Les enjeux de la décennie Par Gilles Marchand
Nous
entrons actuellement dans une phase de refonte qui, s'il elle provoque
beaucoup de tiraillements, est en train d'établir sur les bases de la
société-monde à venir, un renouveau d'une ampleur sans précédent.
Si
la nouvelle ère qui s'affirme chaque jour un peu plus aujourd'hui est
un signe de vigueur et de bonne santé économique à venir, elle
demandera de l'énergie et un volontarisme effectif, capable d'allier
rigueur et souplesse, une conception systémique des problématiques
permettant d'agir véritablement sur les réels leviers internationaux,
notamment en ce qui concerne le système nerveux planétaire, à savoir
ses réseaux d'information, via internet et les médias — partiellement
expxlicatifs des printemps arabes — là où la part de l'inertie
collective de la mécanique globale réduit la part du particulier et
peut donc fondre l'individu dans des mouvements géants qui échappent à
sa maîtrise et menacent le cours de son existence quotidienne. Les
individus n'ont pas à être pris dans des logiques internationales qui
les dépassent alors qu'ils doivent établir une plus grande maîtrise
individuelle de leur destin. Une meilleure défense des libertés
individuelles sur le fondement d'une affirmation plus grande du
principe d'égalité juridique de tous. La société monde souffre de ses
trop grandes disparités sociales.
Un droit nouveau doit émerger qui soit plus protecteur de l'individu et
des différentes échelles du collectif. Il faut faire refluer les
mauvaises raisons qu'ont les états d'agir de manière musclée, alors
qu'ils cherchent prioritairement à assumer positivement le service
qu'ils doivent à leurs populations. Pour cela doivent s'établir de
nouveaux équilibres, de nouvelles stabilités et une conscience plus
poussée des conditions de vie au niveau local. En d'autres termes doit
s'établir une plus grande générosité, des qualités morales plus
conformes aux nécessités d'une action publique arc-boutée sur la
défense de l'intérêt général et particulier de chaque citoyen
véritable. En d'autres termes il est nécessaire d'inventer un nouveau
type de contrat social qui place les préoccupations humaines au centre
du dispositif général afin d'adapter des évolutions technologiques qui
seraient effarantes si nous ne les avions pas vécues pour un homme du
début du siècle précédent. C'est un projet de renforcement des
coopérations internationales des différentes régions du mondes qui
s'esquisse actuellement qui amènera à la nécessaire transformation des
comportements et conceptions qui nous guident actuellement.
Il y a une prospérité générale, qui ira d'ailleurs en s'accentuant si
les besoins d'un plus grand nombre d'habitants étaient satisfaits dans
un respect strict, et contiguë, des nécessités écologiques, c'est à
dire en changeant de régime énergétique, ce que nous sommes en train de
négocier. De gigantesques richesses économiques découleront de la
révolution verte. Cette dotation individuelle des richesses suffira
amplement à progressivement mettre un terme à la malnutrition, ce fait
étant confirmé par les géographes et les sociologues. Luttant contre la
faim, les pays qui prôneraient de telles politiques amélioreraient
aussi l'éducation et le niveau de développement de leur populations,
augmenteraient donc leur niveau de richesse. Mais celle-ci n'aura pas
lieu de manière aussi profonde si nous n'échappons pas à cette culture
de la gratuité suicidaire et tous azimuts qui est en train de
destructurer des filières entières, de remettre en cause l'équilibre de
professions qui ont besoin des retours y compris économiques, de leur
activité. Il en va de la prospérité à venir y compris des soit disant
pirates actuels quand ils voudront exercer un métier particulier au
sein de la société numérique.
Nous constatons que les enjeux planétaires nous rendent plus
interdépendants les uns des autres, notamment les nouvelles réalités
climatiques, mais pas uniquement, ce qui est en fait un bon présage
puisqu'il va modifier la perception que nous avons des autres et
pousser en nous les valeurs humaines profondes qui nous définissent. Il
faut reconnaître que nous sommes pour l'instant dans une phase de
refondaison qui produit peu à peu les nouveaux codes et procédures
destinés à affronter les enjeux qui se dessinent. Le genre humain a
toujours progressé dans les périodes charnières en modifiant des
habitus anciens et en recréant des réponses adaptées. C'est précisément
à un de ces sauts conceptuels que nous sommes conviés. Nous allons
devoir avoir à juguler l'empreinte des prélèvements que nous faisons,
consommer autrement, travailler autrement, nous distraire autrement.
Nous allons devoir instiller de l'économie dans l'immatériel, lui
donner de la valeur pour faire vivre les hommes de leur activité
symbolique, alors que le travail se déplace vers une dématérialisation
progressive de certains supports et biens économiques et une activité
toujours plus abstraite qui va être un des pendants de notre décor
quotidien. C'est pourquoi l'invention du Web 3D va favoriser
l'expansion de nos champs d'activité symbolique et économique, et créer
un espace nouveau qui nous permettra de nous diriger vers ce nouvel
horizon qui sera multifacetté, multidimensionnel, multifonctionnel qui
fera de la place, parallèlement à une conquête progressive de l'espace,
à une meilleure capacité d'adaptation dynamique. Nous serons en mesure
de nous déplacer dans le temps virtuel, pour créer des écosystèmes et
étudier leurs évolutions, ce qui permettra d'affiner nos prédictions.
D'une manière générale, nous allons vers une amélioration du degré de
sophistication de la société monde, quand bien même il nous faudra
continuer à appuyer cette prospérité sur des réalités concrètes. Le
virtuel ne doit pas être concurrent du réel, mais en être une
dimension, afin de doter la réalité d'une architecture symbolique
parallèle communiquant en des milliards d'interfaces, et permettant de
multiplier les échanges intelligents entre des mondes à priori opposés
qui, en réalité, ne sont pas concurrents et se compléteront
harmonieusement.
Mars 2012
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