"Objets connectés: y aura-t-il un champion français?"
Par Anne-Sophie Bordry, présidente du Think Tank Objets connectés et intelligents France.
Les
objets connectés et intelligents sont l'industrie de demain, défend
Anne-Sophie Bordry, présidente du think tank Objets connectés et
intelligents France. Mais, comment les Français peuvent-ils tirer leur
épingle du jeu mondial ?
Des
bracelets connectés à internet pour mesurer notre activité sportive,
des montres et lunettes où l'on peut lire ses mails: la technologie
prêt-à-porter, et ses promesses de nouveaux revenus, est la grande star
du Congrès mondial du mobile à Barcelone.
L'Internet
est le secteur qui promet les plus importants gains de compétitivité.
Il représente le secteur le plus dynamique de l'économie mondiale dont
les incidences sont multiples à tous les niveaux de nos sociétés
développées. A l'aune de cette révolution industrielle des objets
connectés, peut-on prédire à la France un champion dans ce secteur?
Après le tournant des réseaux sociaux qui a bouleversé les usages et
l'économie de l'Internet, ce sont les objets connectés et les robots
qui vont naturellement transfigurer l'économie, tous les secteurs sont
concernés, de l'automobile jusqu'à la brosse à dent !
Selon
la dernière étude de CISCO, les objets connectés représenteront d'ici
2020 un marché de 14 000 milliards de dollars. 99% des objets physiques
seront connectés et de nouveaux seront inventés. L'effet accélérateur
de cette économie est que tous les objets qui sont déjà électroniques
sont simples à connecter. La connectivité permanente est aussi le
second effet de levier pour une croissance forte de ce secteur
industriel.
Une chance pour l'industrie française
Les
objets connectés sont une chance pour l'avenir de l'industrie française
et la transition vers le tout numérique. La France dispose de tous les
talents pour réussir à faire émerger des leaders dans ce secteur. Les
filières d'ingénieurs, les designers et les électroniciens sont les
profils qui vont porter la croissance et le progrès technologique. Nous
devons relever les défis technologiques et les défis imposés par la
concurrence internationale. L'innovation et l'investissement en capital
sont essentiels pour le développement à l'échelle de l'économie
mondiale de nos entreprises françaises. Le constat que nous faisons
aujourd'hui est la domination d'acteurs extracommunautaires dont les
moyens dépassent de loin les capacités de financement de nos acteurs
français.
Les
technologies leaders qui s'imposeront comme standards ne sont pas
encore bien établies et les besoins en investissement sont relativement
lourds, c'est pourquoi, dans ce marché émergent, nous devons tenter de
créer des standards. L'environnement actuel est encore très hétérogène
et la verticalité des technologies prévalent sur l'ouverture et
l'échange entre systèmes. En France, les petites et moyennes
entreprises du numérique, peinent à passer au stade de
l'industrialisation.
La BPI et le premier fonds d'investissement dans les robots Robolution capital
Au
Royaume-Uni, David Cameron vient de doter un fond de plus de 40
millions de livres pour soutenir les startups de ce secteur. En
Allemagne, il existe des initiatives, comme Industry 4.0. Aux
Etats-Unis, c'est celle du Smart Manufacturing. Ce sont des engagements
significatifs pour permettre aux industries de se moderniser dans les
domaines des objets connectés ou du big data, en achetant ces
technologies, afin d'aider les différents acteurs du marché à définir
certains standards.
Quelles
seraient les initiatives que la France pourrait lancer pour libérer la
croissance, au delà des questions de respect de la vie privée traitées
au niveau européen ou du big data piloté par Etalab qui permet de
mettre à la disposition de tous des données publiques brutes? La BPI et
le premier fonds d'investissement dans les robots Robolution capital
sont les premières.
C'est
la confiance dans l'innovation que nous souhaitons valoriser pour
l'émergence d'un champion français leader mondiale dans ce secteur.
4 Mai 2014
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