Wakili Alafé
: "A
propos de la Journée Mondiale de la Culture Africaine
(JMCA)"
Par
Gilles Marchand - Publié le 06/11/2019 à 0h48 -
L’unesco instaure une journée mondiale de célébration de la culture africaine : la réaction de Alafé Wakili. Nous
publions, cette semaine, son interview
par
Gilles Marchand, président
d’ISF.
Fondateur
et Rédacteur en Chef de l'Intelligent d'Abidjan, Wakili Alafé est une
des 100 personnalités les plus influentes de la Côte d'Ivoire. Il est
notre Homme de la Semaine.
Premières Questions
A. GM : Vous êtres le Coordinateur des points focaux
de la JMCA – Journée Mondiale de la Culture Africaine et Afro
descendante depuis deux ans, quelle sont vos responsabilités
Wakili Alafé - Cette
Journée Mondiale de la Culture Africaine et Afro descendants contribue
à dessiner le périmètre de l’identité africaine. Quels sont les
marqueurs de l’identité ? La culture est l’un des marqueurs forts
de l’identité. Or, notre planète et les peuples sont soumis aux
injonctions d’une culture-monde qui tend à gommer, voire nier les
différentes culturelles. Tout le monde est sommé d’écouter la même
musique et de danser les mêmes danses à Abidjan ou à Séoul.
Souvenez-vous du phénomène de « Gangnam style », la
« danse du cheval » du Sud-Coréen Psy. Les cultures
sont-elles menacées par ce genre de show-biz mondialisé ? Je le
crois d’autant plus que ce soft-power est une arme pour des pays
qui veulent conquérir, pacifiquement, le monde. Il est donc important
que l’Afrique affirme son identité à travers sa culture, une culture
vivante et non pas une forme édulcorée pour touristes en mal
d’exotisme. Ma responsabilité est donc grande pour trois raisons :
1) Je fais partie de ceux qui cherchent à faire exister et connaître la
culture africaine, non pas simplement aux autres, mais aux Africains
eux-mêmes, en particulier la jeunesse : 2) Mon rôle de coordinateur est
de donner le même poids et la même visibilité à toutes les cultures
africaines, selon les pays, les régions, les ethnies : 3) Je cherche à
montrer que la culture africaine, dans ses manifestations, représente
la vie même de l'homme africain , car elle plonge ses racines dans les
couches populaires avec leurs croyances, leurs mystères, leurs
aspirations.
Sans parler de vouloir abattre l’impérialisme culturel de l’Occident,
nous voulons montrer l’importance de la culture africaine. C’est la
responsabilité que je partage avec d’autres, en particulier John Ayité
Dossavi, initiateur de la JMCA, et les membres du bureau exécutif. Sans
oublier Monsieur Gambotti Christian, un français amoureux authentique
de l’Afrique, dont vous entendrez de plus en plus parler !
B. Vos
responsabilités (Patron d'un Groupe important de Presse) n'ont pas
empêché vous et votre équipe d'organiser et de célébrer le 24 janvier
2019 la JMCA ; quelle en a été le bilan? Comment voyez-vous cet
événement évoluer dans les années à venir ?
Wakili Alafé
– La vocation d’un groupe de presse n’est pas de parler uniquement de
politique et d’économie, de relater des faits divers. Nous devons aussi
parler de culture, faire vivre la culture. On peut regretter que la
culture n’occupe pas une place plus importante dans nos journaux. En
mobilisant mon équipe dans l’organisation et la célébration du 24
janvier 2019 de la JMCA, j’ai voulu que l’équipe elle-même s’approprie
l’événement pour mieux en relayer l’importance auprès de nos lecteurs.
La culture n’est pas ce supplément festif qui nous fait oublier le
travail, les réalités du quotidien, nos soucis, c’est au contraire un
des marqueurs de l’identité africaine dont nous sommes les
héritiers et les passeurs pour les générations futures. L’identité et
la culture sont des réalités évolutives qui se nourrissent du passé,
s’inscrivent dans le présent et conditionnent l’avenir. La culture
africaine est à la fois ce qui nous différencie des autres cultures et
nous rend semblables. Historiquement, avant de de devenir cet
« homo economicus » et social uniforme, l’individu est un
« être culturel » porteur d’attributs spécifiques. Le bilan
de la Journée Mondiale de la Culture Africaine à Abidjan , fait état
d’une réussite totale, car notre objectif est atteint : montrer
qu’il existe une diversité des cultures et que cette diversité
porte l’unité de l’homme à travers des valeurs universelles qui sont
transgéographiques, transhistoriques et transtemporelles. Notre
objectif est aussi de lutter contre les préjugés qui sont nés en
Occident au XVIIIème siècle avec la philosophie des Lumières :
pour l’Occident, la culture se confond avec la civilisation. Selon le
Siècle des Lumière, il appartient à l’Occident, qui détient la
civilisation, de la propager dans les contrées sauvages et parmi les
peuples barbares, classés comme inférieurs dans la hiérarchie
civilisationnelle. Cette dévalorisation des autres cultures par
l’Occident est l’une des justifications de la colonisation que l’on
retrouve chez des esprits pourtant éclairés comme Victor Hugo ou Hegel.
Notre rôle est de faire en sorte que l’Afrique et les Africains soient
fiers de leur culture. Sur ce dernier point, le bilan de la JMCA est
aussi très positif.
C. Quels sont vos rapports avec John Ayité Dossavi,
initiateur de la JMCA, et les membres du bureau exécutif.
Wakili Alafé
– Les rapports avec John Ayité Dossavi, initiateur de la JMCA, et les
membres du bureau exécutif sont évidemment très bons. Il ne s’agit pas
simplement d’un partenariat qui permet de créer un événement, mais bien
d’un partage des mêmes valeurs. Je tiens à saluer l’engagement total et
désintéressé de John Ayité Dossavi, en faveur de la culture africaine.
Je tiens à saluer aussi le dynamisme et la disponibilité des membres du
bureau exécutif. Chacun a conscience de l’importance de cette Journée
mondiale qui vient d’être reconnue par le vote de l’UNESCO le 17
octobre 2019, qui a fait le choix du 24 janvier comme date officielle
de la célébration de la JMCA. Nous préparons donc cette Journée du 24
Janvier 2020, afin de lui donner un énorme retentissement. Je sais que
nous pouvons compter sur l’appui d’Informations Sans Frontières et de
tous les médias. Il ne s’agit pas simplement de rendre hommage à une
culture mais de montrer que cette diversité culturelle, parce qu’elle
est féconde, contribue aux progrès de l’esprit humain. La légende veut
que l’Afrique soit le « berceau de l’humanité ». La
Méditerranée est aussi le berceau de l’humanité. Je préfère dire que
toutes les cultures sont le « berceau » de l’humain. La
diversité des cultures est nécessaire à l’existence même de l’humain
comme la diversité des idées est nécessaire à l’existence même de la
démocratie. Le danger que fait courir notre modernité à l’Homme est de
transformer l’Homme en « homo economicus », de détacher la
culture de l’économie. L’« Homo economicus » contemporain est
un être froid. La culture nous inscrit dans la sphère du chaud.
D. La JMCA a été votée certes au Conseil
Exécutif de l’UNESCO le 17 octobre 2019, mais il reste son adoption fin
novembre par la Conférence Générale de l’UNESCO, peut-on parler
de victoire ?
Wakili Alafé
– Pourquoi parler de victoire ? Notre combat n’est pas guerrier.
En revanche, nous éprouvons une certaine fierté, car ce vote au Conseil
Exécutif de l’UNESCO, le 17 octobre 2019, montre qu’il existe un
consensus sur l’apport de la culture africaine à la civilisation
universelle. L’UNESCO fait sortir la culture africaine du folklore et
de l’exotisme pour lui redonner sa véritable dimension. Ce vote permet
à l’Afrique de se réconcilier avec elle-même et aux Africains de porter
sur eux un autre regard. Confondant culture et progrès technologiques,
certains ont dit que nous n’étions pas encore entrés dans l’Histoire.
Or, nous sommes parmi les premiers à avoir fait l’Histoire avec les
Empires du Ghana, du Mali. Mon sentiment est qu’il nous faut revisiter
l’Histoire de l’Afrique. Beaucoup considère que l’Histoire de l’Afrique
commence avec la colonisation. Il existe une Afrique précoloniale.
D’ailleurs, l’histoire de l’Afrique ancienne fait son entrée au Collège
de France. La première chaire permanente consacrée à l'histoire
ancienne de l'Afrique, intitulée « Histoire et archéologie des
mondes africains » a été inaugurée ce jeudi 3 octobre
2019 par l'historien et archéologue François-Xavier Fauvelle. La JMCA
participe pleinement à cette renaissance de l’Afrique au plan culturel.
Je vous rappelle ce proverbe africain : « Tant que les lions
n'auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse ne
peuvent que chanter la gloire du chasseur. » La JMCA est en partie
une œuvre d’historiens, d’entrepreneurs culturaux africains de la
culture africaine, mais nous parlons aussi d’une culture vivante,
ancrée dans le présent et qui nous projette dans l’avenir. Regardez
l’impact aujourd’hui de la culture africaine sur les cultures du monde
dans la mode, la musique, l’art. Victoire historique certes, mais, pour
moi, juste reconnaissance des valeurs de la culture africaine. D’où
cette légitime fierté que peuvent avoir tous les Africains du monde. Je
ne doute pas de l’adoption définitive, fin novembre, de cette date du
24 janvier par la Conférence Générale de l’UNESCO.
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Deuxièmes Questions
A. Pourriez-vous nous présenter votre groupe ? Quelles sont
ses influences dans le paysage des médias dans la sous-région, en
particulier en Côte d’ivoire ?
Wakili Alafé
– Le groupe que je dirige diffuse un quotidien L’Intelligent d’Abidjan,
des magazines, des numéros spéciaux et nous sommes présents sur
internet avec des sites d’informations. Notre offre est diversifiée,
mais nous tenons à publier un support papier, malgré les difficultés
que représente, sur tous les plans, la gestion d’un quotidien. Nous
somme une presse libre et indépendante, à côté de journaux partisans en
lien avec des partis politiques, Nous voulons être un marqueur fort de
la démocratie. Les groupes de presse ont une responsabilité qui est
d’informer et de nourrir le débat d’idées dans le débat démocratique.
Cette responsabilité est d’autant plus grande que nous vivons sous la
dictature de l’immédiateté et l’influence nauséabonde des « fake
news ». Des journaux et des sites d’information de qualité jouent
le rôle de gardiens de la démocratie. C’est cette image que je veux
porter avec L’Intelligent d’Abidjan. Notre modernité semble oublier ce
qu’informer veut dire.
B. Comment L’Intelligent d’Abidjan, qui est un des
quotidiens de références en Côte d’ivoire, est-il financé ? Quelle est
sa cible ?
Wakili Alafé
– L’Intelligent d’Abidjan est en effet un journal de référence en Côte
d’Ivoire. Nous avons fêté récemment les 15 du journal en permettant à
tous ceux qui nous suivent (abonnés, lecteurs, soutiens, amis) d’être
encore présents les 15 prochaines années. Je profite de cette interview
pour lancer un appel aux banques et aux établissements financiers, en
même temps qu’à nos dirigeants, pour qu’ils maintiennent et consolident
un mécanisme d’aide financière afin de protéger le secteur de la
presse qui n’entre pas toujours dans les schémas classiques de
rentabilité. Il y a 15 ans, lorsque j’ai essayé de « vendre »
l’idée de L’Intelligent d’Abidjan à des banques et à des financiers,
personne n’y a cru. J’ai failli abandonner. Mais, j’ai continué en
prenant tous les risques financiers et en bénéficiant du soutien de
quelques amis. Aujourd’hui, L’Intelligent existe et le journal est
devenu une référence en Côte d’Ivoire. Nous voulons le décliner dans la
sous-région et au-delà. Pourquoi pas L’Intelligent de Dakar,
L’Intelligent de Bamako, L’Intelligent de Kinshasa, etc. ? Avec
toujours le même souci de qualité, car il s’agit de répondre à ce que
revendiquent les populations : le droit d’être informées. Notre
cible est donc tous ces Africains qui considèrent qu’il ne peut pas y
avoir de développement économique, de progrès social, de croissance
inclusive, d’épanouissement démocratique sans une presse de qualité,
libre et indépendante. L’école doit initier les élèves à la lecture des
journaux. On peut imaginer une journée de la presse dans les
établissements scolaires de façon à proposer une éducation à
l’information et aux médias.
Troisièmes Questions
A. Bientôt l’élection présidentielle dans votre pays,
quelle est votre vision de cette période électorale ?
Wakili Alafé
– Toute période électorale se caractérise par une grande effervescence
politique et une « hystérisation » des débats. Je dirais qu’à
une grande période d’instabilité politique, de 1999 à 2011 (coup
d’Etat, guerre politico-militaire, partition du pays, crise
postélectorale), avec des milliers de morts, a succédé une période de
stabilité politique depuis 2011. À l’évidence, les Ivoiriennes et les
Ivoiriens, qui ont une grande maturité politique, préfèrent les urnes
aux armes. La campagne électorale a commencé avec son lot d’excès, mais
purement verbaux. Guillaume Soro qui s’est déclaré. Si rien ne permet
de dire que l’élection de 2020 va mal se passer, rien ne permet de dire
non plus qu’elles se dérouleront dans un climat totalement apaisé.
Certains pourraient vouloir profiter d’un climat de violence dans le
seul but de s’emparer du pouvoir ou de le conserver. Pour appartenir
définitivement au camp des grandes démocraties modernes, la Côte
d’Ivoire doit aller vers des élections libres et transparentes et les
candidats doivent s’affronter dans le cadre du débat démocratique. Ce
qui est inquiétant, c’est que climat politique se crispe, en
particulier autour de la question de la Commission électorale
indépendante (CEI), une instance boycottée par le PDCI de Bédié et le
FPI de Gbagbo. Le gouvernement affirme que l’élection présidentielle de
2020 se déroulera dans un climat apaisé et sécurisé. Il est évident que
le souvenir des conséquences dramatiques des crises électorales de 2000
(100 morts et un charnier à Yopougon) et 2010 (plus de 3000 morts),
avec une réconciliation inachevée, rend encore plus sensible cette
question électorale.
B. Comment voyez-vous l’avenir de la Côte d’ivoire ?
Wakili Alafé
– Pour moi, la Côte d’Ivoire a tous les atouts pour offrir aux
populations, aux femmes et à la jeunesse en particulier, un avenir
meilleur. La question est de savoir si elle possède une classe
politique à la hauteur des enjeux démocratiques, économiques, sociaux
et environnementaux de notre époque. Nombreux sont ceux qui souhaitent
que la Côte d’Ivoire s’installe définitivement dans un
environnement de stabilité et de paix. L’avenir de la Côte d’Ivoire
dépend de la volonté de la classe politique de vouloir maintenir cet
environnement de paix et de stabilité.
Quatrièmes Questions
A. Le Président du Togo, le ministre togolais des affaires
étrangères, le ministre togolais de la culture se sont impliqués dans
la Journée Mondiale de la Culture Africaine. Pourquoi le Togo a
présenté la résolution pour le Journée mondiale de la culture
africaine ? Si le promoteur John Dossavi n’était pas un togolais
d’origine, le Togo se serait-il senti concerné ?
Wakili Alafé
– Nous pouvons remercier le Président Faure qui a accepté que son pays
porte, le 25 septembre 2019, à la réunion préparatoire du Conseil
Exécutif de l’UNESCO, le projet d’une Journée Mondiale de la Culture
Africaine. À l’étape suivante, le 17 octobre 2019, le Conseil Exécutif
de l’UNESCO a voté de projet de résolution et fixé au 24 janvier comme
date officielle pour cette Journée Mondiale célébrant la Culture
Africaine. Le Président du Togo, le ministre togolais des affaires
étrangères, le ministre togolais de la culture se sont totalement
impliqués pour faire aboutir ce projet. Certes, le fait que le
promoteur du projet, John Dossavi, est un Togolais d’origine a
sûrement joué dans la décision du Président Faure. Mais, le Togo a
immédiatement vu l’enjeu d’une telle Journée de célébration de la
culture africaine. Pour le Président Faure, comme pour les dirigeants
africains, il ne faut pas réduire l’Afrique à la richesse de ses
matières premières, au potentiel de son développement économique, à son
rôle de vecteur de la croissance mondiale. L’Afrique a une identité
propre. Le Président du Togo considère, à juste titre, qu’il nous faut
retrouver l’identité africaine. Un détail qui n’en est pas un : le
gouvernement togolais a repris la gestion du nom de domaine .tg et la
campagne de communication gouvernementale en faveur du .tg a pour
objectif de faire rayonner l'identité numérique nationale au-delà des
frontières. Dans tous les domaines, l’identité africaine doit
s’affirmer. De façon schématique, je pourrais dire que la colonisation,
au-delà de l’appropriation des terres, a été une appropriation de nos
cerveaux et une dépossession de notre imaginaire. Nos élites se sont
éloignées de la culture africaine. Ce phénomène se reproduit
aujourd’hui, lorsque nos capitales ressemblent à des villes européennes
et sont en rupture avec nos villages. Dans la culture africaine, les
populations des villages s’inscrivent dans une tradition de solidarité.
Cette solidarité est en train de disparaître. A travers le soutien
apporté à la JMCA, le Président du Togo se pose en défenseur de
l’identité africaine.
B. Culture africaine et Afro descendante : le passé
esclavagiste a-t-il aussi compté ?
Wakili Alafé
– Ce retour constant au passé esclavagiste me semble contre-productif,
s’il s’agit, 60 ans après les indépendances, de continuer à faire de
l’esclavage la cause du sous-développement actuel de l’Afrique. Certes,
le devoir de mémoire est une nécessité, mais, du point de vue de
l’Histoire, les faits sont réels, leur interprétation est libre.
L’esclavage a existé, a chacun d’en proposer une lecture. En revanche,
il est intéressant de travailler sur le paradoxe suivant : la
perte identitaire vécue par les esclaves africains et la survivance des
cultures africaines chez les esclaves en Amérique ou en Europe.
L’esclavage a sûrement engendré un complexe culturel, dont nous devons
sortir. L’un des objectifs de la JMCA est de nous faire sortir de ce
complexe, sans en faire l’alpha et l’oméga de de cette Journée.
NDLR : A l'île de
la Réunion, la culture étouffée des esclaves s'est prolongée dans des
formes de musiques chantées qu'ils ont secrètement portées pendant des
décennies et qui ont fini par émerger sous le beau nom de Maloya, une
culture résiliente aujourd'hui reconnue comme patrimoine immatériel de
l'Unesco. C'est un exemple intéressant de réappropriation et de
prolongement d'une culture ancestrale par la jeunesse d'un lieu marqué
par l'histoire de l'esclavage.
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