Audiovisuel : Royal veut le retrait du projet
L'élue PS s'oppose à la suppression de la publicité sur les chaines et radios publiques, alors que "les caisses de l'Etat sont vides". Mercredi, les salariés du secteur se sont largement mobilisés.
Ségolène Royal a présenté mercredi 13 février le "retrait" du projet de suppression de la publicité dans l'audiovisuel public comme la "meilleure solution" pour le gouvernement. "Il ne faut pas faire de réforme (de l'audiovisuel public, ndlr) aujourd'hui, dans le contexte actuel, où les caisses de l'Etat sont vides, où le pouvoir d'achat des Français baisse", a déclaré Ségolène Royal à la chaîne privée Canal+.
"Donc, a-telle ajouté, on ne va ni augmenter la redevance, ni donner une dotation budgétaire, puisqu'il n'y a pas d'argent". |
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Chaines de qualités
"C'est pas la peine d'aller toucher à un système qui au demeurant ne fonctionne pas mal", a-t-elle ajouté, estimant que "le service public est aujourd'hui de qualité et arrive à faire des co-productions françaises conformément à son cahier des charges". "C'est une mauvaise action politique que de le déstabiliser aujourd'hui, et la meilleure solution ce serait le retrait de cette réforme qui n'a pas de sens", a-t-elle dit. La présidente de la région Poitou-Charentes a estimé que la grève de mercredi était "surtout une revendication de dignité". "Le service public, selon elle, s'est senti humilié par la façon dont le président de la République a annoncé de façon totalement unilatérale" la suppression de la publicité.
Mouvement de grève
Les salariés de l'audiovisuel public ont observé une grève d'une journée mercredi pour protester contre la suppression de la publicité sur les antennes publiques, un mouvement social inédit en plus de 30 ans. L'appel à l'arrêt de travail lancé par une intersyndicale concernait France Télévisions, Radio France, RFI et TV5. Cette grève, sans précédent depuis l'éclatement en 1974 de l'ORTF (Office de radiodiffusion télévision française), a été bien suivie, selon les directions des chaînes. Dans l'ensemble, les programmes ont été très perturbés. Le journal télévisé de France 2 de la mi-journée n'a pas été diffusé. Sur France 3, le journal a été remplacé par des reportages des stations régionales.
Parler à Sarkozy
Près de 3.000 salariés, selon les organisateurs, ont manifesté dans l'après-midi à Paris entre le pont de l'Alma et le rond point des Champs-Elysées pour exprimer leur inquiétude. Les syndicats ont décidé en fin de journée de demander à être reçus par le président Nicolas Sarkozy, a précisé Jean-François Téaldi, l'un des porte-parole de l'intersyndicale. Les organisations demandent la "pérennité du service public audiovisuel, de son financement, de son périmètre et le respect du pluralisme" après l'annonce surprise le 8 janvier, par Nicolas Sarkozy, de la fin de la publicité dans ce secteur. "Lancer une telle bombe sans étude préalable et sans solutions de compensation crédibles, c'est extrêmement grave", a déclaré Marc Chauvelot, autre porte-parole.
Mission du service public
Les syndicalistes avaient été reçus mardi à l'Elysée au cabinet du président de la République, qui leur a assuré que le financement de cette réforme serait assuré et le périmètre de l'audiovisuel public préservé. Pour Laurent Wauquiez, porte-parole du gouvernement, qui s'exprimait lors du compte rendu du conseil des ministres, "il est hors de question de fragiliser le service public de l'audiovisuel. Le but au contraire c'est de renforcer et de lui permettre de se concentrer sur le sens de sa mission". Le Premier ministre, François Fillon, a assuré pour sa part que le dialogue entamé à l'Elysée "se poursuivra dans les prochaines semaines."
"Ressources à trouver"
L'intersyndicale de France télévisions estime néanmoins que la plus grande incertitude demeure "sur le modèle économique et les ressources à trouver." "La principale annonce est qu'il n'est pas dans les intentions du président de la République d'augmenter la redevance. Or, sans une augmentation progressive de la redevance, il n'y aura pas de financement pérenne", écrit-elle dans un communiqué.
Les 11.000 salariés de France Télévisions se demandent en effet comment sera compensée la disparition de 800 millions d'euros de recettes publicitaires. La taxation des recettes supplémentaires des chaînes privées et des opérateurs des nouveaux moyens de communication, notamment l'internet, a été évoquée par la presse.
Crainte d'une privatisation
Les syndicats craignent en outre un changement de périmètre de France Télévisions, c'est-à-dire la privatisation d'une ou plusieurs chaînes. La ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, a tenu à rassurer les salariés de l'audiovisuel public.
"Il ne faut pas qu'ils soient inquiets, on a la volonté de faire ensemble des télévisions publiques de qualité", a-t-elle dit mercredi sur LCI.
Le financement, après la disparition de la publicité, sera assuré, a-t-elle ajouté, "tout sera compensé euro par euro, la télévision publique ne sera pas appauvrie". Interrogée à la sortie du conseil des ministres, la ministre a répondu à ceux ayant dénoncé la "brutalité" de l'annonce de la réforme et le manque de concertation.
L'UMP organise des auditions
"Quand on veut changer complètement le cadre et faire une réforme très lourde, (...) c'est peut-être une bonne façon (de faire) plutôt que des réunions préparatoires qui auraient probablement multiplié les obstacles", a dit Christine Albanel. La mission sur la réforme de l'audiovisuel public mise en place au sein du groupe UMP de l'Assemblée va engager jeudi une série d'auditions à huis-clos avec les acteurs concernés. Le groupe majoritaire du Palais-Bourbon, dans un communiqué publié mercredi, annonce que la mission confiée à trois de ses députés -Christian Kert, Patrice Martin-Lalande et Franck Riester- auditionnera les 14, 15, 19 et 20 février "les acteurs concernés par le projet de réforme du secteur souhaité par le président de la République". "L'objectif des auditions est de recueillir les points de vue des parties intéressées à partir desquels les trois députés UMP élaboreront une synthèse puis suggéreront des propositions au printemps prochain", souligne le communiqué.
Février 2008
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