L'Europe et sa politique d'immigration : Give Them enough
(Eu)Rope !
Par Gilles Marchand
Nous vivons une période décisive pour la définition de politiques
d'immigration européennes.
Les relations
migratoires entre l'Europe et le reste du monde, notamment l'Afrique,
subissent une refonte inquiétante.
Pas un jour sans que l'on ait des nouvelles de naufragés, de
boat-people cherchant à rejoindre notre prétendu paradis, en tout cas
une qualité de vie unique au monde, de décès par noyade, de jeunes
hommes escaladant des murs de fers barbelés acérés au risque de
littéralement y laisser leur peau. Entre laisser-aller et mesures
brutales et coercitives, absence de cadre-directeur, il est possible d'imaginer une politique d'immigration intelligente et
généreuse sans renforcer
la xénophobie et les extrèmes toujours aussi friantes de discours
d'exclusion à l'heure où l'on recommence à nous vendre un arsenal
sécuritaire pour cause d'élection présidentielle imminente...
Première constatation, la loi Sarkozy que viennent de voter le Sénat et
l'assemblée français est une absurdité juridique, un OVNI
médiatico-policier soit-disant destiné à instaurer ce qui est appelé
une immigration choisie et qui , en fait, vise notamment à se rallier
les voix FN. Partant d'une bonne idée aussitôt dévoyée et non assumée
sur le terrain quand elle vient se frotter à la réalité de familles
fragiles qui sont souvent parfaitement intégrées, elle oblige toutes
les personnes de conscience à se dresser contre elle en signant des
pétitions et en recueillant chez elles des enfants menacés d'être
déscolarisés, arrêtés en pleine classe par des gendarmes et envoyés
vers des pays qu'ils n'ont jamais vus. On ne peut s'empêcher de penser
aux bonnes heures de la Gestapo quand la police française venait
arrêter des enfants juifs sous-prétexte que leur permis existentiel
n'était plus valable.
Le Drame du 2 octobre 2013
Une alternative est nécessairement possible. Ferme pour éviter les
drames humains que nous enregistrons sur nos côtes. C'est celle
qu'ébauche l'Union européenne en multipliant les initiatives visant le
développement durable des économies africaines in-situ. Un contrôle est
nécessaire, mais il ne peut être rédhibitoire si les personnes qui le
tentent font montre des qualités requises pour venir s'installer en
Europe. Nous devons grâce à nos hauts niveaux sociaux pouvoir
accueillir des profils élevés, mais un proverbe africain dit qu'il ne
faut jamais oublier de donner à son adversaire une chance même réduite
de s'en sortir, car sinon il se bat avec l'énergie du désespoir et dans
ce cas, on ne répond plus de lui. L'Europe est un continent riche aux
prises avec la mondialisation, mais ce qui semble être un inconvenient
peut devenir un atout, si nous peuplons nos campagnes désertes de
jeunes ruraux dynamiques et faisant pour celà le nécessaire au niveau
de l'aménagement du territoire.
La France pourrait devenir un pays de 200 millions d'habitants à
l'horizon 2050-2100, et l'Europe, notamment l'allemagne qui se dépeuple
pourrait accueillir des européens de l'est, mouvement qui a d'ailleurs
déjà commencé. Il y a de fortes communautés roumaines en Ile de France
et leur intégration, mot dangereux, se passe très bien. Pourquoi ne pas
instituer un système de cartes vertes comme c'est le cas aux Etats Unis
et le compléter éventuellement pour une part résiduelle par une bourse
sous forme de loterie, qui permettrait de rompre la rigidité des
acquisitions de nationalité. Pourquoi ne pas faire du mérite
professionnel un critère d'acceptation, mais non exclusif ? L'enjeu
consiste à créer un ensemble prospère et stable à long terme, mais de
grâce pas cette foire d'empoigne caractérisée par la brutalité et
l'injustice absolue, notion qui quand elles sont identifiées minent
l'autorité de l'Etat. Les conséquences financières et budgétaires
seraient meilleures et nous aurions des raisons de nous satisfaire de
l'ébauche décisive d'une solution.
Il y a fort à parier qu'alors, nous verrons ces transferts de
population avoir lieu régulièrement dans un sens et dans l'autre en
vertu des principes de terre d'accueil que la France a toujours
défendus. Les problémes seraient alors ceux de l'accueil. Nous
reviendrions à la vérité des principes fondateurs de la république, en
particulier, ceux des droits de l'homme. Je ne reconnais pas
actuellement le pays dans lequel j'ai grandi. Comment se fait-il qu'une
idéologie fascisante puisse y avoir un tel retentissement ? Un fort
maillage existe au niveau du territoire, nombreux sont les intervenants
qui peuvent permettre de passer en douceur, le plus humainement
possible, d'une situation à l'autre. Nous pourrions alors ne plus avoir
honte des principes de Liberté Egalité Fraternité qui ternissent les
frontons de certaines prisons et centres de rétention. Nous les
retrouverions aux murs des mairies pour des mariages
inter-communautaires... Le temps est bel et bien venu d'un grand
partenariat multilatéral inter-régional Europe / Afrique...
Juin 2006 / Octobre 2013
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