Tollé international après le décret anti-réfugiés de Donald Trump
Par LES ECHOS Le 28/01 à 18:49Mis à jour à 21:37

Au lendemain de la signature d'un décret interdisant l'entrée aux Etats-Unis pour les ressortissants de sept pays à majorité musulmane, la communauté internationale a fait part de son indignation.

Les réactions ne se sont pas faites attendre. Au lendemain de la signature d'un décret suspendant l'entrée aux Etats-Unis des réfugiés et des ressortissants de sept pays majoritairement musulmans, la communauté internationale n'a pas dissimulé son indignation. A commencer par François Hollande qui a exhorté l'Europe à "engager avec fermeté" le dialogue avec le président américain. Le chef de l'Etat français a d'ailleurs fait cette déclaration quelques heures avant son premier entretien téléphonique avec son homologue américain.

Ce samedi soir, à l'occasion d'un appel prévu entre les deux présidents, Hollande en a profité pour rappeler à Trump que "le repli sur soi est une réponse sans issue", a rapporté l'Elysée. Il a par ailleurs invité le président américain au "respect" du principe de "l'accueil des réfugiés".



L'Allemagne et la France sur la même ligne

Plus tôt dans la journée, les chefs de la diplomatie française et allemande ont aussi exprimé leur inquiétude. "Nous avons des engagements internationaux que nous avons signés. L'accueil des réfugiés qui fuient la guerre, qui fuient l'oppression, ça fait partie de nos devoirs", a martelé Jean-Marc Ayrault.

"L'amour du prochain est une valeur chrétienne et cela implique de venir en aide aux autres. Je crois que c'est ce qui unit les pays occidentaux", a renchérit Sigmar Gabriel, nommé ministre allemand des Affaires étrangères vendredi.



Réactions des principaux concernés

Concerné par le décret, l'Iran a vivement réagi ce samedi. La République islamique "prendra les mesures consulaires, juridiques et politiques appropriées", a expliqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, parlant d'"un affront fait ouvertement au monde musulman et à la nation iranienne".

L'exécutif iranien a aussi déclaré que "tout en respectant le peuple américain et pour défendre les droits de ses citoyens", il a décidé "d'appliquer la réciprocité après la décision insultante des Etats-Unis concernant les ressortissants iraniens et tant que cette mesure n'aura pas été levée."



Pour l'instant, les autres pays visés par ce décret, à savoir l'Irak, la Libye, la Somalie, le Soudan, la Syrie et le Yémen, n'ont pas réagi publiquement. En revanche, le Premier ministre turc a affirmé que la crise des réfugiés ne serait pas résolue "en érigeant des murs". La Turquie est le premier pays à subir de plein fouet les conséquences de la guerre civile en Syrie et l'afflux de réfugiés.

Silence de Theresa May et indignation aux Etats-Unis

Le président américain a en revanche été applaudi par le président tchèque Milos Zeman qui s'est félicité de que le président américain "protège son pays" et se soucie "de la sécurité de ses citoyens. Exactement ce que les élites européennes ne font pas", a tweeté son porte-parole.



De même pour le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a écrit sur son compte twitter : "Président Trump a raison. J'ai fait construire un mur aux frontières sud d'Israël. Ca a empêché l'immigration illégale. Un vrai succès. Une grande idée."

Côté Grande-Bretagne, Theresa May a quant à elle refusé de condamner la décision de Donald Trump. "Les Etats-Unis sont responsables de la politique américaine sur les refugiés. Le Royaume-Uni est responsable de la politique britannique sur les réfugiés", a-t-elle répondu.

Sur le sol américain, le décret intitulé "Protéger la nation contre l'entrée de terroristes étrangers aux Etats-Unis" a déjà fait déjà l'objet d'une plainte déposée par plusieurs associations de défense des droits civiques américaines, dont la puissante ACLU, qui veulent le bloquer.



L'opposition démocrate aux Etats-Unis a de son côté dénoncé un décret "cruel" qui sape "nos valeurs fondamentales et nos traditions, menace notre sécurité nationale et démontre une méconnaissance totale de notre strict processus de vérification, le plus minutieux du monde" selon les mots du sénateur démocrate Ben Cardin, membre de la commission des Affaires étrangères du Sénat.

Ces mesures figuraient en bonne place dans le programme du candidat républicain, qui avait un temps envisagé d'interdire à tous les musulmans de se rendre aux Etats-Unis.

Hassan Rohani à Donald Trump : « il faut supprimer les murs entre les peuples »

Alors que les Etats-Unis venaient d’annoncer des mesures pour durcir l’accueil de réfugies, l’Iran a critiqué officiellement, samedi 28 janvier, la volonté de Donald Trump de construire un mur à la frontière américano-mexicaine. « Aujourd’hui, on n’est plus à une époque où on construit des murs entre les nations. [Les dirigeants américains] ont oublié qu’il y a quelques années le mur de Berlin s’est effondré, a déclaré le président iranien Hassan Rohani. « Il faut supprimer les murs entre les peuples. Le monde d’aujourd’hui n’est pas un monde où l’on renforce les écarts entre les nations. »



M. Rohani a ajouté que depuis l’accord nucléaire avec les grandes puissances conclu en juillet 2015, l’Iran avait lui « ouvert ses portes aux touristes étrangers ». L’Iran et les Etats-Unis n’ont plus de relations diplomatiques depuis plus de trente-sept ans, mais environ un million d’Iraniens vivent aux Etats-Unis, selon les estimations officielles iraniennes. Il s’agit de la plus forte communauté iranienne à l’étranger. De nombreux Iraniens se rendent également chaque année aux Etats-Unis pour voir leur famille.


29 Janvier 2017

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