Sommet humanitaire à Istanbul:
concilier aide et efficacité
Par
RFI
Ce lundi matin s'ouvre à Istanbul le
premier sommet humanitaire mondial organisé sous l'égide des Nations
unies. Quelque 6000 participants sont attendus et 135 pays sont
représentés. Le sommet durera deux jours avec pour objectif de
mobiliser les Etats et réorganiser le fonctionnement de l'humanitaire
pour plus d'efficacité mais certains acteurs ont manifesté leur
scepticisme, comme MSF-France, qui a refusé de participer à
l'évènement, estimant que ce sommet a de grandes chances de n'aboutir
qu'à des déclarations de bonnes intentions. Ban Ki Moon promet lui des
actions et des engagements concrets, notamment pour aider les pays à
mieux se préparer à affronter les crises. Parmi les sujets au programme
de ce lundi matin : aide d'urgence et développement.
Pour répondre à la pire crise
humanitaire depuis la Deuxième guerre mondiale, la communauté
internationale a l’obligation d’être plus efficace. C’est un leitmotiv
à Istanbul et l’une des pistes deréflexion est de réorganiser les liens
entre intervention d’urgence, prévention et développement, explique
notre envoyée spéciale, Juliette Gheerbrant.
Les
doutes de certaines ONG
Des objectifs très ambitieux face auxquels parfois les ONG témoignent
de leur scepticisme. Médecins Sans frontières par exemple a choisi
de ne pas participer à un sommet qui risque, selon l’ONG, de donner
lieu à un simulacre de bonnes intentions. Mais beaucoup d’autres ONG et
associations sont là. La plupart des grandes, mais aussi de petites
initiatives venues par exemple du Rwanda ou des îles Marshall, et qui
veulent saisir l’occasion de se faire entendre.
L’Agence française de
développement participe d’ailleurs au sommet auquel la France est
représentée par sa ministre de l'Environnement Ségolène Royal et son
secrétaire d'Etat au Développement, André Vallini. Olivier Rey est en
charge de la prévention des crises et des sorties de conflit à l'AFD.
« Une des grandes conclusions de ces dernières années est qu’il
faut donner les moyens aux populations les plus vulnérables, notamment
les réfugiés et les déplacés de prendre en charge leur destin en leur
fournissant pas seulement de l’aide d’urgence mais aussi des
perspectives économiques d’intégration dans les sociétés où elles
vivent aujourd’hui ».
Un débat pas franchement nouveau. Souvenons-nous d’Haïti pour ne citer
qu’un exemple mais pour Olivier Rey, l’occasion de changer les choses
est fournie. « Cela doit de faire en combinant les savoir-faire et
les valeurs ajoutées des deux communautés professionnelles et donc il
faut qu’elles se parlent. Le sommet est l’occasion que les développeurs
et les humanitaires puissent parler de leurs réponses à ces crises ».
Passer de la fourniture de l’aide à l’élimination des besoins : c’est
l’un des cinq piliers du programme de Ban Ki-moon à ce sommet. En
attendant 125 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire sur
la planète et parmi elles notamment, les réfugiés.
L'Ouganda
entend jouer un rôle pilote en Afrique
L'Ouganda sera particulièrement représenté au sommet car l'un des plus
importants pays d'accueil de réfugiés et un modèle en terme
d'organisation et d'intégration. En 2015, le UNHCR relève l'accueil de
près de 700 000 personnes en Ouganda. Parmi ces derniers, des
Soudanais, des Somaliens ou encore des Burundais... Mais surtout des
Congolais. Ils sont environ 200 000 en provenance de la RDC et la phase
de violences en cours dans la région de Béni a conduit à une nouvelle
vague de déplacés. Depuis le début de l'année ce sont plus 14 000
Congolais qui ont traversé la frontière. « Les réfugiés rapportent
qu'ils ont eu des difficultés à traverser la frontière, explique à
notre correspondante à Kampala, Charlotte Cosset, Charlie Yaxley,
le responsable communication du haut-commissariat aux réfugiés (UNHCR).
Et il y a aussi un certain nombre de cas dont nous ont parlé les
réfugiés, de personnes qui n'ont pas les papiers nécessaires et ne sont
pas autorisés à traverser la frontière. Nous demandons à l'Ouganda de
maintenir ses frontières ouvertes en faveur des réfugiés congolais, et
le statut de réfugié sur une base automatique. »
Si le HCR souligne ses récentes difficultés à lever des fonds, Tarsis
Kabwegyere, ministre en charge des Affaires générales et spécialiste de
la question des réfugiés, se veut rassurant. « Le monde entier va se
réunir en Turquie pour le sommet humanitaire. Nous avons déjà appris à
quel point l'Ouganda sera visible dans ce sommet. L'Ouganda joue
vraiment le rôle de leader en matière humanitaire. Nous avons des zones
d'hébergements, ils ont accès à la terre et à sa production, ainsi que
l'accès à l'école, et même aux universités, aux centres de santé. Les
réfugiés ont accès à la terre et ainsi de suite, mais ils ont aussi
accès à l'humanité. »
L'Ouganda est d'ailleurs à l'origine du premier instrument africain
juridiquement contraignant pour la protection des déplacés. Ce texte,
appelé Convention de Kampala, a été signé (en 2015) par 40 des 54 Etats
de l’Union africaine.
Les
réfugiés de Boko Haram
En Afrique toujours, l'une des grandes crises humanitaire du moment est
celle qui se déroule dans la région du lac Tchad en raison de la
présence des insurgés de Boko Haram. Le Niger, par exemple, compte
actuellement 127 000 déplacés.
23
Mai 2016
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