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 TNT : à vos marques, prêts ?
 
 
   
 Le point sur les nouvelles chaînes 
              gratuites et sur les fréquences en suspens de la télévision 
              numérique terrestre.
 
 Par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
 
 Quarante-trois jours. Dans quarante-trois jours, plus d'un tiers 
              de la population française assistera, extatique, à 
              l'avènement - roulez tambours, résonnez trompettes 
              - des quatorze chaînes gratuites de la TNT ! Le jeudi 31 mars, 
              après des années d'avanies, la télévision 
              numérique terrestre débarquera sur les petits écrans 
              de plusieurs grandes villes françaises, dont Paris (1), avant 
              de toucher 80 à 85 % de la population en 2007. Une question, 
              juste comme ça en passant: les chaînes sont-elles prêtes? 
              Deuxième question, oh, trois fois rien : la TNT, ça 
              va marcher ?
 
 Quatorze chaînes gratuites...
 
 Le gros avantage de la TNT c'est de permettre aux 75 % de Français 
              qui ne reçoivent que les six grandes chaînes (au maximum) 
              d'en avoir sept de plus, en attendant septembre et les payantes. 
              Mazette, vont s'exclamer nos mirettes. Sauf que seules quatre chaînes 
              sont inédites. Certes, France 5 et Arte divorcent pour émettre 
              chacune de leur côté, comme c'est déjà 
              le cas sur le câble et le satellite. Les autres - M6 Music 
              (rebaptisée W9), la Chaîne parlementaire et TMC - sont 
              déjà connues sur le PAF de complément : robinet 
              à clips, robinet à députés et sénateurs 
              et robinet monégasque (désormais détenu par 
              TF1 et AB). Du côté des quatre chaînes vraiment 
              nouvelles, on s'active. Conçue par France Télévisions, 
              France 4 - ancienne Festival - est quasi prête : au menu de 
              cette chaîne pour jeunes adultes, du cinéma, de la 
              musique (avec Taratata en tête de pont), du sport, des séries 
              et du théâtre. NT1 (groupe AB) prépare une grille 
              à mi-chemin entre celle de TF1 et de M6 : des séries, 
              du cinéma, un peu d'info, du divertissement et de la télé-réalité. 
              NRJ 12, comme sa maison mère, sera musicale et destinée 
              aux jeunes, mais elle diffusera également des talk-shows. 
              La grande inconnue de la TNT gratuite, c'est Direct 8, la chaîne 
              financée par Vincent Bolloré et conçue par 
              Philippe Labro. Du direct, oui mais après? On sait juste 
              qu'Endemol ( Star Academy, etc.) a signé un contrat (non-exclusif) 
              avec la chaîne.
 
 ... et plus si affinités
 
 Après l'annulation de six chaînes des groupes Canal 
              + et Lagardère, le CSA a lancé un nouvel appel d'offres, 
              pour des télés gratuites ou payantes. De plus, Match 
              TV d'un côté et Comédie ! et Cuisine TV (qui 
              partageaient un canal) de l'autre ont remis leur fréquence 
              au pot. Le CSA vient de l'annoncer : la date limite de dépôt 
              des candidatures est fixée au 11 mars pour un démarrage 
              en septembre. Et ça se bouscule déjà au portillon. 
              Canal + a un beau coup à jouer en proposant gratuitement 
              i-télé puisque sa rivale LCI sera payante. Le groupe 
              risque aussi de poser la candidature d'une ou plusieurs de ses nouvelles 
              déclinaisons thématiques (Canal + Cinéma, Canal 
              + Sport...). Après l'info, les mômes : Lagardère 
              drague France Télévisions pour créer une chaîne 
              jeunesse gratuite. Une perspective qui intéresse également 
              Jean-Luc Azoulay, ancien producteur d' Hélène et les 
              garçons. Et puis il y a BFM TV, qui veut causer éco 
              gratos, et KTO, la chaîne catho qui veut prêcher la 
              bonne parole sans faire payer ses ouailles. Sans compter ceux qui 
              préfèrent se faire discrets pour ne pas dévoiler 
              leur stratégie. Au final, le CSA estime que 25 à 30 
              chaînes pourraient briguer les huit places.
 
 Ça risque de décoder...
 
 Le CSA nous a vendu la TNT comme une technologie toute simple : 
              on ne touche pas à la vieille antenne râteau plantée 
              sur le toit et on achète juste un décodeur à 
              moins de 100 euros. Pas si simple. Déjà, il ne faut 
              plus dire «décodeur», ça effraie les foules 
              qui n'ont pas envie de rajouter une énième boîte 
              sur le téléviseur, mais «adaptateur». 
              Dans les faits, l'animal ressemble furieusement à un... décodeur 
              : un parallélépipède de 30 x 20 centimètres, 
              haut de 6 centimètres, accompagné d'une télécommande. 
              Prix, trouvé sur l'Internet, de l'«adaptateur» 
              basique : 79 euros. Les prix varient ensuite selon les gadgets en 
              option : décodeur équipé d'un disque dur pour 
              enregistrer des programmes, prise pour appareil photo numérique, 
              voire décodeur directement intégré dans le 
              téléviseur. Pour l'instant, on ne trouve ces «adaptateurs» 
              que sur l'Internet ou dans certains magasins spécialisés. 
              Mais lors d'une récente réunion au ministère 
              de la Culture, certains supermarchés ont juré leurs 
              grands dieux que, fin février, ils allaient inonder leurs 
              têtes de gondole de décodeurs, pardon, d'adaptateurs.
 
 ... et de nous poser un râteau
 
 Peu importe l'état de l'antenne râteau, le CSA l'a 
              promis, la TNT marchera du feu de dieu : on branche l'adaptateur 
              entre la prise antenne et le téléviseur et bienvenue 
              l'image qualité DVD et le son qualité CD. Enfin presque. 
              Selon le CSA, des interventions seront nécessaires sur les 
              antennes de 50 % des immeubles collectifs. Même problème 
              dans les zones frontalières, où les téléspectateurs 
              ont plusieurs antennes orientées vers différents émetteurs. 
              Et puis, autant ne pas se cacher les yeux, ceux dont les antennes 
              datent de l'ORTF devront en changer. Autre cas, dans beaucoup d'immeubles 
              collectifs qui reçoivent la télé par câble, 
              l'antenne râteau a souvent été carrément 
              arrachée. Bagarres sans fin avec le syndic en prévision...
 
 (1) Ainsi que la région parisienne, Bordeaux, Brest, Lille, 
              Lyon, Marseille, Niort, Rennes, Rouen, Toulouse et Vannes.
 
 Février 2005
 
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