Le
Renouveau médiatique
Par Gilles Marchand
Cantonnés jusqu'ici à
quelques fonctions bien définies, les médias abordent
aujourd'hui un nouvel âge. Petit point lumineux.
Généralement bien connus des professionnels, les rouages
médiatiques réels sont en général mal
connus du public. Pourtant, aujourd'hui, grâce aux évolutions
technologiques et à une prise en compte en pleine redéfinition,
ils connaissent des transformations que tous les spécialistes
ne cernent pas. Les développements en cours sont tels qu'une
mise au point s'avère nécessaire. Nous abordons une
phase de mutation qui va transformer certains de leurs modes opératoires
et leur donner une place nouvelle dans la société
civile. Les médias deviennent un élément déterminant
du politique, de l'économique et du social et leur intervention
est en train d'être redessinée, voire repensée.
Ils sont amenés à jouer le rôle d'interface
entre tous les domaines d'activité et le public. Cela remet
en cause un grand nombre de leurs attributions traditionnelles visibles.
Cela transforme surtout les chemins que suivent les informations
et les biens culturels. La structure de l'échange se modifie.
Au départ pyramidale et organisée selon des cascade
de responsabilités, celle-ci s'appuyait sur des relations
hiérarchiques organisées autour de relais satellitaires
qui respectaient une disposition verticale et permettaient donc
une ligne éditoriale, voire une censure politique. Ce n'est
plus aujourd'hui le cas à l'heure où les technologies
de l'information, comme Internet où les produits multimédias
instaurent des types de relations horizontales en renforçant
l'interactivité entre tous les acteurs qui deviennent actifs
en tous points du tissu médiatique. Il est très difficile
pour les autorités publiques nationales d'instaurer un contrôle
de ce qui est avant tout un instrument à la fois conçu
pour éviter toute tentative de contingentement et pour contourner
toute rupture du lien informationnel.
On peut donc parler de structure neuronale où chaque individu
peut jouer le rôle d'émetteur comme de récepteur,
et surtout peut organiser entre lui et l'extérieur des relations
multiples régulées et comptabilisables selon des termes
d'audience qui font qu'un individu séparé peut fonctionner
dans ce contexte comme les anciens relais médiatiques qu'étaient
les chaînes de télévision ou les stations de
radiodiffusion. Cela dépend de sa capacité créative
et de l'étendue des moyens qu'il emploie. Cela modifie en
outre les conditions de l'échange et la culture médiatique
de manière profonde.
Une nouvelle culture est en train de naître qui fait la synthèse
des anciennes mais nécessite de l'imagination afin d'inventer
les éléments comportementaux et relationnels nouveaux
qu'il s'agit de mettre en place. Cette culture doit réinventer
les fondamentaux. Réexaminer un monde qui naît à
l'aune de l'expérience des anciens afin de profiter de leur
savoir. Bref effectuer une relecture du monde avec les outils d'aujourd'hui
pour définir de nouveaux modes de fonctionnement.
Dans ce contexte, les médias sont appelés à
fonctionner d'une manière originale et à devenir des
sources d'approvisionnement culturelles et informationnelles. Une
part de l'activité médiatique va devenir un relais
de la pratique décisionnelle. C'est pourquoi une structure
nouvelle doit se mettre en place. Une structure qui allie l'administratif
et le médiatique devra permettre un exercice plus rapide
et plus précis du pouvoir et instaurer des relations de communication
entre tous les acteurs désignés de cette activité.
Des départements entiers doivent être créés
au sein de tous les ministères et de toutes les administrations
afin de permettre d'articuler les données de plus en plus
complexes de la prise de décision.
Parallèlement, il est nécessaire de recréer
une démocratisation de l'accès à ces réseaux,
relais de l'action publique. A terme, il doit être possible
pour chaque citoyen de disposer d'une voix, la sienne, dans l'exercice
de la prise de décision. Il y aurait par conséquent
un vote à échéances dont il s'agit de préciser
la fréquence, qui permettrait la réalisation d'études
et de sondages qui faciliteraient grandement l'exercice de la démocratie
et la rendraient viable y compris grâce à l'irruption
des nouvelles technologies. Celles-ci deviendraient alors des atouts
plutôt que des obstacles. Mais pour se faire, il est nécessaire
de changer une part de la psychologie des acteurs politiques face
à celles-ci.
Nous accomplirions ainsi une quadrature du cercle qui paraissait
jusque là incertaine.
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