activités de ces dernières. En revanche, les parlementaires ont
imposé au travers d'amendements la publication du "nom des
implantations et nature d'activité", de l'équivalent du chiffre
d'affaires des banques, de leurs effectifs, de leurs bénéfices avant
impôt et du montant total de leurs impôts ainsi que de leurs
subventions publiques, y compris dans les paradis fiscaux. Une mesure
jugée efficace pour beaucoup d'ONG.
À la suite au scandale de l'affaire Cahuzac et de l'OffshoreLeaks,
François Hollande a aussi annoncé qu'il soutiendrait l'échange
automatique d'informations sur les comptes bancaires et les mouvements
de fonds entre tous les pays. Ce puissant principe imposé à la Suisse
par les États-Unis pourrait être imposé dans un premier temps à un
noyau de pays européens, puis à l'ensemble de l'Union.
Les frais bancaires sont par ailleurs plafonnés.
S'Appuyer sur les partenaires Sociaux et la Société Civile pour Retrouver le chemin d'une Croissance Durable et de l'Emploi
19. Lancement des
principaux chantiers sociaux du quinquennat lors de la conférence
nationale pour la croissance et l'emploi de mi-juillet. Ces chantiers
sont : la politique de l'emploi et de la formation (priorités : emploi
des jeunes et des seniors, encadrement des licenciements boursiers,
sécurisation des parcours, lutte contre la précarité, égalité salariale
et professionnelle), la qualité de vie au travail, le pouvoir d'achat
et la politique salariale, la sécurisation des retraites.
Tous ces chantiers ont effectivement été lancés à la mi-juillet lors de
la grande conférence sociale au Conseil économique, social et
environnemental. Plusieurs mois après, le contrat de génération,
mesure-phare de la campagne de François Hollande, qui prévoit des
exonérations de charges pour les entreprises embauchant un jeune tout
en conservant un senior, a été adopté. Le marché du travail va être
réformé, après l'accord entre syndicats et patronat.
L'encadrement des "licenciements boursiers", quant à lui, concept très
politique et difficile à définir précisément, devrait se résumer à une
loi sur la cession des sites rentables. Objectif ? Inciter une
entreprise à revendre son site ou son activité à la concurrence plutôt
que de le fermer purement et simplement. Mais la construction juridique
d'un tel texte, annoncé pour avant l'été 2013 par François Hollande,
devrait être délicate. Elle se heurte notamment au droit de propriété,
garanti par la Constitution.
Le chantier des retraites devrait être lancé avec une nouvelle
conférence sociale en juillet 2013. Et devrait mettre les seniors à
contribution via un allongement de la durée de cotisation, le déficit
du régime général étant amené à se creuser dans les prochaines années.
20.
Lancement du débat national sur la transition énergétique préalable à
la loi de programmation : préservation des ressources naturelles et de
la biodiversité, sécurisation de nos filières énergétiques et
développement des filières industrielles des énergies nouvelles, plan
massif de rénovation thermique des logements.
Les 14 et 15 septembre, le gouvernement a posé les jalons de sa future
politique environnementale lors de la conférence écologique. Avec deux
annonces-phares : la fermeture de Fessenheim, la plus vieille centrale
nucléaire française, avant 2016 et le refus de sept permis
d'exploration des gaz de schiste.
Pourtant, Greenpeace France a jeté un pavé dans la mare en annonçant
qu'elle ne participerait pas au débat national sur l'énergie qui s'est
ouvert le 20 novembre. "Nous n'avons plus confiance dans ce débat et
dans la réelle volonté du gouvernement de réussir la transition
énergétique", a déclaré le responsable de Greenpeace. Et d'énumérer ses
griefs : "Il y avait déjà le projet de l'aéroport de
Notre-Dame-des-Landes et ce qui s'y passe en ce moment, les
incertitudes sur la fermeture de la centrale de Fessenheim, la
déception de la conférence environnementale, le flou qui entoure
l'organisation de ce débat et maintenant un comité de pilotage
déséquilibré avec deux personnes ouvertement pro-nucléaires."
Le comité de pilotage mis en cause sera composé de l'ex-patronne
d'Areva Anne Lauvergeon, de l'ex-directeur de Greenpeace Bruno Rebelle,
du climatologue Jean Jouzel, de la directrice de l'Institut du
développement durable et des relations internationales (Iddri),
Laurence Tubiana, et de Pascal Colombani, ancien administrateur général
(2000 à 2002) du Commissariat à l'énergie atomique. Après une polémique
sur cette composition, deux nouveaux membres ont été ajoutés : Michel
Rollier, ex-dirigeant du groupe Michelin, et Georges Mercadal, ancien
vice-président de la Commission nationale du débat public.
Le débat national sur la transition énergétique (DNTE) a débuté en
janvier et doit se clore en juillet, date à laquelle une "synthèse des
avis et recommandations" de tous les acteurs doit être produite. Selon
la ministre de l'Écologie, Delphine Batho, une loi programmatique
suivra en octobre 2013.
Répondre à l'Urgence pour l'Education Nationale et la Culture
21.
Réexamen des conditions concrètes de la rentrée scolaire, notamment les
Rased (Réseaux d'aides spécialisées aux élèves en difficulté, NDLR) ;
recrutement (dans le cadre de l'enveloppe quinquennale de 60 000
postes) d'assistants d'éducation, de personnel d'encadrement ; mesures
d'urgence pour compléter la formation pratique des professeurs
néo-titulaires.
Vincent Peillon a multiplié les
mesures d'urgence pour "sauver" une rentrée "préparée par son
prédécesseur". Il a d'abord notamment débloqué 1 280 postes,
exclusivement pour le primaire, dont une centaine de postes de Rased,
ces instituteurs itinérants qui s'occupent des enfants en grande
difficulté. Quelques postes de CPE (conseillers principaux d'éducation)
ont été créés au collège. Pour les lauréats au concours, qui devaient
commencer à enseigner en service complet, le ministre leur a donné une
décharge de 3 heures hebdomadaires afin qu'ils puissent avoir une
formation. "Si quelqu'un ici trouve que c'est insuffisant, c'est bien
moi", a souligné le ministre de l'Éducation nationale.
Puis le ministre est passé à la
vitesse supérieure avec l'annonce du recrutement de 40 000 enseignants
dès 2013, dont 22 000 créations de postes, le solde correspondant au
remplacement des départs en retraite. Ce recrutement, inédit par son
ampleur, a obligé à créer une deuxième session de concours au printemps
prochain. Pour accroître le vivier de candidats, le ministre a avancé
le concours en première année de master. Les lauréats de ce concours
seront les premiers à apprendre leur métier dans les écoles supérieures
du professorat et de l'éducation (ESPE), dont la création a été
annoncée par le président de la République le 9 octobre.
François Hollande grave ainsi
dans le marbre l'engagement budgétaire qui sera tenu quoi qu'il arrive.
D'autres mesures ont également été votées le 19 mars dans le cadre de
l'adoption par l'Assemblée nationale du projet de loi pour la
refondation de l'école, comme la réforme des rythmes scolaires, qui
entérine la semaine de 4,5 jours à l'école primaire, et le principe
"plus de maîtres que de classes" (voir mesure 25).
22. Mise en place de la commission de préparation de l'acte II de l'exception culturelle.
La dénomination est absconse,
mais les enjeux sont, eux, très concrets. La mission, effectivement
présentée par la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, le 18
juillet 2012 en conseil des ministres, a pour objet de repenser
l'économie culturelle à l'ère du numérique et devrait déboucher sur une
loi remplaçant la Hadopi. Aux commandes : l'ex-patron de Canal+, Pierre
Lescure. Son rapport, d'abord prévu pour mars, sera rendu le 13 mai
2013.
D'août 2012 à Juin 2013
Après les Réformes Fiscale et bancaire, poursuivre les réformes de Structure pour Moderniser le Pays
23. Nouvel acte de
décentralisation pour donner plus de responsabilités aux régions en
matière de développement économique, d'emploi et de formation, et
renforcer la cohésion territoriale ; supprimer les doublons
État/collectivités ; supprimer le conseiller territorial et
démocratiser les élections locales.
Trois projets de loi distincts ont été dévoilés sur le sujet lors du
conseil des ministres du 10 avril. Avec beaucoup de retard, ils
constituent l'"acte III de la décentralisation" et devraient démarrer
la navette parlementaire fin mai. Ce "tronçonnage" en plusieurs volets
est censé réduire les oppositions des élus, qui défendent chacun leurs
prérogatives locales. Cependant, les propositions ont déjà été
largement édulcorées par rapport aux promesses du candidat. Par
exemple, elles ne suppriment aucun échelon administratif du fameux
"mille-feuille territorial". Il y en a même un nouveau avec la création
des métropoles (Paris, Lyon, Aix-Marseille-Provence), au statut
particulier.
24.
Loi de développement économique et social : création de la banque
publique d'investissement pour financer les entreprises, notamment les
TPE et PME dans les quartiers, et favoriser l'innovation, la production
en France et l'export ; lutte contre les licenciements boursiers et les
restructurations "sauvages" ; mise en place des "contrats de
relocalisation" ; participation des salariés aux conseils
d'administration et aux comités de rémunération des grandes entreprises
; notation sociale des entreprises.
Aucune loi de cette envergure n'a vu le jour, même si la banque
publique d'investissement (BPI), présentée comme centrale par le
gouvernement pour le financement des entreprises, sera effectivement
mise en oeuvre. Jean-Marc Ayrault a par ailleurs dévoilé, début
novembre 2012, son "pacte pour la croissance, la compétitivité et
l'emploi", dont la déclinaison sera étalée tout au long des textes
présentés par le gouvernement.
"La lutte contre les licenciements boursiers et les restructurations
sauvages" est un peu passée à la trappe, même si le ministre du
Redressement productif, Arnaud Montebourg, veut contraindre par la loi
les entreprises qui ferment un site à le vendre, plutôt que de le
laisser à l'abandon pour éviter la concurrence. Les "contrats de
relocalisation" ont disparu de l'agenda.
Quant à la participation des salariés au conseil d'administration et au
comité de rémunération des grandes entreprises, elle a été retenue dans
le "pacte pour la croissance, la compétitivité et l'emploi". Le texte
du pacte énonce, dans le levier 4 "Produire ensemble", la décision n°
13, qui consiste à "associer toutes les composantes de l'entreprise à
sa stratégie en introduisant au moins deux représentants des salariés
au sein du conseil d'administration ou de surveillance comme membres
délibérants dans les grandes entreprises, selon des modalités à
négocier par les partenaires sociaux. Les entreprises qui le souhaitent
seront autorisées à faire présider le comité d'entreprise par un
représentant des salariés". La proposition sera appliquée grâce à une
disposition en ce sens dans l'accord sur le marché du travail signé en
janvier par les partenaires sociaux.
Faire de la Jeunesse une Priorité Nationale
25.
Loi d'orientation et de programmation pour l'Éducation nationale
(réforme de la formation des enseignants, réforme des rythmes
scolaires, programmation du recrutement de 60 000 postes dans
l'Éducation nationale et l'enseignement supérieur, création de l'école
nationale supérieure de formation pratique des maîtres...).
Vincent Peillon avait lancé une vaste concertation où tous les sujets
devaient être abordés : répartition des postes (le primaire revendique
la moitié des 60 000 postes promis), réforme de la formation des
maîtres et, surtout, rythmes scolaires. Ces dossiers sont désormais
tranchés. La réforme des rythmes scolaires, épineux sujet devenu
politique, tant la complexité de l'accueil des enfants par les communes
et l'opposition des syndicats l'ont retardée, sera finalement mise en
place sur deux ans, chaque commune étant libre de décider de son
calendrier. Une grande latitude a été laissée aux acteurs locaux pour
aménager la semaine sur 4,5 journées et permettre la fin des cours à 15
h 30.
L'Assemblée nationale a voté le 19 mars, en première lecture, le projet
de loi pour la refondation de l'école, qui comprend notamment la
programmation de 60 000 postes sur cinq ans dans l'Éducation nationale,
la recréation d'une formation des enseignants dès la rentrée 2013 avec
les écoles supérieures du professorat et de l'éducation, et donne la
priorité au primaire, avec notamment un renforcement de la
scolarisation des moins de trois ans et le dispositif "Plus de maîtres
que de classes".
Sur les 150 000 emplois d'avenir, normalement réservés aux
non-diplômés, 18 000 seront créés à l'Éducation nationale et
concerneront des bac + 2 issus de quartiers défavorisés. Non titulaires
durant leur contrat, ils se verront verser un salaire de 900 euros
contre un engagement à passer les concours d'enseignant et 12 heures de
surveillance ou d'aide aux devoirs dans des établissements. Le ministre
de l'Éducation nationale a annoncé le recrutement de 40 000 postes
d'enseignants pour la rentrée 2013.
26.
Création des emplois d'avenir - 150 000, dont 100 000 dans l'année qui
suit l'entrée en vigueur de la loi - et du contrat de génération, dans
une loi pour l'emploi et la cohésion sociale, afin de permettre aux
jeunes d'accéder au marché du travail, en particulier dans les
quartiers.
Le gouvernement a présenté mercredi 29 août son projet de loi pour la
création de 150 000 emplois d'avenir d'ici à 2014, qui s'ajouteront aux
contrats aidés classiques afin de faire reculer le chômage le plus vite
possible. Ces emplois, destinés aux jeunes des quartiers sensibles et
des zones rurales les plus touchées par le chômage, seront créés dans
le secteur public et associatif. Ils seront financés à 75 % par l'État.
Le Parlement a définitivement adopté leur création, et François
Hollande a signé lui-même, le 8 novembre, les premiers contrats. Sauf
que leur montée en charge est très lente. Au point qu'un dilemme se
présente : faut-il assouplir les conditions de la formation et des
contrats pour faciliter leur signature ?
Quant au contrat de génération, pour encourager à la fois l'embauche de
jeunes et le maintien en activité des seniors, les premiers contrats
ont eux aussi été signés. Une première convention de branche également.
Répondre aux Préoccupations quotidiennes des Français
27.
Création de 1 000 postes (dans le cadre de l'enveloppe quinquennale de
5 000 postes) pour la sécurité et pour la justice - loi de finances
pour 2013.
Manuel Valls a d'ores et déjà confirmé la création de 500 postes de
policiers et de gendarmes par an. Le budget 2013 adopté par le
Parlement mentionne la création de 480 postes pour la police et la
gendarmerie, ainsi que de 520 postes pour la justice. Promesse tenue.
28. Fin de la convergence tarifaire public-privé à l'hôpital - loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013.
La loi de financement de la Sécurité sociale 2013 prévoit bien la fin
de la convergence tarifaire. La ministre de la Santé, Marisol Touraine,
a confié le 7 septembre la direction d'une concertation à Édouard
Couty, conseiller maître à la Cour des comptes, ancien directeur des
hôpitaux et président de la Fédération hospitalière de France (FHF)
Rhône-Alpes, pour la construction d'un "pacte de confiance pour
l'hôpital".
29. Lancement du plan de lutte contre le cancer 2013-2016.
François Hollande a annoncé, début décembre à Paris, un troisième Plan
cancer sur quatre ans (2014-2018), axé sur la lutte contre les
inégalités face à la maladie et destiné à préparer la France "aux
nouveaux enjeux liés aux progrès médicaux".
30. Négociation avec les
partenaires sociaux sur la réforme globale des retraites : âge de
départ, pénibilité, carrières fractionnées, financement durable.
La discussion est prévue pour le printemps 2013, sur la base d'un
rapport d'une commission qui aura notamment pour mission de se pencher
sur la dose de solidarité dans le système, sa "simplification" et sa
"lisibilité", ainsi que sur la situation des "polypensionnés" (ayant
cotisé à plusieurs régimes de retraite). Le gouvernement devra trouver
des moyens supplémentaires pour combler le déficit.
31.
Loi sur l'accès au logement : encadrement des loyers à la location et à
la relocation, renforcement des sanctions prévues par la loi SRU,
réforme du régime de cession du foncier de l'État pour faciliter la
construction de logements par les collectivités territoriales.
Les loyers ont été encadrés en urgence grâce à un décret rentré en
application le 1er août. Une loi pérennisant le dispositif devrait être
adoptée en 2013, selon la ministre du Logement, Cécile Duflot. Par
ailleurs, la ministre du Logement a fait adopter une loi assurant la
cession du foncier par l'État, ainsi que le renforcement des sanctions
de la loi SRU. Après avoir été censurée une première fois par le
Conseil constitutionnel, fin octobre, pour un problème de forme, une
seconde version du texte a dû être revotée fin novembre au Parlement.
Les dispositions restent les mêmes : favoriser le logement social en
accordant la cession à bas prix, voire gratuite, de terrains publics,
en faisant passer de 20 à 25 % la proportion des logements sociaux dans
les communes de plus de 3 500 habitants (1 500 en Ile-de-France) et en
multipliant par cinq les pénalités exigibles des communes
récalcitrantes.
32. Dès l'achèvement de la préparation technique, loi sur la tarification progressive de l'eau, de l'électricité et du gaz.
La proposition de loi censée traduire cet engagement a été portée par
le député François Brottes, le "monsieur Énergie" de la campagne du
candidat Hollande. Mais le bonus-malus, le coeur du texte de loi, censé
inciter les consommateurs à réduire leur consommation d'énergie, a été
censuré par le Conseil constitutionnel le 11 avril. Selon les Sages, la
disposition aurait créé une "inégalité des citoyens devant les charges
publiques", notamment entre les particuliers et les professionnels (non
concernés par cette loi). Le gouvernement devra donc retenter sa chance
pour mettre en place ce dispositif, à une échéance encore inconnue.
Des mesures ont toutefois échappé à la censure, comme l'élargissement
des bénéficiaires des tarifs sociaux de l'énergie et les nouvelles
règles d'implantation des éoliennes.
Garantir les Droits de Chacun
33. Droit au mariage et à l'adoption pour tous les couples.
Le texte de loi sur le mariage pour tous a été adopté à l'Assemblée
nationale. Le Conseil constitutionnel, saisi par l'opposition,
s'exprimera sur la validité du texte le 16 mai. Si le texte n'est pas
censuré, François Hollande devrait promulguer la loi dans la foulée.
Lire aussi : Le Conseil constitutionnel peut-il censurer la loi sur le mariage gay ?
34. Droit de finir sa vie dans la dignité.
Après cinq mois de réflexion et une dizaine de "débats citoyens", le
professeur Didier Sicard a rendu mardi 18 décembre à François Hollande
un rapport sur la fin de vie qui va orienter et éclairer le débat sur
la question de l'euthanasie. Il rejette clairement l'idée d'inscrire
l'euthanasie ou le suicide assisté dans la loi française, tout en
recommandant dans certains cas la possibilité d'accorder un geste
médical "accélérant la survenue de la mort". Le président a promis un
projet de loi sur la fin de vie en juin 2013. En attendant, il a saisi
le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) "afin que celui-ci
puisse se prononcer" sur les pistes ouvertes par le rapport, pas
attendu avant juin. Entre-temps, le député Jean Leonetti (UMP) a
proposé une loi inspirée des conclusions du rapport Sicard. Elle a été
rejetée par l'Assemblée le 25 avril.
Renforcer notre Démocratie et Défendre les Principes de la République
35. Constitutionnalisation
des principes de la loi de 1905 sur la laïcité, réforme du Conseil
supérieur de la magistrature pour garantir l'indépendance de la
justice, réforme du statut pénal du chef de l'État pour le rendre
responsable des actes commis sans rapport avec sa fonction, suppression
de la Cour de justice de la République pour que les ministres soient
jugés comme des citoyens ordinaires, droit de vote, loi électorale,
suppression du cumul des mandats, inscription dans la Constitution du
respect de la démocratie sociale.
Cet engagement est toujours en chantier, mais avance sur plusieurs
points. Dès novembre, une commission menée par Lionel Jospin a rendu
ses conclusions sur la modernisation de la vie politique française.
Plusieurs textes, inspirés en partie de ce rapport, doivent être votés
d'ici l'été par le Parlement.
D'abord, le non-cumul d'une fonction exécutive locale avec un mandat de
député (national ou européen) ou de sénateur. Le projet de loi prévoit
l'entrée en vigueur de cette interdiction à partir du 31 mars 2017. Le
texte sur la réforme du Conseil supérieur de la magistrature est aussi
dans les tuyaux. Il donne plus d'indépendance au corps judiciaire et
entraîne la suppression pure et simple de la Cour de justice de la
République, considérée comme un "privilège" qui n'a plus lieu d'être.
Depuis le conseil des ministres du 13 mars, on en sait également plus
sur l'évolution du statut du chef de l'État. Elle devrait être limitée
: fin de l'immunité juridictionnelle du chef de l'État dans le domaine
civil, mais maintien de la protection dont il bénéficie au pénal. Les
anciens chefs de l'État ne devraient également plus siéger
automatiquement au Conseil constitutionnel, néanmoins la loi ne sera
pas rétroactive.
Enfin, la démocratie sociale devrait bel et bien entrer dans la
Constitution afin de "renforcer le rôle du dialogue social". Pas de
nouvelles cependant de la constitutionnalisation du principe de
laïcité, ni de l'introduction éventuelle d'une dose de proportionnelle
aux élections législatives.
4 Mai 2013
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